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NEW WAVE / AOR / ELECTRO  |  B.O FILM/SERIE

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Giorgio MORODER - Metropolis (1984)
Par PSYCHODIVER le 10 Juin 2022          Consultée 1292 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

C'est l'histoire d'une pierre angulaire des plus précieuses, tellement mise à mal par les tourments de l'histoire humaine qu'il a fallu attendre 57 ans après sa sortie pour la voir revenir d'entre les morts, à travers une restauration controversée et à l'occasion d'un hommage rendu à l'un des plus grands penseurs de l'histoire moderne par l'un des chefs de file de la musique électronique. Ou comment en 1984, la mémoire de George Orwell fut célébrée par Giorgio MORODER via le sauvetage aussi inespéré qu'abracadabrantesque du légendaire Metropolis de Fritz Lang.

Une cité futuriste sous le joug d'une hyper classe tyrannique annonciatrice de moult dystopies tentaculaires à venir, une romance interdite (Freder et Maria restent dans toutes les mémoires), un savant fou tendance cyber luciférien (Rotwang interprété par le non moins inquiétant Rudolf Klein-Rogge qui avait déjà incarné l'effroyable Docteur Mabuse), une androïde chargée de répandre la discorde, une charge sociale teintée de christianisme (Moloch/Le Veau D'Or qui dévore les classes inférieures, la symbolique de la madone) qui ébranla jusqu'à un certain Joseph Goebbels qui aurait fort apprécié que Lang devienne le cinéaste attitré du IIIème Reich : Metropolis est un film visionnaire mais victime d'une aura d'œuvre maudite et de gouffre financier vertigineux, tant il fut assassiné puis démembré avec une véhémence glaçante lors de sa sortie en pleine République calamiteuse de Weimar. Il faut se souvenir d'à quel point H.G Wells, pourtant icône de la science-fiction, fut cruel envers le classique de Lang, qu'il assimilait à un ramassis de poncifs et de sottises sur pellicule.

En 1984, Giorgio MORODER est un seigneur. From Here To Eternity, le parrainage de Donna Summer, Midnight Express, Flashdance, Scarface. Tout ce que l'Italien approche pulvérise les charts mondiaux. Disco, pop, rock, electro. Ce formidable touche-à-tout vit ses meilleures heures. L'année orwelienne sera à coup sûr SON année. Celle qui lui donnera l'opportunité de montrer tout ce dont il est capable. Du meilleur comme du pire. Le pire, à l'image de ces épouvantables niaiseries que sont The Neverending Story avec le risible Limalh (désolé pour les mômes fans de L'Histoire Sans Fin, je déteste qu'on s'en prenne à l'enfance, mais à leur âge : je regardais Dune et Predator) et Together In Electric Dreams en collaboration avec Phil Oakey. Le meilleur, vous l'aurez compris, c'est la B.O de sa version de Metropolis. Remontée à partir des bandes que MORODER et son équipe (les indispensables Keith Forsey et Peter Bellotte) ont pu sauver et avec comme interprètes des chansons : un casting cinq étoiles (à l'époque où la profusion de vedettes au sein d'un projet n'était pas encore devenue synonyme de saloperie gavée de thunes mais dont l'apport intellectuel et esthétique est inexistant). Présentée au festival de Cannes, cette version colorisée/teintée à la manière du Nosferatu de Murnau et enrichie d'une bande-son en phase avec sa génération, divise les esthètes et les cinéphiles. Nombreux sont ceux qui hurlent au scandale face au prétendu assassinat d'un mythe du septième art. Mettant en avant la durée du film tronquée de presque la moitié (MORODER ne put reconstituer que 80 minutes sur les 153 de Lang), la suppression du noir et blanc pur d'origine et bien sûr les thèmes musicaux qui remplacent la partition initiale de Gottfried Huppertz. Ils auraient sans doute préféré qu'on leur repasse la bande-son indus-noisy-drone avant l'heure que la BBC avait produite en 1975, unanimement reconnue comme une horreur indéfendable (pour ma part, si elle n'est pas dénuée d'intérêt, elle n'en reste pas moins génératrice de violentes migraines si écoutée trop longtemps). Mais les faits sont là. Le Metropolis de Giorgio MORODER a su préserver l'âme, les ambitions et les thématiques du montage original qu'il canalise dans un format surprenant mais digne de figurer parmi les plus belles réussites esthétiques des années 80 au cinéma. Tout à fait. J'ai une immense sympathie pour ce Metropolis-là (et apprécier les deux versions est tout à fait concevable, elles sont à l'image d'un seul et unique monument).

Il y a à boire et à manger dans ce pot-pourri délicieusement 80's qui, non content de ne pas avoir pris de rides trop handicapantes, se plaît à mélanger les genres les plus populaires du moment. C'est ainsi qu'on se retrouve avec de l'AOR de qualité en compagnie des LOVERBOY et de Billy "The Stroke" Squier (respectivement sur les hymnes "Destruction", une vraie pépite dans sa catégorie et "On Your Own"). De l'electro dance dream romantique avec "Love Kills" où Freddie Mercury est égal à lui-même : impérial (pourquoi croyez-vous que le clip du "Radio Gaga" de QUEEN, sorti lui aussi en 1984, mette à l'honneur Metropolis ?). Un des grands moments de cette B.O à n'en point douter et une énième preuve que la machine a une âme tant la mélodie synthétique prend aux tripes jusqu'au cœur (on note ainsi une belle cohésion entre les lyrics et la musique). De la pop/new wave avec Bonnie TYLER (Erwin ne pourra pas résister), le gentleman pirate entomologiste Adam Ant et Pat Benatar créditée sur le fédérateur "Here's My Heart" que je préfère toujours dans sa version cinéma plus longue et dotée d'une très belle montée en puissance (là encore, Erwin ne devrait pas pouvoir résister), ce dont la version album, plus calibrée mais loin d'être mauvaise pour autant, est dépourvue. Monsieur YES, Jon Anderson, auréolé du succès de 90125 est crédité au martial et très électrique "Cage of Freedom" (rarement lu des textes aussi grandioses et aussi subversifs tant la réalité qu'ils dépeignent correspond à la nôtre sous toutes les coutures). Restent les instrumentaux, prodiges d'efficacité, dont l'ami Giorgio a le secret. "Machines", froid et dansant, porte la marque du compositeur du mythique "Chase". Ma préférence va néanmoins à "The Legend of Babel", petite merveille d'émotion pure, chaleureuse et onirique. La palme du morceau ultime revenant à "Blood From A Stone" de CYCLE IV (en réalité le vétéran du glam-rock US Frank Dimino, adepte des pseudonymes abscons). Planant, rock, une belle progression dans l'intensité émotionnelle, des vocaux à la manière de chœurs au service de paroles sondant l'âme humaine asservie avec une poésie poignante. Un morceau que ce grand écorché vif pessimiste et anti moderne que fut Robert Calvert aurait largement pu écrire tant la musique qu'il composait à l'époque et ses textes imprégnés de lutte sociale et de science-fiction froide proto cyberpunk correspondent au propos et à l'esprit du film (je me demande quel aurait été le résultat si Mad Bob s'était chargé de la B.O dans son intégralité ? Sans doute prodigieux).

Assurément la B.O la plus rock signée par Monsieur MORODER, la plus cohérente et réussie à mon sens également : "Metropolis" ne souffre d'aucun véritable défaut encombrant. Sans doute est-elle un peu trop prisonnière du film, sa magnificence n'explosant aux oreilles de l'auditeur que s'il l'associe au long métrage : ainsi passera-t-elle du statut de bonne compilation rétro mid 80's à celui de B.O d'anthologie. Rien de bien préoccupant donc. Metropolis by MORODER a sa place parmi les bandes originales incontournables des années 80, aux côtés de Dune, Escape From New York, Terminator et "To Live And Die In L.A" (B.O hors musique classique bien entendu) et il est fort possible qu'elle puisse devenir une de vos favorites tant nous baignons aujourd'hui dans une nostalgie 80's permanente (nostalgie savamment entretenue par toute la scène synthwave notamment).
Entre nous, elle pourrait peut-être permettre aux enfants comme aux jeunes adultes de découvrir un classique fondateur et de se rendre compte que la science-fiction ne se limite pas à Star Wars Disney, Les Gardiens De La Galaxie, Transformers ou Matrix. Oui. Quelques fois, il est bon de jeter un coup d'œil dans le passé.

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1. Love Kills (Freddie Mercury)
2. Here's My Heart (Pat Benatar)
3. Cage Of Freedom (Jon Anderson)
4. Blood From A Stone (Cycle Iv)
5. The Legend Of Babel (Giorgio Moroder)
6. Here She Comes (Bonnie Tyler)
7. Destruction (Loverboy)
8. On Your Own (Billy Squier)
9. What's Going On (Adam Ant)
10. Machines (Giorgio Moroder)



             



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