Dans la série « les hard rockers aiment le Japon », le One Night At Budokan du MSG est un épisode à ne pas manquer. Quel meilleur public en effet que celui du Budokan, célèbre salle de concert de Tokyo, pour accueillir le virtuose Michael Schenker ? Bien avant le Live at Budokan d'Ozzy Osbourne, le Live at Budokan de Dream Theatre ou le Live at The Budokan de Bryan Adams, le MSG alors formé de Gary Barden, Chris Glen, Cozy Powell et Paul Raymond (soit pour beaucoup son meilleur line-up) pose ses amplis dans la salle japonaise.

Ainsi, avant un nouveau chamboulement majeur, et avant que Schenker se donne de moins en moins de peine en concert (intégrant peu à peu plus de titres de UFO à son répertoire), One Night At Budokan marque l'apogée en live d'un groupe qui, avec deux albums seulement au compteur, propose un show de haute volée, devenu aujourd'hui une référence dans la carrière du Mad Axeman. Un bref extrait de la « Chevauchée des Walkyries » en guise d'introduction, et voici que le groupe au complet monte sur scène et assène un « Armead and Ready » destructeur autant qu'énergique. Michael Schenker, qui assure le plus souvent deux solos par morceau, est alors au sommet de sa virtuosité, éclaboussant de son talent le reste du groupe, qui pourtant n'en manque pas.

Car malgré sa jeunesse, le MSG possède l'assurance de vieux routards du hard rock. En imitant son frère Rudolf, leader des Scorpions, auteurs d'un formidable double-live capté au Japon en 1978, Michael Schenker offre un album en tous points imparable. Preuve de l'efficacité des morceaux proposés, plusieurs font toujours partie de la setlist du groupe en 2012, à l'image du lyrique « Cry for the nations », ou du plus sombre « Let sleeping dogs lie ». Le blond germain, omniprésent, aligne les phrasés nerveux de guitare comme autant de perles, use et abuse de mélodies énergiques ou délicates, propose un festival de solos éblouissants qui constituent la substance de l'album. Si ce n'était pour les légères approximations vocales de Gary Barden, on pourrait penser avoir affaire à un album studio, tant la section musicale est en place. L'inédit « Courvoisier Concerto », instrumental aux allures d'exutoire pour Michael Schenker, se fait l'avatar de cette assurance légitime qui habite alors le guitariste et son groupe. Le final, marqué par le heavy « Lost horizons », le classique de UFO « Doctor Doctor », introduit avec bonheur par les claviers de Paul Raymond, ou encore l'énergique « Are you Ready to rock », se fait l'illustration d'un groupe solidaire derrière la star qui lui donne son nom.

Historique, peut-être moins que le Tokyo Tapes de Scorpions ou le Strangers In The Night de UFO, One Night At Budokan se veut un live emblématique dans la carrière de Michael Schenker, et sans doute le plus représentatif de son talent en tant qu'artiste solo.