Bref, vous l'avez constaté comme moi, la carrière de notre Rod a sérieusement pris du plomb dans l'aile lors de ses dernières contributions à la grande histoire de la musique populaire. Que faire lorsque tout semble si complexe et que la mode nous échappe à tout jamais ? Tout le monde n'est pas David BOWIE. D'où vient cette idée superbe de reprendre des standards de la musique ricaine ? Son compatriote George MICHAEL a sorti il y a quelques années son Songs from the last century, suivi de près par le jeune Robbie WILLIAMS avec son Swing when you're winning. Des standards Jazzy repris par des interprètes de talent. Rien à perdre non ? Alors le roi des Mods se met sur son 31, se la pète plus que jamais comme s'il était l'auteur des ritournelles. Tout au moins sur la couverture du skeud.

Bon, néanmoins il faut aller chercher les billets verts là où ils sont ! Les ménagères de plus de cinquante printemps américaines sont certes capables de consommer n'importe quelle merde bien achalandée, mais Rod est un angliche, certes émigré, mais un rosbif tout de même !

Du coup, on n'y va pas avec le dos de la cuillère ! La maison de disques va aller puiser les grands classiques : GERSWHIN avec la fabuleuse "They can't take that away from me" immortalisée par le grand Fred ASTAIRE, ici dans une version honorable. Toujours du même interprète, "The way you look tonight" reste dans cette belle humeur toute de mainstream vêtue. La version du standard de Cole PORTER "Every time we say goodbye" a une certaine queule. D'un autre côté, difficile de se planter avec une telle composition ! La "Moonglow" popularisée par Benny GOODMAN n'est pas vilaine, mais n'arrive cependant pas à la cheville de l'originale.

La sublime "It had to be you" est un brin trop smooth pour l'organe rauque du Rod, mais reste agréable, "That old feeling" souffre de la même analyse. "The very thought of you" de Bing CROSBY manque de l'aura de l'idole yankee et la chanson manque singulièrement de relief. Un seul classique de Franck SINATRA avec la présence de "We'll be together again", mais pas de quoi se taper le derrière à suspension. Enfin, "For all we know" et "That"s all" remettent à la mode du jour l'immense Nat King COLE, mais à nouveau, ces versions ne peuvent rivaliser avec les classiques.

Bref... C'est pas la joie. Oh, bien sûr, l'effet provoqué par cette avalanche de classiques mis les uns derrière les autres peut donner l'illusion d'une certaine qualité si on ne prête pas trop attention à l'ensemble, mais prises individuellement, pas une seule de ces versions ne parvient à émuler leurs grandes soeurs, inamovibles standards de la musique populaire américaine. Mais tout est sympa et bien tourné, et le résultat, énorme, relance la carrière de notre Rod STEWART avec plusieurs millions d'albums écoulés, les ménagères ont mordu à l'hameçon !