Suite à un premier album bien reçu par les troupes, Rod revient au coeur du métier - trousser des groupies - en reprenant la tête des FACES sur leur premier album post SMALL FACES. Les temps laissent peu de place aux vacances, il faut battre le fer tant qu'il est chaud, alors il remet rapido le couvert dans sa carrière solo. Ce second album, à la pochette qui sent fort l'industrieuse et poussiéreuse Grande Bretagne prolétarienne - dont notre artiste a juré de se tirer - chère à Dickens, le voit reprendre la même formule que son prédécesseur, un mix de compos originales agrémenté des chansons qui ont fait de lui le Mod suprême, un rockeur pur et dur au final !

D'ailleurs, voyez plutôt, nous avons ici une reprise de l'icône Eddie COCHRAN : "Cut across shorty", dans des atours pour le moins surprenants, tellement même que je ne la reconnais qu'à grand peine. La voix de Rod, la gratte folky de Ron Wood, un rythme plus psychédélique - et ce violon en plein milieu ? - que réellement rock'n'roll. Mais au final, un bon moment. La tendresse de Rod STEWART pour les pionniers du rock n'est aujourd'hui plus à démontrer, et voilà un hommage réussi qui triple la durée originale de la chanson ! Mais notre artiste est aussi un fan de sa génération. "All over now", la chanson de Bobby Womack popularisée par les ROLLING STONES, est présente. A nouveau, la magie opére pas mal du tout, c'est enjoué et ça ne se prend pas au sérieux.

Un clin d'oeil à son ami/ennemi de toujours Elton JOHN avec la reprise de la sympathique "Country comforts". Et puis le Folk, sa véritable passion, le patron Bob DYLAN bien sûr, mais un choix étonnant avec la resucée de "Only a hobo"... personne n'imagine notre péroxydé évoquant un clodo dans la rue, narrant les vicissitudes de sa vie avec des trémolos dans la voix. Et pourtant, Rod , c'est aussi cela ! Les photos des SMALL FACES sont là un peu partout sur l'album. Je sais, c'est à n'y rien comprendre, mais voilà Rod a la place de Marriott sur "My way of giving", tiré du deuxième opus des petites figures. Je vous laisse comparer les deux versions pour vous faire une idée. Cette reconnaissance du travail de Marriott dans sa propre discographie est pour moi une démarche empreinte de modestie.

Trois compos sont de Rod : l'éponyme "Gasoline alley" qui se laisse bien écouter ainsi qu'on vide une pinte dans un pub anglais, la plus réussie de cette livraison. Nous avons le "Lady lay", très folk dans l'esprit, pas désagréable, mais pas assez cool pour être vraiment prenante. Très raw en tous cas ! Enfin, "Jo's lament" reprend à nouveau les ingrédients bien campagnards déjà développés par Rod - quand on pense à ce qu'il va faire 10 ans plus tard !! -, et cette manière de chanter, traditionnelle, pas du tout superficielle, présente une image que la plupart des gens ne connaissent pas, celle d'un chanteur de tradition. Toutefois, même si elles sont de bon aloi, ses compositions ne sont pas les plus mémorables de sa carrière, loin s'en faut.

Poutant, l'album est d'une homogénéïté remarquable. S'il ne verse pas du tout dans le mainstream, il prouve néanmoins son attachement à certaines valeurs, celles-là même que le public lui reprochera d'ignorer quelques années plus tard. En attendant, Rod STEWART fait preuve d'une qualité indéniable tout au long de l'opus, mais il manque une ou deux chansons de caractère supplémentaires pour le positionner dans la catégorie supérieure.