Après avoir exploré avec plus ou moins de succès artistique la pop avec Platinum, Mike OLDFIELD décide de verser dans une forme de rock progressif plus court et concis, susceptible de séduire le public au moment de sa sortie. Ainsi est apparu QE2, son sixième album studio.

Et comment dire ? S'il n'y avait pas eu Platinum, la carrière d'OLDFIELD ne serait constituée, du moins jusqu'en 1980, que d'albums au moins grandement recommandables. Mieux, QE2 réussit là où son prédécesseur a échoué, avec des morceaux qui, s'ils ne sont pas à proprement parler des chansons, en possèdent la structure et sont de plus réussis. Je pense notamment à "Sheba" qui nous introduit à la chanteuse Maggie Reilly, qui participera plus tard aux plus grands succès pop d'OLDFIELD, et bien entendu aux reprises, à savoir le sympathique "Arrival" et le poignant "Wonderful Land".
Pour les autres morceaux, tirant plus vers le prog, rien n'est à dédaigner. "Taurus I" et "QE2" sont de véritables monuments, remarquablement bien construits, sans compter leur magnifique écriture. De plus, il paraît assez difficile de les départager, chacun d'entre eux possédant les mêmes qualités et explorant des pistes différentes bien que semblables. Impossible également d'évoquer QE2 sans parler de "Mirage", une montée en puissance épique et redoutable, avec une guitare de plus en plus énervée. D'ailleurs, la version live de The Complete Mike Oldfield révèle encore plus sa puissance.

QE2 n'est pas idéal toutefois. "Celt" au chant mal géré reste assez faible; "Conflict" apporte un sample de BACH un peu trop téléphoné. On aurait aimé également que "Molly" devienne un morceau plus abouti et surtout un poil plus long. S'il s'agit de défauts mineurs, ils empêchent juste un album vraiment bon d'accéder au rang de chef-d’œuvre. Mais n'est-ce pas là faire montre de caprices ?