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- Style : Bob Dylan , Joni Mitchell , Tracy Chapman

Joan BAEZ - Farewell, Angelina (1965)
Par DERWIJES le 14 Octobre 2018          Consultée 2536 fois

1965, c’est l’année de Bob DYLAN. Le Prométhée du folk ramène l’électricité à la maison, se promène sur l’autoroute 61 et fait découvrir la Marie-Jeanne aux BEATLES qui se mettent à rêver d’âme en caoutchouc, pendant que ses émules les BYRDS font répandre la bonne parole électrique dans leurs deux premiers albums et que SIMON & GARFUNKEL chantent les sons du silence dans leur second album. Ajoutez qu’en dehors de la scène folk Otis REDDING sort son meilleur album, que les rudes WHO et KINKS choquent la prude Albion pendant que les SONICS révolutionnent l’utilisation d’un garage, et vous avez une année particulièrement chargée et musicalement fascinante.

Dans tous ces chamboulements, où se situe la fille chérie du folk, Joan BAEZ ? Un an après un cinquième album dans lequel elle cherchait à se renouveler avec un résultat mitigé, elle a le nez creux et décide d’opérer elle aussi le virage à l’électricité.
Accompagnée de Bruce LANGHORNE à la guitare électrique (Mr. Tambourine Man en personne ! A noter qu’il fait partie des pêcheurs originaux, ayant joué sur Bringing It All Back Home) et de Russ SAVAKUS à la basse (présent sur Highway 61 Revisited de vous-savez-qui et sur la chanson Brown-Eyed Girl de VAN MORRISON, entres autres méfaits). Avec eux, elle parvient à proposer des instrumentations électriques présentes mais suffisamment discrètes pour ne pas choquer les plus puristes.
Sa deuxième bonne idée, c’est de laisser de côté les chansons traditionnelles. L’album n'en recèle que deux, comme une bouée de sauvetage pour ne pas perdre ses premiers auditeurs. Si « The River in the Pines » est anecdotique pour ne pas dire ennuyeuse, « Wild Mountain Thyme » offre une de ses plus belles performances vocales, à mettre la larme à l’œil au plus endurci. Non, plutôt que de piocher une énième fois dans le répertoire folklorique classique, elle se sert ce coup-ci dans le catalogue dylanien non pas une, non pas deux, mais quatre fois ! Il y a d’abord la chanson titre, inédite à l’époque, qui permet d’attirer les fans du Zimm’ vers l’album et devient rapidement un incontournable en concert, puis « Daddy You’ve Been On My Mind », sympathique mais sans plus, qui s’efface d’abord devant les deux autres. « It’s All Over Now, Baby Blue » propose une version plus agréable à écouter, mais c’est avec « A Hard Rain’s A-Gonna Fall » qu’elle touche le jackpot. Sa reprise donne du fil à retordre à l’originale et ne perd en rien de sa puissance. Reprendre Bob DYLAN est un exercice périlleux tant ses chansons sont dépendantes de son style pour rester pertinentes, mais Joan BAEZ est bien l’une des seules –avec Jimi HENDRIX- à pouvoir se vanter d’avoir proposé une version supérieure à l’originale.
Mais il n’y a pas que Bob DYLAN dans la vie : il y a aussi son mentor Woody GUTHRIE. « Ranger’s Command » est une bonne chanson sur laquelle je me serais normalement arrêté plus longuement pour parler de la technique vocale de la chanteuse et surtout de sa faculté à tenir longtemps les notes sur cette reprise, mais comme cette chanson est située juste après la magnifique « Wild Moutain Thyme », elle souffre de la comparaison et en paraît presque anecdotique. En revanche, « Colours » est réellement anecdotique, même si elle a le mérite de provoquer quelques bâillements en moins que DONOVAN, artiste soporifique au possible.
Si vous ne le saviez pas encore, Joan BAEZ est aussi une personne très instruite et qui cultive une passion particulière pour les langues étrangères. C’est donc en hommage au message de pacifisme universel de Pete SEEGER qu’elle reprend sa chanson « Where Have All the Flowers Gone » pour un résultat plutôt honorable. Mais surtout, la chanteuse s’intéresse au patrimoine musical d’autres pays, et c’est grâce à cette curiosité que nous retrouvons notre Léo FERRE national sur un album de folk américain. « Pauvre Ruteboeuf », en effet, qui n’avait sûrement pas demandé à être pauvrement baragouiné de la sorte…Je suis méchant, d’autres auraient fait pire, mais notre belle langue a cela de délicat qu’elle exige une diction impeccable pour bien en apprécier la poésie. Et si le poème en soi ne m’est pas désagréable, je rejoins mon confrère Le Baron au sujet de l’aspect intellectuel de le reprendre pour le reprendre (et vous enjoins à lire sa chronique de « 8 nouvelles chansons » pour en découvrir la teneur).

Ouf ! Après un 5 en demi-teinte, ce sixième album –et le premier à porter un vrai nom plutôt que Joan BAEZ 6 ou autre- remet la Reine du folk sur son trône. Malgré un ou deux couacs, le tout est solide et demeure l’un des albums les plus célèbres de Joan BAEZ. 1965, c’est l’année de Bringing It All Back Home, de Highway 61 Revisited, Otis Blue, Rubber Soul, Sounds of Silence. Mais aussi de Farewell Angelina, petit album oublié parmi tous ces grands, mais qui se tient tout aussi bien qu’eux.

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   DERWIJES

 
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- Joan Baez (chant, guitare)
- Bruce Langhorne (guitare électrique)
- Russ Savakus (basse)
- Ralph Rinzler (mandoline)
- Richard Romoff (contrebasse)


1. Farewell, Angelina
2. Daddy, You Been On My Mind
3. It's All Over Now, Baby Blue
4. The Wild Mountain Thyme
5. Ranger's Command
6. Colours
7. A Satisfied Mind
8. The River In The Pines
9. Pauvre Rutebeuf
10. Sagt Mir Wo Die Blumen Sind
11. A Hard Rain's A-gonna Fall



             



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