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- Style : Bob Dylan , Joni Mitchell , Tracy Chapman

Joan BAEZ - Play Me Backwards (1992)
Par DERWIJES le 1er Février 2019          Consultée 1213 fois

Quid du folk dans les années 80? Après deux décennies riches le genre semble se faire plus discret sous le matérialisme façon Reagan. Heureusement, les années 90 viennent mettre un coup de pied bien nécessaire avec l'apparition de la alt-country, un nom un peu étrange pour désigner de la country qui mélange tous les genres. Cela inspire les folkeux d'antan, qui, alliés à une nouvelle génération de musiciens, vont piocher un peu partout pour renouveler leur son. Cela permet à Bob DYLAN, Neil YOUNG, et bien sûr Joan BAEZ de se trouver une nouvelle jeunesse.

Elle l'avait dit lors de la sortie de Speaking of Dreams en 1989 : Elle se remet dorénavant à la musique et laisse de côté ses occupations politiques. Certes, cela n'avait pas empêché l'album d'être une semi-déception en ne se hissant pas à la hauteurs des attentes, mais la chanteuse ne se décourage pas et décide de faire les choses bien. Et faire les choses bien, c'est revenir à sa période créatrice la plus féconde en retournant à Nashville. Souvenez-vous : Après des albums plus expérimentaux décevants, Joan était partie enregistrer à Nashville ou elle avait connue sa période créatrice la plus féconde de 1968 à 1975, soit à partir de son album de reprises de Bob DYLAN Any Day Now jusqu'à l'incontournable Diamonds and Rust. Une fois en studio, elle s'entoure de ténors de studios comme le Richard Bennett, guitariste entres autres de Mark KNOPFLER ou Emmylou HARRIS ou encore du batteur Chad Cromwell, collaborateur régulier de Neil YOUNG depuis Freedom (1989). Pour la production, mieux vaut en avoir deux qu'un seul, et c'est ainsi que la productrice Wally Wilson collabore le producteur star de la country Kenny GREENBERG.

Preuve de cette volonté de se mettre au goût du jour, Joan enregistre pour ce disque son premier clip vidéo. Niveau qualité c'est dans les standards de son époque, et la chanson choisie, quoique sympathique par son ton country, n'est pas la meilleure de l'album. Pour la choisir, il y a de la compétition. Déjà la chanson-titre ouvre les hostilités d'excellente manière sur un groove qui surprend venant de Joan BAEZ mais sur lequel elle se glisser avec autant de classe que la guitare slide qui parcourt le morceau, chantant qu'il n'y a pas besoin d'écouter ses chansons à l'envers pour la comprendre, petite pique à la poésie obstrue du copain Dylan ou aux scandales accusant des groupes de métal comme JUDAS PRIEST ou METALLICA de glisser des messages subliminaux dans leurs chansons ? Peu importe, puisqu'on n'a même pas encore le temps de s'en remettre que surgit « Amsterdam », reprise de Janis IAN qui n'a rien à voir avec Jacques BREL. L'ambiance est d'un coup plus calme, mais que ce soit la mélodie ou le chant, c'est toujours impeccable. Sur le troisième morceau « Isaac & Abraham », a cappella avec des percussions, on met le doigt sur le changement majeur de ce disque. Joan s'est adaptée à sa nouvelle voix ! En 1992 elle a alors 51 ans et la voix de sa jeunesse a lentement évoluée. Elle a expliquée en interview depuis lors qu'il lui a fallu du temps pour ré-apprendre à chanter avec cette nouvelle voix légèrement plus grave qui ne lui permet plus de monter dans les aigus comme avant, mais elle a ici faite sienne cette nouvelle tessiture. Au final elle n'a rien perdue en émotion comme elle le prouve au milieu des cordes de « The Dream Song ». Ce morceau qui aurait sonné prétentieux et mou chez n'importe qui d'autre, elle en fait un moment fort, prouvant qu'elle a toujours la « Baez Touch » !

Avec la parole vient le texte. Play Me Backwards contient plusieurs chansons inédites assez intimes. « I'm With You » est dédiée à son fils Gabe qui partait alors à l'université. La reprise de ce même morceau, quoique sympathique, n'apporte pas grand chose de plus à ce joli moment d'amour maternelle. D'amour il est aussi question sur le final « Edge of Glory », mais d'un amour plus complexe puisqu'elle y parle de la relation avec son père, faite de respect et de déception. Les paroles les plus intéressantes du disque écrites par Mary CHAPIN CARPENTER pour « Stones in the Road ». Cette chanteuse qui a commencé à se faire connaître à la fin des années 80 a écrite ce morceau pour critiquer la génération Flower Power qui a grandi pour se tourner vers le capitalisme reaganien, et dans la bouche de Joan BAEZ cela sonne à la fois comme une critique contre cette génération mais aussi contre elle-même, car elle en était après tout l'un des fers de lance.

Voilà un excellent album, son meilleur depuis Diamonds & Rust en 1975. Le mélange de folk/rock adopté ici passe à merveille et Joan est en grande forme tout au long de l'album. La principale raison de cette réussite est le plaisir évident qu'elle a de chanter ses chansons et ces reprises, un plaisir que l'on ne sentait pas forcément sur ses deux albums précédents qui semblaient parfois forcés. Face à un public qui ne la quitte pas et qui va encore grandir dans cette dernière décennie du siècle, elle va même jusqu'à s'essayer à un semblant d'arena-rock à la U2 sur « Through Your Hands ». Plein de bonnes idées, Play Me Backwards nous a encore offert une dernière surprise en 2012. Pour les 20 ans de l'album Joan BAEZ en sortit une version remasterisée à laquelle elle ajouta un disque bonus de 10 titres inédits qui valent le coup d'oreille, notamment la reprise de Bob Dylan « Seven Curses ». Composé chansons plus paisibles, ce disque bonus compense le manque de ballades de l'album initial, et constitue la version must-have de Play Me Backwards.

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- Joan Baez (chant, guitare)
- Richard Bennett (guitare)
- Chad Cromwell (batterie)
- Jerry Douglas (dobro, guitare, guitare lap steel)
- Carl Gorodetzky (violon)
- Kenny Greenberg (guitares)
- Mike Lawler (orgue, synthétiseur)
- Bob Mason (violoncelle)
- Edgar Meyer (basse)
- Steve Nathan (orgue)
- Jerry Roady (percussions)
- Tom Roady (percussions)
- Pamela Sixfin (violon)
- James Stroud (batterie)
- Marcos Suzano (percussions, berimbau)
- Willie Weeks (basse)
- Kristin Wilkinson (alto)
- Wally Wilson (synthétiseur, piano)
- Glenn Worf (basse)
- Greg Barnhill, Ashley Cleveland, Vicki H (chœurs)


1. Play Me Backwards
2. Amsterdam
3. Isaac & Abraham
4. Stones In The Road
5. Steal Across The Border
6. I'm With You
7. I'm With You (reprise)
8. Strange Rivers
9. Through Your Hands
10. The Dream Song
11. Edge Of Glory

1. Medicine Wheel
2. Rise From The Ruins
3. Trouble With The Truth
4. Much Better View Of The Moon
5. Seven Curses
6. In My Day
7. Dark-eyed Man
8. We Endure
9. The Last Day
10. Lonely Moon



             



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