Fin 1968. David Harris, époux de Joan BAEZ, est emprisonné pour avoir refusé de s’enrôler dans l’armée américaine alors que la Guerre du Vietnam bat son plein.
Puisqu’il est fan de country et que Joan est justement à Nashville pour enregistrer son album de reprises de Bob DYLAN « Any Day Now », elle décide de lui faire un cadeau en enregistrant durant la même session marathon un second album, cette fois-ci avec uniquement des chansons issues du répertoire de la country. Et pour que ce soit bien clair, elle appelle l’album « David’s Album » et orne la pochette de son portrait, dessiné par elle. Quand on y pense, faire une session marathon et sortir un album reprenant les chansons de son ex et un autre dédié à son mari, ne manque pas d'impressionner encore aujourd'hui.

Que trouve-t-on dans cet album pour David ? Des chansons traditionnelles, surtout, mais aussi « Hickory Wind » de Gram PARSONS, parue sur le Sweetheart of the Rodeo des BYRDS. Cette reprise banale d’une chanson banale me permet en revanche de me faire plaisir et de citer un extrait de la chronique de cet album par mon très estimé collègue Baabaaz, avec qui je partage le même avis sur la country : « Il y a deux catégories de gens dans le monde. Ceux qui écoutent de la country, et ceux qui n’y comprennent rien. Autrement dit : les Américains et le reste du monde. » (L’œuvre de Baazbaaz sera bientôt disponible aux éditions La Pléiade)
Je l’admets, je suis méchant. Surtout que ce n’est pas de la country pure et dure comme Sweetheart of the Rodeo, mais un album de Joan BAEZ saveur country, ça reste encore comestible. Il y a même deux excellentes chansons sur ce disque : « Green, Green Grass of Home » et « Just A Closer Walk With Thee », en plus de « Poor Wayfaring Stranger » en duo avec sa sœur Mimi FARINA. Et à tout bien considérer, il n’y a pas de mauvaises chansons ici, juste des chansons banales.
Mais n’est-ce pas encore pire ? Cela fait surtout qu’il n’y a pas grand-chose à dire de cet album. Les musiciens jouent correctement mais sans apporter grand-chose à des reprises déjà éculées, et même la voix de Joan est pâlotte, ne montant pas comme d’habitude dans les aigus. « The Tramp On The Street » avait tout pour être une réussite avec des paroles faites pour Joan et que Johnny CASH n’aurait pas renié (ce qu’il n’a pas fait, d’ailleurs), mais difficile de dire que cette version marque les esprits. L’album à tout de même la décence de finir sur « The Last Thing On My Mind », une conclusion plus agréable que le début tiédasse « If I Knew ».

Et voilà, j’ai fait le tour du sujet. Je ne peux même pas parler de l’histoire des chansons, pour la plupart ce sont des hymnes chrétiens réadaptés avec le temps.
Une déception, ce David’s Album ? Après Any Day Now, certainement. Un ratage ? Oui et non. Ce n’est pas un ratage dans le même sens que Baptism ou Noël, c’est simplement un album fait à la va-vite, sans grande ambition et sans grand intérêt. C’est un disque banal, et cela ne suffit pas pour en faire un ratage, mais quand on le talent, le charisme et la voix de Joan BAEZ, banal ne suffit pas.