Tom atteint l'âge pré-canonique de 68 printemps avec ce trente-troisième album. C'est beau d'être aussi dynamique à cet âge, franchement ! Bien entouré par l'équipe de Ethan Jones, toujours aux guitares et à la console, vrai gage de professionnalisme et d'efficacité. D'ailleurs, personne n'est plus professionnel que notre Tom JONES. Ce mec accumule aujourd'hui plus de soixante ans de carrière - ça calme – et a toujours su protéger sa santé et sa voix avec une redoutable énergie et probablement une dose d'égoïsme rare. Mais tel est le lot de ceux qui veulent survivre dans le monde impitoyable du showbiz. La bête que vous voyez là n'est pas qu'un animal sexuel et un chanteur incomparable, c'est aussi un professionnel accompli. Déjà 2008 et toujours au top, même pour 24 heures s'il le faut !

On plonge dans un océan rock avec "I'm Alive", au rythme superbement addictif, qui dépote franchement. Tom assure comme la bête qu'il est. On a l'impression d'assister à un top de la pop des sixties avec un son moderne ! Rien d'étonnant car il s'agit d'une reprise de Tommy JAMES And The SHONDELLS. Voyez donc cette gratte qui sonne raw et tricote à fond. Pas de doute, l'entrée en matière est superbe ! Puis le rythme ralentit et les arpèges doucereux de "The Hitter" retentissent avec une jolie ambiance soul bien rétro. Vous m'avez cru ? Bande de nazes, c'est une reprise du Boss SPRINGSTEEN lui-même qui date de deux ans auparavant sur Devils And Dust. C'est comme ça, Tom bouffe à tous les rateliers ! On est ensuite plus dans les arcanes de la variété internationale sur "Never" qui ressemble presque à une B.O de James Bond, agréable.

Tom est à la baguette sur pas mal de titres de cette galette, il a mis la main à la patte sur les lyrics, les compos et même les arrangements ! Ainsi "Seen That Face" est un slow dramatique propice aux élans amoureux, où la voix magique resplendit magnifiquement, avec un super solo de gratte d'Ethan. La compo "Seasons" gorgée de cordes, permet à Tom de s'exprimer au chant de fort belle manière pour un slow romantique doucereux. L'aspect martial de l'éponyme "24 Hours" lui donne à nouveau un véritable élan dramatique. Tom égrène ainsi les heures qui lui restent à vivre et est devenu un vrai maître en cette matière depuis la fin des eighties. Quelle évolution !

Deux des singles sont aussi des nouveautés : avec "If He Should Ever Live You", nous revenons au fond de commerce des débuts de Tom, une pop proche de la variété agrémentée de cuivres et plutôt chaloupée. On pense à "It's Not Unusual" ou "Help Yourself". Sympa. Le ton général de  "Give A Little Love" est à la jouissance la plus totale, n'est-ce pas le message d'ailleurs, de la bonne humeur en barre avec des cuivres intenables ! "Sugar Daddy", composé pour Tom par les soins de Bono et de The Edge de U2, tente de revenir au succès déjà éloigné de "Kiss" et de "Sex Bomb" avec cette lancinance et ce refrain bien évident. Pas la plus réussie du lot, même si le bridge le fait bien.

"Just Like A Woman" n'est pas la reprise de Bob DYLAN, mais bien un petit funky aux consonances ensoleillées, qui permet à Tom de lancer sa grosse voix. Nous avons aussi "We Got Love", toute de coolitude vêtue. Le chant est suave et l'ensemble réussit le pari de nous faire voyager. Cette compo rappelle certaines ambiances de Robert PALMER, autre grand séducteur grand breton. "The Road", encore plus smooth malgré un rythme plus enlevé, sort du même tonneau : on évolue sur les vagues de la méditerranée sous un beau ciel bleu. Supra smooth et nanti d'un rythme funky, "In Style And Rythm" porte fort bien son nom. On oscille comme souvent entre variété et soul avec "More Than Memories" qui reste d'assez jolie qualité, malgré une orchestration seventies qui date.

Bref, voici un opus bien équilibré, clairement au-dessus du 3, mais pas réellement au niveau du 4. Entre peste et choléra mon cœur balance, je choisis de ne pas coller le quatre mais il faudra y revenir car l'ensemble a vraiment une bonne tête et se laisse écouter avec délectation. Tom reste à un fort bon niveau, même s'il y a probablement soit moins de un, soit moins de classiques qu'a l'accoutumée. D'un autre côté, il semblait par trop improbable de réitérer le coup de l'éclate avec Jools HOLLAND. Peu importe, tout ceci reste de fort bon aloi. Bravo Tom !