Tom a réintégré le sommet des billboards il y a déjà trois ans, enchaînant les tournées, les plateaux télé, et profitant de sa notoriété auprès de la jeunesse des années 2000 pour rencontrer un max de groupies toutes jeunettes. C'est que le Gallois est encore vert, la retraite n'est pas encore pour demain ! On est dans le velours, la volupté la plus totale. Pas stressé pour deux ronds, notre Tom réintègre les studios cette fois sous la férule des producteurs haitiens Du Plessis et Wyclef Jean, qu'on retrouve aussi à la quasi-totalité des compos avec Tom lui-même. C'est donc un opus spécial pour l'artiste qui se met un peu ainsi dans la position du créateur, c'est nouveau et peu fréquent à 62 ans.

Le seul single à avoir une postérité de ce skeud est "Tom Jones International" dont la vidéo rappelle l'intervention de Tom dans le loufoque Mars Attack de Tim Burton. Ce titre auto-glorificateur à l'esprit rocksteady est unique dans sa carrière, mais cela n'a qu'une importance relative car le single aurait été plus efficace avec une ligne de chant facile à chanter, mais tel n'est pas le cas. Pas d'autres buts ensuite que de faire dans le cool avec le slow "Heaven's Been A Long Time Coming" qui sert pas mal la voix de Tom avec des choeurs judicieux et une guitare cristalline pour un succès très modéré au billboard.

Des trois reprises de cette livraison, le classique "Black Betty" de LEADBELLY sort en single, mais reste très éloigné de l'originale à l'esprit sudiste. Tom propose une version presque rocksteady, avec un beat immuable de batterie qui n'apporte pas beaucoup au groove pourtant énorme de cette compo. Certes intéressante à découvrir, le bridge hispanisant va vous surprendre, mais au final, j'ai du mal à aimer la vibe qui s'en dégage. "We've Got Tonigh" de Bob SEGER a trouvé la gloire avec Kenny ROGERS et Sheena EASTON en 82. Tom JONES la revisite sans surprise au rythme steady. Enfin, il reprend un de ses classiques avec "I(Who Have Nothing)" dans un remix "Refugee" de belle allure, l'orchestration le fait bien.

Deux morceaux me semblent un peu au-dessus du lot : nous sommes presque rap sur "Holiday", et Tom y déploie un flow qui n'a rien de ridicule, même si on reste loin de l'agression de ICE-T ou du débit d'EMINEM. Surprenant, mais on n'en est pas à ça près vu les genres abordés depuis toutes ces années. "Jezebel" nous amène dans le giron d'un électro funk ou la voix de Tom fait plutôt bonne impression, avec un refrain très sympa, mais un brin trop monolithique. Mi funk mi R'n'B, "The Letter" est sobre mais élégante, en duo avec ALLURE. Quelques jolis refrains : très pop sur le Caribéin "Feel The Rain" sympa et gai, ou celui, plus chaloupé, de "This Is My Life". "Whatever It Takes" évolue entre R'n'B et ambiance îlienne, pas délirant, tout comme "Younger Days".

L'album s'écoute d'un trait. Les rythmes le plus souvent répétitifs manquent vraiment de variation, mais c'est la patte des producteurs made in Haïti. Ce n'est évidement pas vraiment ma came, mais les amateurs de R'n'B et de funky pourraient y trouver leur compte. Mr Jones a des résultats moyens dans le monde entier, il bénéficie du surf provoqué par son prédécesseur, mais il n'a rien à voir avec le succès de Reload trois ans plus tôt. D'un strict point de vue musical, je trouve donc cet opus peu convaincant et bien trop linéaire. Je repasse donc sous la moyenne.