Quelle horreur ! La couverture de ce seizième album est d'un grotesque qui frise la perfection. Tom, plus sérieux que jamais, dans cette magnifique pochette couleur bleu roi, son nom en lettre orange. Dieu, que tout ceci est sémillant ! Le ridicule tue, c'est une certitude, et c'est ainsi que Tom passe peu à peu dans le camp des loosers, son personnage "Larger than Life" plus incongru que jamais, alors que le niveau de ses albums baisse graduellement. Il reste un espoir toutefois, que cet album soit bon, ou surprenant, bref, qu'il illumine notre journée, mais avec ce bleu sur Tom qui fait le signe des cornes, même en ces mid seventies, c'est vraiment dur d'y croire, mais on y va tout de même !

Et figurez-vous que les choses ont bien changé chez notre artiste gallois ! Habitués nous étions à ses albums faits de reprises et de quelques chansons originales, et bien ici, il n'y a une seule reprise que nous allons traiter immédiatement. Il s'agit d'un hôte de marque certes, Burt BACHARACH, qui intervient dans "Us". Une orchestration bien tartignolle typée la croisière s'amuse, ça commence bien. Tom minaude tel l'animateur du vendredi soir sur le paquebot, c'est transparent et sans saveur.

Cinq compositions sont donc signées d'un certain Johnny Bristol, le gars chargé de remettre le titan gallois sur les rails, ce n'est pas une mince affaire. C'est la première fois que Tom fait appel ainsi à un compositeur extérieur. Nous avons donc le titre éponyme "Memories Don't Leave Like People Do", une vague variété qui se veut country. Dans le même genre, "The Pain Of Love" sonne légèrement plus "true", cela restant encore à relativiser, Tom y chante plutôt bien.

Plusieurs titres du gonze sont d'obédience carrément funky, comme "I Got Your Number" qui aurait pu se révéler une compo' intéressante avec un autre interprète que Tom dont le fonk n'est pas encore au top. Le groove funky de "Lusty Lady" est plutôt sympa. L'ambiance de "We Got Love", qui se remarque par son chouette refrain finalement dans cet environnement sauvage, se veut proche d'Isaac HAYES. Ces premiers essais ne sont pas à jeter à la poubelle, mais on sent tout de même que Tom n'est pas dans son pré-carré.

Un second auteur, prénommé Dennis Provisor, est aussi de la partie sur deux titres. Il se pointe avec "City Life", un morceau vaguement funky pop rempli de synthés et doté d'un rythme pas trop désagréable, ça sonne très tour de chant à Las Vegas, rapidement mis en boîte entre deux groupies. Un synthé pompier abominable ouvre "Son Of A Fisherman", une nouvelle sucrerie. Ce serait presque drôle si ce n'était aussi lamentable. Espérons pour Tom que les groupies soient restées avec lui au studio car il y a de quoi s'endormir. "You Inspire me" sonne tout aussi moche, "Helping Hand" est presque pire, on touche le fond.

C'était écrit, le paquebot a fait naufrage, tout est perdu corps et bien ! Tu m'étonnes que cet album soit difficile à trouver! J'imagine que les fans se l'échangent sous le manteau dans les rues torves de Londres l'hiver moyennant des sommes inavouables ! Il faut dire que l'objet est non seulement d'une laideur repoussante mais d'un contenu tout aussi vilain ! Voilà comment on passe du statut de star internationale à celui de looser complet ! Je n'imagine pas la suite, mais peut-être qu'on aura des surprises !