En pleine période de revival et de nostalgie qui voit des groupes de la trempe de IRON MAIDEN, MEGADETH ou autres ANTHRAX, rejouer en concert l’intégralité d’un de leurs albums mythiques, il n’est guère étonnant de voir l’ami ALICE COOPER monter dans le train visiblement lucratif de ce marché du souvenir. The King of Shock Rock a en effet un talent sans égal pour sentir les modes et les courants musicaux dont il sait s’inspirer de manière très prégnante, mais, il faut bien le reconnaître, toujours avec un savoir-faire indéniable. Une année avant la la sortie de Welcome 2 My Nightmare qui surfe sur un de ses plus gros succès passés, le bonhomme nous propose un premier voyage dans le temps.
Peut-être en guise de 'teaser', ou pour faire monter la sauce et justifier une tournée axée sur cette période, ALICE COOPER nous propose cet E.P cinq titres, uniquement vendu en version numérique. Il s’agit là de cinq ré-enregistrements de standards du groupe de la période 1971/1975, soit majoritairement lorsque ALICE COOPER était encore un groupe et non un projet solo.
Bien que très légèrement plus courtes que dans leurs versions initiales, ces nouvelles moutures sont toutes assez proches de l’esprit originel. Nous sommes là dans un rock assez épuré, avec des guitares relativement sobres. Le son, excellent, ne trahit pas du tout l’esprit Rock 70's de ces cinq joyaux. Bien au contraire, l’intro de "Eighteen", avec son harmonica (instrument qu’utilisait ALICE à ses débuts) constitue une alternative très crédible à ce tube. Il est dommage que la seconde partie de ce titre perde un peu de sa magie, le groupe paraissant un peu trop consciencieux et appliqué.
Pour le reste, si ce Alice Does Alice parvient à ne pas dénaturer ces cinq classiques, ce qui est déjà un bon point, il ne parvient ni à surprendre, ni à faire rêver. Et c'est bien dommage car, au regard de la qualité très correcte des originaux, l’intérêt d'une reprise assez convenue s’avère dès lors très limité. L'absence d'une réelle relecture de ces morceaux fait que l’on ne dépasse pas le stade de l’anecdote. Alors que l’on pouvait se mettre à rêver de versions allongées, truffées de digressions à la guitare et mises sur orbite par une voix un peu plus habitée. On aurait alors certainement crié au scandale, à l’offense, à la trahison de l'esprit originel, mais au moins la surprise aurait été au rendez-vous.
Là, ça nous en caresse gentiment une sans trop déranger l'autre.