En seulement deux disques, les très tendances pour l'époque Trash et Hey Stoopid, Alice COOPER a retrouvé son aura et réussi à se réimposer auprès de toute une nouvelle génération. En proposant un Hard Rock teinté de FM il a rajeuni de vingt ans et est redevenu "Dans le coup".
Pourtant en cette année 1994 la fête semble finie pour cette scène balayée du cœur des adolescents en à peine deux ans par le grunge et l'alternatif.
Mais ce bon vieux Alice a la peau dure et ne se laisse pas impressionner : il dégaine alors son vingtième album. Habilement, ce The Last Temptation est un disque qui se positionne à mi-chemin entre le son de ses albums précédents et celui de la nouvelle génération. Pour ce concept album basé sur le passage à l'immortalité d'un jeune garçon, et qui est illustré par un comic, il a d'ailleurs fait appel sur deux morceaux au chanteur de SOUNDGARDEN, Chris CORNELL, l'un des chantres de cette nouvelle scène alors en vogue.
Loin d'être un disque grunge comme il a parfois été présenté de manière un peu abusive, The Last Temptation est un opus sombre, fascinant et mélodique, finalement pas si éloigné du son d'un Thrash. Il est composé de titres théâtraux comme "Sideshow" avec ses airs de comédie musicale, ou bien "Bad Place Alone" et ses chœurs typiques du genre. Il comporte également "Lullaby" qui voit Alice COOPER se faire compteur d'histoires. En fin de disque "Cleansed By Fire" conclut le disque avec la même majesté. A la fois dansant, poignant et épique, ce titre est une petite merveille qui rappelle l'esprit de QUEEN.
Alice COOPER propose aussi des chansons plus faciles d'accès comme le très savoureux "You're My Temptation", au refrain imparable qui était taillé pour devenir un gros tube radiophonique, ou "It's Me", une ballade langoureuse et acoustique, un peu racoleuse, mais efficace. Enfin on trouve deux excellents morceaux écrits et chantés avec Chris CORNELL : le semi acoustique "Stolen Prayer", ballade prenante proche de l'esprit de Seattle. Ainsi que "Unholy War" plus moderne avec un aspect vicieux et sombre typique d'Alice.
On peut noter la présence aux claviers de Derek Sherinian, qui l'année suivante rejoindra DREAM THEATER (et plus tard le BLACK COUNTRY COMMUNION). Celui-ci accompagnait déjà Alice en tournée depuis 1989.
Au final, The Last Temptation est un très bel album conceptuel qui n'a peut être pas la force émotionnelle d'un Welcome To My Nightmare mais qui présente un Alice COOPER en forme surmontant une fois de plus les modes et les tendances.
Malheureusement l'album ne bénéficia pas d'une présentation en tournée, EPIC, la maison de disque d'Alice ne souhaitant pas financer celle-ci. On peut imaginer que l'onde de choc de la vague Grunge n'est pas pour rien dans cette décision.
Près de 30 années plus tard, The Last Temptation reste pourtant un disque solide qui a toute sa place dans la discographie du chanteur.