J'ai beau considérer Red de KING CRIMSON comme le meilleur album de musique de tous les temps, estimer que Mylène FARMER est la plus grande chanteuse francophone, que les BEATLES sont honteusement surestimés, que les ROLLING STONES c'est de la merde depuis 1962, ou encore que TALK TALK n'a jamais été aussi génial que durant sa période synthpop, je ne peux que m'incliner devant l'évidence conformiste : Made in Japan est le plus grand live de tous les temps.

De manière plus pondérée, on peut au moins dire qu'il s'agit du meilleur album étiqueté « DEEP PURPLE » sorti dans les années 70. Tout y est absolument génial, parfait, de la sélection des morceaux joués à l'interprétation des musiciens. Et contrairement à beaucoup (trop) de groupes, D.P se déchaîne dès le début, avec un "Highway Star" d'anthologie et féroce à souhait. C'est limite si un extrait de ce morceau ne devait pas figurer à côté de « magma » dans tout dictionnaire qui se respecte. Mais ce genre de remarque, on pourrait la faire pour chaque morceau : le fantastique "Smoke on the Water" qui gagne en muscle par rapport à sa version studio franchement balourde et inintéressante, l'immense inédit "Strange Kind of Woman" qui ferait bien aimer le blues-rock, et même l'épique "Space Truckin'", ou comment un groupe de hard rock peut partir dans une digression prog bien faite – et c'est rare, surtout pour l'époque. Et comment ne pas passer à côté de "Child in Time", déjà magnifique dans In Rock (1970), mais qui touche ici les limites du divin, y compris quand Gillan hurle.

Voilà en gros Made in Japan. Un live qui, non content de rendre au moins très bonnes des compositions mal mises en valeur à l'origine, repousse les limites du rock dans ce qu'il peut faire de mieux sur scène. Pour tout vous dire, ami(e)s lecteurs et lectrices, je me refuse à écouter un seul extrait de Made in Japan pour ne pas finir par écouter tout le reste.

...Et puis merde, c'est le seul live avec une version de Smoke on the Water où le public ne hurle pas dès les premières notes !