Après un premier album et un live que nous qualifierons pudiquement de “perfectibles”, nous trouvons enfin avec Easy Action les premiers repères qui annoncent la période plus classique d’ALICE COOPER. A commencer par un timbre de voix un peu plus reconnaissable. Mais également une maîtrise instrumentale et une production dignes de ce nom. Si le style reste quasiment inchangé, à savoir un Rock barré qui oscille entre influences psychédéliques et Hard-Rock, l’évolution est plus que notable au niveau de la mise en son. En effet, la production de David Briggs (Neil YOUNG, SPIRIT) rend l’ensemble plus accessible. A cela, s'ajoute le fait que les musiciens semblent avoir retrouvé et lu le mode d’emploi de leurs instruments. Ce qui contribue grandement au bonheur de nos oreilles, ou tout au moins à leur mansuétude.
Mais pour ce qui est du fond, les parallèles avec Pretties For You (1969) sont encore très présents. A commencer par des velléités expérimentales encore très perceptibles et une influence de ZAPPA très prégnante. Ce qui est assez sensible sur "Still No Air". Certes, la folie est mieux maitrisée et donc plus accessible, à l’image du loufoque "Lay Down And Die, Goodbye" qui pourrait attirer les amateurs de certains projets de Mike PATTON, mais le talent dont le groupe saura faire preuve plus tard est encore ici bien embryonnaire.
On peut toutefois constater que la voix de Vincent Furnier commence petit à petit sa mue qui va l'emmener à devenir celle d’ALICE COOPER et que le groupe se montre capable d’une violence musicale assez surprenante, notamment avec un "Return of The Spiders" dédié à Gene VINCENT qui annonce la direction qu’il empruntera bientôt. Mais, à l’image de la photo qui orne sa pochette, le succès tourne le dos au groupe qui se voit contraint de quitter la Californie ainsi que le label de Frank ZAPPA, pour retourner à Detroit, sa ville natale, où sous la houlette de Bon EZRIN, il va soudainement se transformer en énorme machine à succès. Mais en 1970, nous sommes encore bien loin de ça.
Il n’en reste pas moins quelques bons titres à l’image d’un "Below Your Means" et de sa guitare omniprésente. Ou bien de "Beautiful Flyaway" chanté par le guitariste Michael Bruce.
Mais il n'y a vraiment pas encore de quoi exciter une sorcière ni réveiller un mort-vivant.
Patience, cela va venir… très vite !