Abandon fait partie des albums de DEEP PURPLE réussis, dans le sens où chaque morceau propose quelque chose à piocher, un plan rafraîchissant ou satisfaisant. La somme ne fait pas un album excellent ou inoubliable dans la carrière du groupe, mais ce dernier album des britanniques en compagnie de Jon Lord permet au combo d'achever le siècle sur une note positive.

Impossible, pour commencer, de ne pas opiner du chef sur l'introductif "Any fule kno that" qui, suivi par un "Almost human" du même acabit, met en valeur un Ian Gillan au charisme vocal intact. Un peu plus loin (oui juste après la remarquable power-ballad "Don't make me happy"), Steve Morse brille sur "Seventh Heaven", tandis que le groupe tout entier se dévoile sur l'audacieux et alambiqué "Watching the Sky", au feeling 70's affirmé, qui s'impose comme un pilier de l'album.

Il n'y a, en fait, pas grand-chose à redire. DEEP PURPLE, en restant sur ses acquis, propose un album à la fois varié et percutant, particulièrement énergique malgré des tempi pas forcément enlevés, qui offre son lot de morceaux complexes et profonds. Si la deuxième moitié de l'album se fait légèrement moins marquante, la faute à un "She was" aux allures de redite ou "Evil louie" un peu poussif, l'explosif "69" vient nous prouver que DEEP PURPLE sait encore aller au charbon. Le groupe s'est-il déjà fait plus mordant que sur ce riff destructeur ? Il y a là en tout cas un titre au potentiel énorme, passé malheureusement inaperçu.

Sans réussir à bluffer véritablement l'auditeur, Abandon se fait un album inspiré de bout en bout et très satisfaisant, témoignage d'un savoir-faire intact de DEEP PURPLE, malgré un poids des ans qui commence à se faire de plus en plus lourd. Une belle réussite.

3,5/5