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GUITARE CLASSIQUE  |  TRIBUTE

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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - Tribute (2008)
Par MARCO STIVELL le 7 Avril 2011          Consultée 3258 fois

Le Steve HACKETT des années 2000 joue un peu le même jeu que Ray Wilson, pour rester dans la famille Genesis, à la même époque. Entre les sorties d’albums électriques, viennent systématiquement se placer celles d’albums plus acoustiques. Et encore, Steve s’y tient plus que son camarade (qui ne se sont peut-être jamais rencontrés), surtout en ce qui concerne son travail studio. Cette alternance entre ses deux styles chéris est en effet particulièrement remarquable depuis Darktown. Et donc c’est en toute logique, en tant qu’amoureux du Steve classique que j’attendais impatiemment cette production.

Tribute est un album qui porte bien son nom et de manière très digne. D’abord pour le mot lui-même, qui veut dire hommage. Il y a deux sortes d’hommages chez Steve : par la reprise pure et simple d’une pièce, cette interprétation se basant sur un arrangement pour un ou d’autres instruments, ou alors c’est un morceau crée de toutes pièces, et qui tend à se rapprocher de l’esprit de l’artiste tant vénéré. Ce sont les deux cas de figure qui sont employés ici. Steve se concentre surtout sur des reprises de Bach (amusant, car ce n’est en réalité pas ici le premier hommage envers ce Dieu de la musique : souvenez-vous entre autres et dans un tout autre style, du "Myopia" de Till we Have Faces, 1984) et des guitaristes espagnols du début du siècle, notamment Andrès Segovia, qui avait pratiqué le bel exercice d’adapter la musique de Bach pour la six cordes nylon. Et c’est dans cette optique-là qu’opère master Steve sachant que ces dieux de la musique l’auront beaucoup influencé pour son travail acoustique des albums précédents. D’un autre côté, ce dernier ne se contente pas de cela, et signe une poignée de pièces originales, toutes bien destinées à se rapprocher le plus possible de l’univers de Segovia ("The Fountain Suite"), Rodrigo ("Cascada"), ou plus largement du style Tudor ("Sapphires"). Pour compléter le tout, Roger King, son claviériste habituel, nous expose en quelques mots son admiration pour tous ces disques de guitare seule sortis dans les années 20-30, et l’on comprend bien leur objectif à lui et à Steve, à savoir d’essayer d’ancrer autant qu’ils pouvaient ce Tribute dans la mouvance de cette "lointaine" époque. En résulte donc un son intimiste, feutré…

Il vaut mieux néanmoins bien se préparer à ce genre d’œuvre. Ce n’est pas le premier album-hommage de Steve, et tous sont bien différents : une parenthèse blues, un Genesis Revisited, des musiques inspirées d’œuvres littéraires ou mythologiques… Et bien sûr l'hommage à Erik Satie. Mais restons–ici dans le domaine classique. En vérité, parmi les albums normaux (pas de reprises donc), Tribute se fait plus proche de Momentum, en plus intimiste encore, et aussi en plus abouti. D’autre part cette fois, Steve est seul et bien seul, c’est le premier album studio sur lequel brother John n’est pas crédité depuis bien longtemps. On ne peut donc s’empêcher de se souvenir du premier disque du Live Archive 05 qui pouvait donc nous préparer à cela en quelque sorte. Mais j’avoue humblement que s'il était un sommet de réussite et d'élégance, il n'était pas plus emballant plus que ça. Qu’importe ! On attend toujours avec impatience un nouveau Steve classique (bien que ce "on" signifie surtout moi, car je n'ai pas beaucoup rencontré de gens réellement emballés par ce versant de sa musique), et donc primo il n'y a aucune appréhension à avoir, et deuxièmement si ce dépouillement peut surprendre, après quelques écoutes il y a de quoi être pleinement satisfait.

Mais cela n’est pas chose facile. En vérité, la première écoute est à la fois révélatrice et un peu faussée. L’ensemble peut paraître aisément toujours aussi agréable, on balance rapidement le compliment sincère bien qu'un peu passe-partout, à savoir "C'est sympa", mais cela peut aussi se corser au fil des écoutes suivantes. Le contenu pourra sembler plus fouillé que ce que l'on croyait, et donc plus difficile pour s’accoutumer si l’on ne fait pas preuve d’une certaine attention. Je parle avant tout de certaines pièces comme "The Fountain Suite", ou la "Chaconne" de Bach, qui occupent à toutes les deux seules plus de vingt minutes sur un album qui en fait presque cinquante. Deux pièces plutôt denses donc, mais le reste, même si les morceaux sont nettement plus courts, peut l’être aussi durant les écoutes suivantes. Mais cela n’empêche pas que certains airs de Bach, notamment les trois premières de l’album, et faisant certainement partie de ses plus célèbres ("Jesu Joy", en français "Jésus que ma Joie Demeure", ça c’est sûr de chez sûr) se démarquent toujours et charment (pour ne pas dire réjouissent) de manière plus idéale et fidèle. Par contre c’est juste après avec "The Fountain Suite" que ça se complique.

C'est là qu’après un certain nombre (mais pas conséquent) d’essais plus ou moins laborieux, survient l’écoute qui provoque le déclic, débloque tout. Et autant le dire tout de suite, les prochaines se seront que la continuation de cette révélation. Le jeu de Steve, toujours aussi propre sans être aseptisé, mais appliqué, délicat, autant que varié, n’est plus du tout le seul point fort de l’album. La quasi-totalité des morceaux dévoilent enfin toute leur saveur à ce même moment, et ils se font apprécier de plus en plus avec les écoutes qui suivent. Bref, c’est tout un travail, mais on finit par y arriver. Et alors quand on y est, on est non seulement habitués à cet un univers aussi intimiste (plus que jamais), mais on est aussi absolument ravi. Cela tient aux morceaux bien évidemment, leur composition. Franchement un génie (Bach) qui est repris par un génie (Steve), bien que selon certains l’instrument ne soit pas aussi "légitime" qu’un piano (c’est pas moi qui le dis, ce sont les puristes), ça reste la grande classe. D’autant plus que tous ces morceaux sont des perles, autant les trois premiers que la longue et passionnante suite "Chaconne", soit quelques beaux exercices où la guitare agit sous différentes humeurs, la joie étant prédominante, y compris pour les préludes. Du reste, les plus beaux exemples à retenir sont la chanson aux accents folk old-timer anglais par William Byrd ("The Earle of Salisbury", musique pour clavecin à la base), le andalouisant "La Maja de Goya" (contemplation d’un tableau du peintre portant ce nom par Granados), ainsi que la chanson traditionnelle de Catalogne ("El Noy de la Mare"), dont l’auteur reste encore inconnu, mais Steve a tellement d’affection pour le morceau qu’il souhaite réellement rencontrer un jour (?) cet auteur et lui serrer la main. Quant aux compos de Steve, eh bien c’est un peu plus difficile. Globalement sympathiques, elles se fondent très bien au milieu du reste, c’est au moins du très bon comme tout ce que le guitariste nous a offert par le passé… Mais dans l’ensemble, elles sonnent aussi moins abouties. Cela ne concerne pas tellement "The Fountain Suite" qui se révèle petit à petit et qui peut également évoquer certains passages de Metamorpheus en plus limpide et en moins "froid". Quant au très orienté Renaissance anglaise (et donc le plus proche du Byrd) "Sapphires", il reste un morceau très important, car l’un des premiers travaux (sinon LE premier travail) de Steve seul à la guitare, et remontant aux années 60 !

En quelques mots, un petit cru assez goûteux, à la contenance raisonnable, qui se déguste comme un vieux bon vin (des années 20-30, en comparaison aux vieux disques). C’est amusant à dire quand on est anti-alcool primaire, alors je le dis objectivement. Ou alors, si on tient à rester sobre, ça se découvre comme un vieux livre plein de poussière, à l’image du lointain Antiques de Anthony Phillips et Enrique Berro Garcia (1982). Cela prend le temps qu’il faut à l’auditeur, mais Steve prouve que depuis Guitar Noir, tout ce qu’il touche se tranforme en or fin (mis à part peut-être les hommages au blues et à Genesis). Un très bel album qui offre une porte d’entrée vers la musique savante (baroque surtout) et les belles chansons espagnoles, revues par un guitariste actuel, et l’un des meilleurs au monde. Un travail plein de virtuosité modérée, de finesse, de délicatesse, de sensibilité, tout à l’image de son auteur. Décidément Steve, toi et tes collègues savez vraiment y faire pour nous combler…

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