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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - Beyond The Shrouded Horizon (2011)
Par MARCO STIVELL le 18 Octobre 2011          Consultée 5349 fois

En 2011, soit quarante ans après son entrée dans Genesis et le véritable lancement de sa carrière, que peut-on attendre encore de Steve HACKETT ? Qu'il nous impressionne ? N'a t-il pas déjà une carrière assez remplie, avec le susdit groupe et en solo pour ça ? Qu'il nous étonne alors, qu'il innove, et là je vous réponds à peu près la même chose. Qu'il nous émeuve serait le plus judicieux et légitime. C'est ce qu'il a voulu faire avec ce nouvel album.

Pour bien faire, il a réuni ses collaborateurs habituels, en fait tout son groupe, mais pas en même temps. Passé "Loch Lomond", Gary O'Toole, Nick Beggs, Rob Townsend et Amanda Lehmann n'intervennent plus qu'en membres occasionnels. Précisons donc que c'est un album que Steve a voulu écrire et réaliser avec son claviériste Roger King. Avec bien sûr apport de paroles de sa muse, Jo Lehmann, soeur d'Amanda. Christine Townsend, femme de Rob, Dick Driver, Chris Squire et John Hackett figurent toujours comme invités de marque. Sur cet album, on peut également ajouter Simon Phillips (Mike Oldfield, Toto...), Steve renvoyant la balle à Mike Rutherford qui l'avait déjà invité sur son premier album solo il y a trente ans ! Je dois quand même avouer que l'extrait proposé en avant-première, "A Place Called Freedom" n'avait guère emballé. Pire, il avait fait naître quelques craintes au sujet de ce Beyond the Shrouded Horizon...

Si Steve a cherché à nous émouvoir, il aura vraiment tout fait pour. Aucun "Mechanical Bride", "Tubehead" ou autre "morceau qui déchire tout" à l'horizon (embrumé, l'horizon, on vous l'a dit). Non, du rock certes, de grosses guitares rageuses, quelques emportements, mais toujours ramenés à des accalmies, du rêve avant tout et du voyage. Un voyage souvent acoustique, car Steve dégaine la classique dès qu'il nous parle de la mer, version cocotiers ou lacs d'Ecosse. Ah, "Loch Lomond" ! Entre deux fragments de ce rock puissant et onirique qui n'est pas sans rappeler "Valley of the Kings" (sans parler de cette guitare qui elle déchire bien comme toujours), Steve a trouvé le moyen de caser une ballade folk et un interlude forcément celtique (sans quoi le titre perdrait de son sens) où il n'utilise que des programmations. Ailleurs, sur "Wanderlust", "Til These Eyes", "A Place Called Freedom" (qui s'est bien amélioré auu fil des écoutes), "Between The Sunset and the Coconut Palms", "Looking for Fantasy" et "Summer's Breath", on recroisera très souvent ces guitares sèches, classiques mais aussi parfois 12 cordes, pour un résultat proche du "Man Overboard" de Darktown. En outre, on ne compte plus le nombre d'interventions "symphoniques" des claviers de Roger King, au point que quand les vraies cordes interviennent, on ne les reconnait quasiment pas (sauf la contrebasse de Dick Driver et le violon sur "Between the Sunset..."). De même, le saxophone soprano de Townsend et la flûte de John Hackett viendront souvent se perdre dans cet amas orchestral, au point d'être très peu mis en avant. C'est l'ambiance principale du disque, et ce qui fait qu'il sonne très doux, proportionnellement à l'effet de cette évasion recherchée.

Certains titres, quel que soit leur son, laisseront un sentiment tout aussi troublant. "The Phoenix Flown" est très massif, lancé sur le même rythme que "Loch Lomond". "Prairie Angel" est lancé sur un riff très simple (repris dans "A Place Called Freedom") où le saxo, pour une fois audible, sonne comme des uillean pipes. "Waking to Life" nous surprendra plus encore puisque Steve, sans doute conforté par l'EP Shadow d'Amanda Lehmann en ce qui concerne son talent, s'efface totalement d'un point de vue vocal au profit de la belle, et ce titre se révèle comme l'un des meilleurs de l'album (avec riffs de sitar). "Two Faces of Cairo" reprendra comme on s'y attend, les ambiances world chères à Steve depuis quelques temps. "Catwalk" est un nouveau blues, moins passionnant que "Still Waters" car moins original, mais la voix de Steve se fait aussi mordante que sa guitare. "Turn This Island Earth" se présente enfin comme la suite prog de l'album, étalée sur plus de dix minutes. L'ensemble est dense et semble vouloir aller un peu dans tous les sens, les points les plus marquants étant les contrebasses d'intro, la démultiplication de la guitare classique, les batteries et percussions massives, et bien sûr toujours l'instrument roi de Steve : l'électrique... Des sons plutôt que des mélodies donc.

On en vient à ce qui peut facilement décevoir avec cet album. Steve et Roger semblent être partis plus à la recherche d'ambiances que de réelles mélodies. Ou alors est-ce simplement un manque d'inspiration ? La fameuse longue suite est peut-être l'exemple le plus frappant de ce manque d'unité, de réelle séduction. A presque aucun moment on ne connait l'étincelle, la réelle passion qui nous a tant animés jusqu'au précédent album de Steve. Le tout est agréable, il n'y a aucun mauvais titre et c'est déjà beaucoup, mais c'est bien la première fois que l'on a l'impression que Steve se recycle plus qu'autre chose, qu'il "fait du HACKETT". Les craintes étaient donc fondées, et cet album restera juste moyen par rapport aux précédents.

Pour le fait de recycler, ce n'est pas une constatation gratuite. Déjà, on remarque que "Prairie Angel" et "Turn This Island Earth" comportent l'empreinte de Steve Howe et Jonathan Mover, ce qui laisse supposer que ces titres remontent à l'époque de GTR. Leur nouvelle forme nous permet de remarquer qu'ils ne gardent aucune trace du rock FM qui caractérisait la musique du groupe. Par ailleurs, il y a le deuxième CD, proposé lors de l'édition deluxe de Beyond the Shrouded Horizon. Il contient d'abord la suite "Four Winds" qui avait attisé les plus vives curiosités, et se présentait comme un véritable poids lourd. Elle est pourtant bien dans la lignée de l'album, avec un "North" mettant en valeur la guitare électrique sur fond rock ballade. "West", très momentumien, et "South" sont quant à eux résolument acoustiques, ce dernier contient de superbes parties de piano. Quant à "East", à propos de recyclage, il s'agit tout simplement du vibrant "The Well at the World's End" que quelques initiés connaissent depuis bien longtemps. Outre cette ambiance "dark" (à laquelle Steve n'a rien modifié), on ne peut que remercier l'artiste pour mettre en valeur ce titre qui n'était autrefois disponible seulement sur la version japonaise de Darktown. Globalement, cette suite ne remplit pas son rôle de poids lourd, mais est plutôt gentille et satisfaisante. Le seul autre morceau réellement notable est "Enter the Night", qui n'est autre qu'une version chantée de "Depth Charge"/"Riding the Colossus", pas trop mal faite. Nouveau réemploi donc. "Eruption", un genre de "Twice Around the Sun" plus jazz et moins brillant, et "Reconditioned Nightmare", simple réenregistrement de l'instrumental de Cured (1981), trouvent aussi une meilleure place ici que sur la version japonaise de Wild Orchids.

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   MARCO STIVELL

 
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- Steve Hackett (guitares, chant, harmonica, sitar)
- Roger King (claviers, programmations)
- Nick Beggs (basse, chapman stick, ukulélé)
- Rob Townsend (saxophone soprano, clarinette basse, whistle)
- Gary O'toole (batterie, choeurs)
- Amanda Lehmann (chant, choeurs, guitares)
- John Hackett (flûte, choeurs)
- Chris Squire (basse)
- Simon Phillips (batterie)
- Richard Stuart (violoncelle)
- Christine Townsend (violon, alto)
- Dick Driver (contrebasse)
- Benedict Fenner (claviers, programmations)


1. Loch Lomond
2. The Phoenix Flown
3. Wanderlust
4. Til These Eyes
5. Prairie Angel
6. A Place Called Freedom
7. Between The Sunset And The Coconut Palms
8. Waking To Life
9. Two Faces Of Cairo
10. Looking For Fantasy
11. Summer's Breath
12. Catwalk
13. Turn This Island Earth

- disc Bonus
1. Four Winds : North
2. Four Winds : South
3. Four Winds : East
4. Four Winds : West
5. Pieds En L'air
6. She Said Maybe
7. Enter The Night
8. Eruption : Tommy
9. Reconditioned Nightmare



             



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