Un cinquième album live/DVD en un peu plus de 10 ans (si l’on prend en compte la réédition du Live at Cabo Wabo 96), cela commence à faire beaucoup !
Après une quarantaine d'années de carrière, c'est un peu comme si Alice COOPER donnait la désagréable impression de s’obstiner à nous proposer toujours les mêmes numéros visuels (infirmières, guillotine, Frankenstein, hémoglobine…) dans des shows prévisibles et de moins en moins impressionnants.
Et ce n'est pas cette nouvelle livraison qui changera la donne.

Alors qu’il nous a toujours surpris pas sa capacité à sentir les évolutions musicales avec une perspicacité hallucinante, en 2014, mister FURNIER s’est acoquiné avec un groupe de jeunes bourrins comprenant pas moins de trois guitaristes qui nous assènent les morceaux du maestro sans finesse ni émotion.
Difficile de différencier l’ambiance et la couleur musicale de "Go To Hell" de celle de "He’s Back", deux morceaux dont l’ADN est pourtant radicalement distinct, une fois que ces Attilas du riff ont sévi.
Passé à la moulinette de cette masse de guitares confuse et brouillonne, on aboutit dans les deux cas au même résultat : un Hard Rock bouffi et sans grâce qui se veut moderne mais qui se révèle surtout très linéaire. Et pourtant, ce ne sont pas des manchots qui œuvrent derrière le maître, notamment Ryan ROXIE qui a grandement contribué au renouveau artistique d’Alice COOPER dans les années précédentes.
Mais à trop vouloir empiler les couches de guitares, on frôle l'indigestion et, à l’exception notable de "I Love The Dead" et "Ballad Of The Dwight Fry", qui réussissent à conserver une certaine fraicheur et une réelle sensibilité, le reste est monolithique et surtout monotone.

C’est d’autant plus surprenant qu’Alice est loin d'être à la ramasse ; il est physiquement et vocalement encore très présent malgré ses 66 ans.
Le problème réside essentiellement dans des choix artistiques discutables, à l’image de ses trois reprises (sur un total de vingt-trois titres) qui, à l’exception des extraits du "Another Brick In The Wall" (The Wall, 1979), n’apportent pas grand-chose au concert et qui sont totalement dispensables au regard de la richesse du catalogue dont dispose Alice COOPER.
Voir un artiste aussi protéiforme et talentueux qu'Alice COOPER se contenter de proposer dans ce Raise The Dead Live From Wacken des versions aussi brutes de ses chansons a un côté un peu pathétique. Si vous souhaitez disposer d'un témoignage du talent de ce grand Monsieur du Rock en concert, plongez-vous plutôt dans le très bon A Fistful Of Alice ou dans l’excellent The Alice Cooper Show.