Au tournant du siècle nouveau, BONFIRE poursuit sur sa lancée « old school » initiée en 1997 avec l’album Rebel Soul. Autour des rabibochés Claus Lessmann / Hans Ziller, le groupe connaît alors une période de stabilité inédite, qui lui permet d’envisager avec sérénité la poursuite d’une carrière marquée par une volonté de retrouver les sonorités foncièrement hard rock de ses trois premiers albums. Strike X, publié deux ans après Fuel To The Flames, se fait donc le témoin de cette envie de proposer une musique faisant la part belle à l’agressivité et à la force des riffs, tout en renouant avec les racines blues du genre pratiqué.

Strike X surprend d’entrée en montrant la facette la plus mordante de BONFIRE. Le morceau « Under blue skies », titre heavy plombé et lent, qui fait suite à une introduction anecdotique, est sans conteste un des titres les plus belliqueux proposés jusqu’alors par le groupe. Cette ode à la tolérance et à l’acceptation de l’autre repose sur un riff plombé décoiffant et particulièrement efficace, qui porte avec brio un des meilleurs morceaux dans le répertoire du groupe. Voué à devenir un classique « Under blue skies » mérite à lui-seul d’accorder sa chance à cet album.

La légèreté arrive avec « Strike back », qui se pose en référence directe à la période Point Blank / Fireworks. BONFIRE propose ici un hard rock direct et hédoniste, à la fois racé et percutant. Ce sera une constante sur cet album. Que ce soit avec « Diamonds in the rough », dont les intonations peuvent rappeler « You’re back », ou le mordant « Damn you », les nostalgiques des années 80 trouveront leur compte à l’écoute d’un album qui se pose en référence directe à l’âge d’or du groupe.

La force de Strike X réside dans sa capacité à faire des morceaux plus que de simples sucreries passéistes, soit en leur apportant un côté fun supplémentaire (« Good time rock’n’roll » et son break évoquant les années 60), en jouant la carte du cowboy mélancolique (la ballade country « Southern wind »), ou en tentant quelques expérimentations (le phrasé en partie rap de « Too much Hollywood ») qui préfigurent de l’évolution du groupe sur son album suivant. Même la ballade finale, pourtant exercice casse-gueule, se fait ici de qualité, « I need you » proposant quelques arpèges bien senties.

La combinaison des talents de Claus Lessmann, à la voix éraillée charismatique et de Hans Ziller, infatigable artisan du riff, donne ici naissance à un album à la fois fun et agressif, savamment construit et agencé. Dans la droite lignée de l’indispensable triptyque des années 80, Strike X s’impose comme un opus chaudement recommandable pour apprendre à connaître l’identité attachante de BONFIRE.

3,5/5