La générosité des mecs de BONFIRE n'est plus à prouver. Depuis de nombreuses années, le groupe n'a jamais hésité à mettre sa notoriété au service de causes qu'il trouve justes, que ce soit au niveau local, social et sportif, et jusqu'au niveau international, la formation allemande ayant accepté, en 2012, de reverser tous les revenus de son single "Cry For Help" à l'association PETA. Alors que l'horreur et la tragédie frappent l'Europe, BONFIRE, en coopération avec l'association Johanniter-Unfall-Hilfe, participe en cet automne sanglant à financer le Projet Farba, dont le but est d'aider financièrement et humainement les enfants ukrainiens que la guerre a traumatisés, et pour certains rendu orphelins. Plusieurs d'entre eux, actuellement réfugiés sur le sol allemand, ont participé à l'enregistrement du morceau "Freedom is My Belief", présenté au format single et dont les revenus seront mis au profit de l'association précitée.

What does it take to live
Under clear blue skies
Freedom is my belief
For you I die

L'intention est louable, le geste est à saluer, et le texte est de circonstance. Mais la réalisation artistique est une honte. En décidant de revisiter ce titre issu de l'album Point Blank (1989), BONFIRE poursuit une entreprise d'auto-destruction de son répertoire initiée depuis 2015 avec le départ de son charismatique chanteur Claus Lessmann. Désireux de se reposer sur son glorieux passé pour justifier un présent pas vraiment flamboyant, le groupe réenregistre un ancien morceau, une fois de plus, pour un résultat inécoutable, une fois de plus. Non pas que l'exécution soit risible. C'est une évidence, les musiciens au service des desiderata de Hans Ziller font un boulot convenable, notamment le nouveau batteur Fabio Alessandrini, issu du groupe ANNIHILATOR. Néanmoins, tout ici est mécanique. Le feeling blues à totalement disparu, et il ne reste que l'ossature sans âme d'un titre hard rock, porté par un riff certes convaincant, conçu à l'époque comme une volonté de marcher dans les pas de SCORPIONS, mais qui sonne aujourd'hui bien creux et vide de sens. La talk-box est maigrelette, tout comme la production du morceau, qui paraît fragile, ridicule. Hans Ziller, qui occupe le rôle de producteur ici, n'a semble-t-il pas suffisamment pas potassé son manuel Pro-Tools. Le refrain reste le seul point fort d'un titre totalement dénaturé et rendu paradoxalement obsolète, loin du charme de sa version originale.

Faites un don si vous le souhaitez, mais n'écoutez pas cette horreur. La sortie de ce single a d'ailleurs semble-t-il fait des dégâts, puisqu'elle a précipité le départ du chanteur Alexx Stahl, déçu de voir Hans Ziller prendre unilatéralement parti pour l'Ukraine, là où le vocaliste aurait souhaité une retenue et une neutralité totale. Alors que l'on sait que le groupe avait pour projet de réenregistrer intégralement ses trois premiers albums avec son line-up actuel, peut-être s'agit-il d'un mal pour un bien...