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HARD ROCK  |  STUDIO

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1987 Fire Works
1989 Point Blank
1991 Knock Out
2006 Double X
 

- Style : Scorpions, Bon Jovi, Gotthard
- Membre : Tommy Heart , Phantom V, Lessmann / Voss, Annihilator
- Style + Membre : Mad Max

BONFIRE - Mmxxiii (2023)
Par GEGERS le 10 Septembre 2023          Consultée 1062 fois

Ils sont là, tous les trois alignés dans ma discothèque. A leur gauche, Down to Hell, le dernier album de CACUMEN, patronyme choisi par le groupe allemand qui allait devenir BONFIRE. A leur droite, Knock Out, quatrième album moins estimé. Trois albums comme autant de premières pierres qui ont, durant mes années formatrices, participé à me faire comprendre que si le hard rock est né en Angleterre, c'est en Allemagne qu'il a connu son épiphanie à partir de la deuxième moitié des années 70. Trois albums dont je me sens aujourd'hui dépossédé. Ce travail de sape n'est pas nouveau, il a même été orchestré de longue date par Hans Ziller, seul membre encore debout de la formation initiale. Dès le départ du chanteur Claus Lessmann, le guitariste a eu à cœur de tenter de réduire le rôle de son ancien comparse à celui de simple exécutant, réenregistrant les morceaux emblématiques à loisir. Les albums Pearls (2016) et Roots (2021) en atteste : la volonté de se réapproprier ce matériel vieux de bientôt 40 ans, d'effacer l'ardoise, habite depuis plusieurs années l'esprit du musicien. Naturellement, à l'image du trouble bipolaire dont souffre Hans Ziller depuis de nombreuses années, les choses ne sont pas binaires. Ainsi, il faut chercher dans ces réenregistrements des albums Don't Touch The Light (1986), Point Blank (1987) et Fireworks (1989) la nuance, les aspérités. Car comme toujours chez BONFIRE, de la vie naît des terrains les moins fertiles.

Ces trois albums ont été revisités en un temps record. Quelques semaines pour les instruments, quelques jours pour le chanteur Dyan, qui a posé ses voix sur ces 35 morceaux plus vite encore que son prédécesseur Alexx Stahl, qui avait déjà fait le job avant de quitter le groupe avec perte et fracas à la fin de l'année 2022. Il faut dire que le travail créatif s'est limité ici à sa plus simple expression, les morceaux ayant été mis en boîte sans aucun changement, tant au niveau des paroles que des instruments. Quelques arrangements diffèrent ci et là, mais l'essentiel reste inchangé. Tout juste a-t-on l'impression d'écouter un groupe de heavy metal interpréter en 2023 ces morceaux hard rock des années 80. Finalement, les changements les plus notables sont à chercher du côté des pochettes, qui bien que fidèles aux originales témoignent de cette volonté d'actualisation (les jeunes filles de la pochette de Don't Touch The Light sont devenues des femmes, un prêtre fait son apparition devant les portes du temple de Point Blank.

Musicalement donc, BONFIRE fait preuve d'un nivellement assumé, là ou ces trois albums témoignaient d'une progression. Tout est noyé dans une sorte d'amalgame certes moderne (l'ensemble sonne bien et actuel, c'est une évidence), mais puisque ces morceaux sont issus du même moule, toutes les aspérités sont gommées, et l'émotion s'efface avec. "Starin' Eyes", titre d'ouverture de Don't Touch The Light, souffre de cette relecture à la va-vite. Les guitares sont plus lourdes, le riffing plus marqué. L'ensemble peine à respirer. Et puis Dyan, malgré des qualités vocales exceptionnelles (allant du growl au falsetto), œuvre ici dans un pur esprit de démonstration. La pureté juvénile du morceau, illustré à l'époque par son clip façon Mad Max, laisse place à une lourdeur déconcertante et décevante. "Hot To Rock", qui bénéficie d'une basse puissante et tellurique, confirme les craintes. Chanté un ton au-dessus de sa version originale, le morceau se voit ici vidé de toute subtilité.

Lorsque le groupe colle plus aux ambiances des années 80, le résultat se fait souvent plus agréable à l'écoute. "(20th Century) Youth Patrol" nous permet ainsi de redécouvrir ce côté fun, immédiat, entraînant dans la musique de BONFIRE. Et fort heureusement, d'autres morceaux parviennent en évitant la lourdeur à sonner "frais" à nos oreilles dans ces nouvelles version ("Hard On Me", "Gimme Some", "American Nights", "Ready 4 Reaction"). La perte de sens mélodique sur le refrain et les couplets de certains morceaux ("You're Back", "No More" qui voit la progression mélodique de son refrain mise à la poubelle, ce qui réduit considérablement l'intérêt du morceau) contrebalance néanmoins notre enthousiasme, de même que le manque de discernement de Dyan, dont le chant presque strident ruine carrément certains titres ("Longing For You", "Don't Get Me Wrong"). Les ballades s'en tirent avec les honneurs. Sur "You Make me Feel", quelques ajouts de touches mélodiques intéressantes de même qu'un chant plus nuancé donnent à cette nouvelle version une patine intéressante, malgré la présence d'instruments à cordes qui tentent d'apporter une profondeur bien inutile. "Who's Fooling Who", porté par une flute éthérée en intro, est réussie, tout comme "Give it a Try", dont la puissance est intacte. Mais l'émotion qui transparaît semble factice, désincarnée.

Naturellement, les versions originales sont toujours là, dans ma discothèque, la pile en haut à gauche, celle des albums cultes du hard rock européen. Ces nouvelles versions ? Quelques écoutes de curiosité, et puis aux oubliettes, naturellement. Que BONFIRE écrive, compose, fasse enregistrer de nouveaux morceaux par son chanteur Dyan, bien sûr, j'en serai le premier client. Mais cette entreprise d'auto-fellation, aux allures de vaste blague, échappe à peine à la correctionnelle grâce à ces quelques titres qui ont su apporter une petite fraîcheur à ces classiques d'un autre temps. Pour le reste, si vous connaissez déjà les albums fondateurs de BONFIRE, ces nouvelles versions ne feront que confirmer leur valeur à vos oreilles. Et si vous ne les connaissez pas, les versions CD sont disponibles à des prix largement abordables. Dans tous les cas, passez votre chemin et n'ayez aucun scrupule à ne pas financer cette tentative d'auto-sabotage menée par Hans Ziller.

1,5/5

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   GEGERS

 
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- Dyan Mair (chant)
- Hans Ziller (guitare)
- Frank Pané (guitare)
- Ronnie Parkes (basse)
- Fabio Allesandrini (batterie)


1. Cd1 - Don't Touch The Light
2. Cd2 - Point Blank
3. Cd3 - Fireworks



             



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