Le fier navire BONFIRE est devenue une bicoque qui prend l'eau de toutes parts. Autour de Hans Ziller, les musiciens vont et viennent, figures fantomatiques qui témoignent de l'instabilité et de la perte complète des repères artistiques d'un groupe devenu moribond dans la deuxième moitié des années 2010. Finalement, les 6 années de présence d'Alexx Stahl derrière le micro auraient presque des allures de tour de force, tant les Allemands semblent abonnés au jeu des chaises musicales. Néanmoins, la publication du single "Freedom Is My Belief", dont les revenus ont été reversés Projet Farba, dont le but est d'aider financièrement et humainement les enfants ukrainiens que la guerre a traumatisés, a sonné le glas : déçu que son groupe prenne parti au lieu de faire preuve d'une totale neutralité politique et idéologique (hum hum...), le sieur Stahl s'en est allé.

Coup dur pour la formation qui, comble de la créativité, était en cours de réenregistrement de ses trois premiers albums, dont la sortie prévue sous forme de box-set en 2023 devait coïncider avec la publication d'un livre signé Hans Ziller et la diffusion d'un documentaire retraçant son parcours ? Que nenni ! Quelques semaines à peine se sont écoulées, et voici que BONFIRE annonce le recrutement du jeune chanteur DYAN (ah bon, il n'a pas de prénom ?), 31 ans, natif de la Grèce, résidant à Londres, un mec avenant dont le look et les cheveux noir de jais peuvent rappeler Mark Fox (SHAKRA). On fait rentrer les remplaçants, et les affaires reprennent...

Enfin, les affaires reprennent, il faut vite le dire. Car une fois encore, pour présenter sa nouvelle sensation, BONFIRE nous balance un réenregistrement, certainement issus de ses travaux de remise à neuf de ses trois premiers albums. "DYAN a enregistré 35 morceaux en 14 jours et va nous aider à hisser de nouveau BONFIRE jusqu'à la première division du rock'n'roll", prétend Hans Ziller. Y croit-il vraiment ? En nous proposant une relecture de "Fantasy", qui n'était déjà pas le meilleur titre de l'album Fireworks (1987), BONFIRE nous permet donc d'entendre pour la première fois la voix de cette nouvelle sensation recrutée par Internet. Le timbre du chanteur n'a pas le blues et le groove de celui de Claus Lessmann, naturellement, mais il se fait plus doux, moins aigu, que celui de son prédécesseur direct, ce qui lui permet d'inutiles comparaisons. DYAN est un chanteur fort compétent, qui insuffle de la chaleur dans cette nouvelle version pas si désagréable de ce morceau dont le refrain se redécouvre sans déplaisir. Sur la deuxième moitié du morceau, le chanteur pousse et se fait convaincant, son coffre gardant du volume et sa voix prenant une couleur appréciable.

Naturellement, l'immobilisme artistique de BONFIRE rend ce nouveau single d'emblée caduque. Là ou l'on aurait aimé que le groupe propose de nouvelles choses, cette énième relecture n'apporte qu'un peu d'eau au moulin, et fait craindre la sortie prochaine du box-set annoncée. En attendant, bienvenue DYAN, jeune moussaillon sur le pont d'un navire à la dérive...