Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Miles Davis
- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : Edda Dell'orso

Ennio MORRICONE - La Cage Aux Folles (1978)
Par AIGLE BLANC le 31 Janvier 2023          Consultée 730 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La Cage aux Folles détient probablement le record de la pièce de théâtre la plus jouée en France entre 1973 et 1980, soit 1800 représentations drainant 1 million de spectateurs hilares (2 millions selon certaines sources).
Le sujet de cette dernière aurait été inspiré à Jean Poiret, son auteur-interprète, par la pièce L'escalier (1966) du britannique Charles Dyer, elle-même adaptée en langue française en 1967 par Paul Meurisse & Daniel Ivernet, et probablement aussi par l'adaptation cinématographique qu'en a tirée Stanley Donnen dès 1969.
Le coup d'envoi de La Cage aux Folles date du 1° février 1973, au Théâtre du Palais Royal, dans une mise en scène de Pierre Mondy, avec Jean Poiret & Michel Serrault dans les rôles principaux de Georges et Albin, couple d'homosexuels devenu mythique. Son succès fulgurant la maintient à l'affiche pendant 5 ans d'affilée, avant que, déplacée au Théâtre des Variétés, elle ne poursuive sa carrière pendant deux autres années fructueuses, de 1978 à 1980, Michel Roux remplaçant Jean Poiret dans le rôle de Georges.
Paradoxalement, les archives nationales de l'audiovisuel ne disposant que d'une captation filmée incomplète de la pièce, à peine 65 minutes, seuls les 1 ou 2 millions de spectateurs ayant eu le privilège de la découvrir au théâtre ont gardé en mémoire les prestations délirantes de Jean Poiret & Michel Serrault, alors au sommet de leur art, qui maîtrisaient tellement leurs personnages respectifs que chaque représentation comportait son lot de digressions et d'improvisations des deux comédiens 'libres et incontrôlables'.

Le film obtient un énorme succès commercial, en dépit du caractère de la pièce, jugé alors scabreux, qui lui a valu le refus en France d'une adaptation cinéma. Si le réalisateur Edouard Molinaro est bien français, ainsi que Michel Serrault reprenant le rôle d'Albin, le reste de l'équipe est en majorité italien, Ugo Tognazzi remplaçant au pied levé Jean Poiret dans le rôle de Georges (devenu Renato dans le film).
Le sujet en est pour ainsi dire le même : un couple d'homosexuels (Renato & Albin) gère un cabaret de Drags Queen, 'La Cage aux Folles', jusqu'au jour où Laurent, le fils que Renato a eu d'une ancienne relation hétérosexuelle, envisage d'épouser Andréa, fille du député Simon Charrier, membre du parti ultra-conservateur. Pour ne pas choquer sa future belle-famille, et risquer de compromettre le mariage de son fils Laurent, Renato accepte de mettre au placard, le temps d'une visite, ses oripeaux d'homosexuel et de gérant d'une boîte de nuit de travestis. Mais, pour cela, il faudrait éloigner aussi Albin, ce qu'il tente de faire avec précaution, en vain. Bien entendu, les quiproquo désopilants qui s'enchaînent à un rythme alerte font converger l'intrigue jusqu'au coeur de la 'Cage aux Folles', le député se voyant contraint, pour échapper aux journalistes qui le guettent à la sortie, de se travestir en Drag Queen, suggestion bienveillante de Renato à laquelle, acculé, il se plie quoi qu'il en coûte.
Le succès du film est tel que les Américains, qui en sont des plus friands (La Cage aux Folles détient le record du film étranger le plus vu aux USA entre 1980 et 1998), en réalisent une adaptation en 1996, The Birds Cage avec Robin Williams & Nathan Lane. Quant à Edouard Molinaro, il en reprend en 1980 les personnages principaux dans une séquelle, La Cage aux Folles 2, avant de confier en 1985 les rênes du dernier volet de la trilogie à son confrère Georges Lautner.

Le nom d'Ennio MORRICONE ne vient pas nécessairement à l'esprit quand on évoque ce film. En effet, on pense à tort que la musique du Maestro ne s'épanouit jamais autant que lorsqu'elle aborde des territoires autrement plus dramatiques, que ce soit la forte charge émotionnelle du mélodrame La Califfa (1970), le film d'Alberto Bevilacqua avec Romy Schneider, le lyrisme nostalgique et déchirant d'Il était une fois en Amérique (1984), la tristesse monotone du Désert des Tartares (1976) de Valerio Zurlini ou le romantisme dépressif du Lolita d'Adrian Lyne (1997).
Pourtant, le compositeur a abordé un peu tous les registres de films et, par conséquent, de musiques. Il a démontré notamment un talent certain pour transcrire musicalement l'ironie narquoise du cinéaste Elio Petri en lui offrant le tango sarcastique inoubliable d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), l'humour noir, autant que glaçant, du Trio infernal (1974) de Francis Girod et celui, plus grotesque que menaçant, du Barbe bleue (1972) d'Edward Dmytryk. N'oublions pas non plus les thèmes fantaisistes du western décalé Sierra Leone (Don Siegel, 1970), comme des parodiques Mon nom est personne (Tonino Valerii, 1973) et Un génie, deux associés, une cloche (Damiano Damiani, 1976).
Dans les années soixante-dix, il a ainsi mis en musique plusieurs comédies italiennes tels Ménage à l'italienne (1965), Quand les femmes avaient une queue (1970) ou Le larron (1978).
La cage aux folles semble être la première comédie 'de source française' à bénéficier de ses talents. Il va de soi, étant donné le sujet et le public visé, qu'Ennio MORRICONE compose une musique guillerette, de tonalité légère et flirtant avec le grotesque ou le ridicule sans jamais y sombrer vraiment.

Soyons franc : La Cage aux folles ne saurait figurer dans le panthéon morriconien. En effet, contrairement à ses B.O's de films devenus culte (Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l'ouest, Il était une fois en Amérique, Le clan des Siciliens, Peur sur la ville), celle-ci ne se hisse jamais à la hauteur du génie comique de Michel Serrault. Cela n'en fait pas pour autant une B.O insignifiante, pour peu qu'on en apprécie la qualité artisanale des compositions évoluant dans un registre peu ou prou festif, à la manière des spectacles de Broadway.
Comme à son habitude, le compositeur livre un thème principal réussi, à défaut de s'inscrire parmi ses plus iconiques. "Il Vizietto" * nous entraîne sur un rythme guilleret et sautillant, soutenu par la trompette solo, la batterie et les cordes, dans une mélodie transcrivant la dynamique comique et attachante du couple formé par Michel Serrault et Ugo Tognazzi. Au-delà du caractère assez kitsch de l'ensemble, d'où sourd une couleur annonciatrice du disco, la composition, sans prétention, ne manque pas de susciter la sympathie ni la tendresse. Ce thème se voit par la suite décliné dans une version étonnante ("Arredamento Religioso") où l'orgue remplaçant la trompette et les cordes dessine une colorature religieuse plutôt facétieuse au regard du couple d'homosexuels dont elle est censée initialement traduire la fantaisie. Quant à "Dopo la Scenata", deuxième variation du thème principal, le titre, en ralentissant le rythme pour se mettre au diapason d'un violon solo sinueux et affectueux, le transforme en une ballade sentimentale aux couleurs des plus classiques.
La B.O contient un autre thème ("Una Strana Coppia") dans le style d' "Il Vizietto", aussi enlevé, mais dont les claviers remplaçant les cordes insufflent un rythme encore plus trépidant.
Bien entendu, cadre du cabaret oblige, Ennio MORRICONE ne peut se soustraire aux canons de son époque qui porte aux nues le disco. "Dal Night" nous en livre une sorte de pastiche tout à fait honnête, même si le Maestro n'y apparaît pas dans son costume le plus seyant. Les cordes à l'unisson s'en donnent à coeur-joie, mais le rythme ne saurait rivaliser avec les standards de ce style devenu bien kitsch aux oreilles d'aujourd'hui. Ce titre nous rappelle combien le compositeur est prêt à servir les films qu'il honore de ses musiques en se chargeant de façon assez unique des pièces musicales qui d'ordinaire donnent lieu à des compositions extra-diégétiques, les cinéastes allant plutôt piocher des musiques existantes pour accompagner ce genre de scènes (dancing, musiques de kermesse etc.).

L'écoute de La Cage aux Folles ne manque pas d'évoquer une autre figure marquante parmi les compositeurs de B.O.'s. En effet, jamais une partition d'Ennio MORRICONE ne s'est montrée à ce point redevable du style comme de l'esprit de notre compositeur franco-roumain Vladimir COSMA, et notamment à travers ses deux thèmes "Il Vizietto" et "Una Strana Doppia". N'hésitons pas non plus à juger COSMA plus talentueux encore dans ce registre comique aux confins du pastiche et de la parodie. Je pense notamment à ses B.O's savoureuses accompagnant les films de Pierre Richard. Le Maestro, en dépit de son génie, ne pouvait pas exceller dans tous les styles. Ce n'est pas lui faire injure que de le reconnaître. Et cela rétablit l'équilibre avec son confrère Vladimir COSMA dont l'oeuvre imposante soutient plutôt bien celle de son 'rival' MORRICONE.

* "Il Vizietto", titre italien du film, se traduit par "Le vice". Ce terme désignait l'homosexualité dans l'Italie des seventies.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE :


Tom JONES
Delilah (1968)
Lalala ! Delilah ! Laaaa laaaa laaaa Delilah !




DISNEY
Luca (2021)
Pendant ce temps-là, en Italie, dans les 60s


Marquez et partagez





 
   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Ennio Morricone (compositions & orchestration)
- Autres Musiciens (non crédités)


1. Il Vizietto
2. A Luci Blu
3. Una Strana Coppia
4. L'onorevole Famiglia
5. Arredamento Religioso
6. Alla John... W...
7. La Gabbia Dei Matti
8. Seduzione Interrotta
9. Prima Dello Spettacolo
10. Dopo La Scenata
11. Dal Night
12. Brasiliana
13. Il Vizietto
14. L'onorevole Famiglia



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod