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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  B.O FILM/SERIE

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Ennio MORRICONE - Il Etait Une Fois La Revolution (1971)
Par AIGLE BLANC le 2 Avril 2017          Consultée 3625 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La filmographie de Sergio Leone se résume quasiment à deux trilogies : la 'trilogie du dollar' (Pour une poignée de dollars / Pour quelques dollars de plus / Le bon, la brute et le truand) et la trilogie 'Il était une fois...' dont les volets s'intitulent respectivement ... dans l'ouest, ... la révolution et "... l'Amérique.
5ème collaboration de Sergio Leone et d'Ennio MORRICONE, Il était une fois la révolution se situe au centre de la seconde trilogie. La première s'inscrivait dans une veine caricaturale du western dont les codes, issus du modèle américain, étaient constamment bafoués sur le mode ironique. La seconde trilogie marque une étape supplémentaire dans le processus de déconstruction du western classique. La gravité laisse peu à peu la place à la fantaisie. On assiste à l'agonie d'un genre qui ne croit plus en ses modèles. Une époque est en train de s'éteindre.

Il était une fois dans l'ouest dévoilait dans sa partition musicale un lyrisme jusqu'alors inédit dans l'oeuvre de Sergio Leone. On retrouve ce lyrisme dans le score d'Il était une fois la révolution, notamment par le biais de son thème principal éponyme, l'un des plus beaux du Western italien.
Il était une fois la révolution s'impose comme la partition la plus riche et la plus variée des deux trilogies, s'appuyant tantôt sur les ingrédients initiés par les films précédents (cris de coyote, trompettes mexicaines, guimbarde, guitare électrique à la SHADOWS, sifflements), tantôt sur la mélancolie générée par le sentiment inexorable de la fin d'un monde. C'est donc un grand classique que nous livre Ennio MORRICONE, comme tout ce qu'il a composé pour Sergio Leone d'ailleurs, mais peut-être ici plus subtil qu'autrefois, avançant sur le fil ténu du rasoir, entre grosse farce, ironie et nostalgie, avec des envolées lyriques au pathos livré sans retenue, entre grotesque et sublime. C'est la dimension humaine qui prime dans cette B.O très émouvante, la plus riche et la plus nuancée du maestro.

Parmi les pistes lyriques, s'impose le thème principal "Il était une fois la révolution" ("Giù la Testa" titre original du film en Italie ) qui rappelle celui d'Il était une fois dans l'ouest. On y retrouve la même ampleur orchestrale au-dessus de laquelle flotte la sublime voix de la soprano Edda Dell'Orso et que tempère la chaleur d'un hautbois pastoral, tandis que des choeurs d'hommes entonnent le leitmotiv Sean Sean Sean.
Une grande composition et un classique indémodable que reprend "La Mort de Nos Fils" en lui adjoignant comme seconde partie originale une digression caressée par la douce nonchalance d'une clarinette et des célèbres sifflements d'Alessandro Alessandroni (qui abat dans cette B.O, soit dit en passant, un énorme boulot), et par une guitare acoustique proche du banjo.
Suivant le même principe, "Invention Pour John" propose une autre magnifique variation du thème principal, cette fois étendue sur près de 9 minutes à la beauté rêveuse.

Aussi sublimes que soient le thème principal et ses variations digressives, il serait dommage de ne pas explorer davantage les beautés cachées de ce score où E. MORRICONE en quelque sorte se surpasse. Il en va ainsi de la surprenante "Marche des Mendiants", composition atypique du maître comme il lui arrive d'en livrer de temps à autre. On pense par exemple à l'étourdissant pastiche de Tango qu'il proposait l'année précédente dans le thriller politique satirique, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon. Comme son titre l'indique, la "Marche des Mendiants" est une marche militaire qui en respecte apparemment les codes pour mieux les détourner. En y infusant, par l'utilisation d'instruments iconoclastes (un tuba ?), un humour délicieux, MORRICONE transcende l'exercice de style jusqu'à lui conférer une tendresse imprévue. Une belle réussite d'où jaillit en définitive une émotion à contre-temps.
"Blagues à Part", avec beaucoup d'ironie et d'humour, réussit aussi le pari d'être à la fois grotesque, en mettant en avant un instrument à cuivre comme le tuba ou le basson basse (n'étant pas un spécialiste des instruments, j'ignore si c'est celui que l'on entend dès l'ouverture de cette piste, en tout cas c'est un instruments proche de ceux suscités) sautillant, et poétique en lui accolant contre toute attente une flûte à bec délicatement parodique que l'on entendra de nouveau dans d'autres westerns iconoclastes comme le célèbre Mon Nom est Personne.

Vous l'avez deviné, cette B.O se doit de figurer dans toute Morriconographie qui se respecte.

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   AIGLE BLANC

 
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- Ennio Morricone (direction orchestrale)
- I Cantori Moderni Di Alessandroni (chorale)
- Edda Dell'Orso (soprano)
- Alessandro Alessandroni (siffleur)


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