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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style : Miles Davis
- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : Edda Dell'orso

Ennio MORRICONE - Un Génie, Deux Associés, Une Cloche (1975)
Par AIGLE BLANC le 18 Juillet 2023          Consultée 1090 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le film de Damiano Damiani, qui présente la distribution des rôles la plus hétéroclite que je connaisse (Jugez-en plutôt : Terence Hill, Robert Charlebois, Miou-Miou, Patrick McGoohan et Klaus Kinski), marque indubitablement le déclin du western spaghetti, amorcé déjà dans une moindre mesure par Il Mio Nome è Nessuno - Mon nom est Personne de Tonino Valerii. Ce déclin ne s'accompagne pas encore d'une désertion du public qui continue à se ruer dans les salles obscures, ni d'un ralentissement de la production, mais traduit un essoufflement du genre de la part sans doute des scénaristes eux-mêmes qui commencent à tourner en rond avec les ingrédients initiaux de ce western transalpin tels que magnifiés dans les premiers films de Sergio Leone. Est-ce un hasard d'ailleurs si Sergio Leone ne dirige plus ces films, mais se contente de les présenter en leur apportant une caution commerciale ?

Quand un genre arrive à son terme, généralement dès le moment où sa dynamique le pousse à la redite au sein d'un rythme de production effréné, il n'est pas rare alors que, dans un souci de renouvellement 'difficile', il ajoute un élément comique à ses ingrédients habituels. Ici en l'occurrence, il s'agit de l'acteur Terence Hill (de son vrai patronyme Mario Girotti) qui apporte son charisme ludique au personnage de Joe Thanks (Joe Merci dans la version française).

Acteur-réalisateur-scénariste-producteur très populaire en Italie et, dans une moindre mesure, en France, Terence Hill a formé durant près de trente années (de 1967 à 1994) un duo comique avec son compatriote Bud Spencer (de son vrai nom Carlo Pedersoli), inspiré évidemment de celui de Laurel & Hardy. Dans les western italiens, il incarne le cow-boy de 'cartoon', rapprochement non fortuit quand on rappelle qu'il a réalisé en 1991 une adaptation live de Lucky Luke, personnage dont il reste à mon sens l'incarnation la plus crédible, même s'il ne ressemble pas du tout à l'original dessiné par Uderzo. Dans Il Mio Nome è Nessuno, Terence Hill apparaît comme une dissonance au sein du cadre par ailleurs traditionnellement dévolu au western. Tout se passe comme si son personnage éponyme avait été catapulté d'une comédie loufoque dans un western, autrement dit, il trouble inévitablement les codes sérieux du western traditionnel, et même ceux du western italien plus connu pour son cynisme et sa cruauté que pour ses gags.

Dans Un genio, due Comparsi, un Pollo – Un Génie, deux Associés, une Cloche, il n'est plus seul à venir parasiter le western américain, accompagné ici de Robert Charlebois et surtout de Miou-Miou, signe que ce film de 1975 pousse encore plus loin la fusion du western et de la pure comédie italienne qui accentue encore plus délibérément les stéréotypes jusqu'à la caricature 'grossière' voire grotesque.

Ennio MORRICONE signe paradoxalement la musique de ce film, lui plus connu pourtant à cette époque pour son sens du 'drama'. Au-delà de la surprise que constitue cette bande originale, force est de constater que le 'maestro' se montre extrêmement convaincant, voire habité, dans l'aspect comique qu'il injecte à ses thèmes, sans renier non plus les ingrédients qui ont établi son succès international. Le compositeur se révèle excellent dans l'auto-parodie qu'il pratique avec un sens inné de la dérision, sans craindre la caricature. Après la B.O de Il Mio Nome è Nessuno (1973), qui déjà lorgnait vers la parodie et l'humour, il confirme ainsi une facette beaucoup plus futile de son art en faisant appel de nouveau à la flûte champêtre, dès l'amusant thème principal de Un Genio, Due Comparsi, un Pollo, qui lui confère une note juvénile en accord avec la légèreté du film. Dans ce même thème ouvrant l'album, E. MORRICONE use encore une fois de son clavioline narquois à des fins humoristiques évidentes.

Quant au chœur, signature la plus reconnaissable du 'maestro', il se lance dans une ballade printanière au charme bucolique à coups de la la la lala... d'une fantaisie à toute épreuve. On retrouve ce rythme primesautier dans "Pepper Chewing-Gum" où la science débridée des arrangements du compositeur s'en donne à cœur joie, qui fait se côtoyer arpèges de guitare cristalline, clavioline ronronnant comme un basson ou teintant comme un xylophone et violons countrisants plus conventionnels, le tout paradoxalement harmonieux. Quant à "Questa Pazza Pazza Corsa", il pousse le délire rythmique encore plus loin, en accélérant le tempo du clavioline et du choeur à un point de non-retour qui évoque les musiques des dessins animés des Looney Toons ou de Tex Avery, pour se mettre au diapason de l'époumonante poursuite à pieds de Terence Hill et de Robert Charlebois. Même si le ton comique de ces titres n'est pas ce qui vous agrée le mieux, il est impossible de nier la rapidité d'exécution ni l'enthousiasme communicatif des musiciens dirigés par MORRICONE lui-même.

Pour les réfractaires à la comédie, deux titres réactivent le lyrisme et la solennité caractéristiques du 'maestro' dans les western de Sergio Leone : le sombre, triste et mystérieux "Il Pollo", dont le clavioline cette fois se charge d'accents mélancolico-angoissants, aurait pu favorablement intégrer la splendide B.O du Deserto dei Tartari, tandis que le sauvage et lyrique "Cavalcata... Per Elisa", entonné par le chant exalté de la soprano Edda Dell'Orso, ravive les émotions du Bon, la Brute et le Truand avec ses voix de coyotes typiques et, même, plus étonnant, son emprunt de quelques mesures à "La Lettre pour Elise", la Bagatelle la plus célèbre de Ludwig von BEETHOVEN, citation classique que MORRICONE ne pratique jamais qu'à contrecœur, quand le metteur en scène lui en fait la demande expresse. C'est ainsi que dans Il Mio Nome è Nessuno, il avait intégré ni plus ni moins que "La Chevauchée des Valkyries" de WAGNER selon les désirs de Tonino Valerii ou de Sergio Leone.

Comme souvent, une série de titres courts, plutôt anecdotiques, se chargent de la couleur atmosphérique de certaines séquences, comme le suspens incongru de "Partita e Poker" où le clavioline flirte avec la musique concrète, à moins que ce soit la partition anxiogène des violons de "La Miccia" qui confine à la musique d'un film d'horreur.

Cette B.O ne figure pas parmi celles à écouter d'urgence quand on aborde la section Western de l'œuvre de MORRICONE, ce qui ne signifie pas qu'elle soit dénuée d'intérêt ni de talent. Le compositeur romain n'avait pas son égal quand il s'agissait de donner le meilleur de lui-même jusque, et y compris, pour des films dits mineurs, simples divertissements sans grande ambition, dont Un Genio, Due comparsi, un Pollo constitue un honnête représentant qu'il serait dommage de snober, défendu ici par une partition rien moins qu'excellente.

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   AIGLE BLANC

 
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- Ennio Morricone (compositions et direction musicale)
- Edda Dell'orso (soprano soliste - titre 4)
- Catherine Howe (chant - titre 9)
- Les Autres Musiciens Ne Sont Pas Mention


1. Un Genio, Due Comparsi, Un Pollo
2. Il Pollo
3. Pepper Chewing-gum
4. Cavalcata... Per Elisa
5. Un Bacio Asfissiante
6. Suspence Per Joe
7. Quando Arrivà L'amore
8. Ansie Dell'oro
9. Glory, Glory, Glory
10. Partita E Poker
11. Dolore E Gioia
12. La Miccia
13. Questa Pazza Pazza Corsa



             



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