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Ennio MORRICONE - Sierra Torride (1970)
Par MARCO STIVELL le 23 Mars 2023          Consultée 1289 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Ah, Sierra Torride, aussi bien nommé en Europe qu'aux Amériques avec le titre original Two Mules for Sister Sara ! Vingt-cinquième long-métrage de Don Siegel, il est aussi le deuxième avec son 'poulain' Clint Eastwood en vedette, deux ans après Un Shérif à New York (1968). Dans ce dernier, un peu après la séquence d'introduction, Siegel faisait quitter à Clint le Far West pour user brillamment des codes modernes du western en pleine mégapole, avec quelques touches psychédéliques de rigueur. Avec Sierra Torride, il se rapproche davantage du classicisme et retourne dans le désert, non pas le Texas ni Monument Valley & co, mais celui du Mexique et en grand.

C'est la première époque entre-deux pour Clint, l'après-Leone de 1967 à 1971, durant laquelle, toujours simple acteur, il ne sait pas encore si sa carrière et son succès vont durer. Il se diversifie (double effort de guerre avec Quand les Aigles Attaquent et De l'Or Pour les Braves, le western musical La Kermesse de l'Ouest qui fait un sérieux bide), et Sierra Torride demeure un de ses meilleurs efforts alors. On le regarde pour lui certes, plus que pour le nom de Siegel, mais ensemble, ils feront aussi bien voire encore mieux ensuite : Les Proies puis L'Inspecteur Harry en 1971, enfin L'Evadé d'Alcatraz en 1979. Et en même temps, on écoute car en bas de la scène, c'est Ennio MORRICONE !

Apparemment première américaine du maestro, Sierra Torride s'est vue noyer dans la grosse soixantaine de B.Os que celui-ci signe entre 69 et 71. D'autant plus que cette dernière année, la suivante par rapport à ici donc, Sergio Leone rappelle son ami Ennio pour un western lui aussi mexicain et à la portée nettement plus forte : Il Etait une Fois la Révolution. Si elle n'a point passé le cap du temps pour quatre décennies subséquentes, l'oeuvre présentement décrite n'est pas à oublier pour autant. Un certain Quentin TARANTINO est d'accord, lui qui en a repris directement quelques thèmes pour son grand-oeuvre Django Unchained en 2012.

Dès le départ, le "Main Title" ou thème principal nous saute aux oreilles avec son basson lunaire, dans les aiguës à la STRAVINSKY et carrément virevoltant. Puis rentrent les guitares slide et le banjo, rythmique cavalière hypnotisante et légère à la fois, décrivant le désert, son soleil plombant et ses dangers de façon remarquable, tout comme l'utilisation de la flûte enfantine et du Clavioline, synthétiseur première génération. MORRICONE innove et demeure lui-même, toujours en justesse, s'amusant à faire tourner deux-trois notes sur différents appuis rythmiques comme il l'a fait pour la chanson de MINA, "Se Telefonando" en 1966.

Pendant ce générique, tout en suivant notre Clint cowboy solitaire sur son cheval dans des plans à différentes échelles, Siegel en profite pour s'attarder sur les grands absents du cinéma de Leone : les animaux (reptiles, félins etc). De quoi décrire la première moitié du film, plutôt en mode survie, sachant qu'il y a aussi les périls humains, comme les bandits, les Indiens et, surtout, les soldats, pour un tournant à mi-chemin, plus guerrier et politique. Le Mexique voulu est celui du milieu des années 1860, où les uniformes bleus ne sont pas les Nordistes alors très occupés de l'autre côté du Rio Grande, mais ceux des... Français, venus conquérir très temporairement la patrie de Benito Juárez. Un épisode qu'Emile ZOLA, entre autres, mentionne dans L'Argent (1891), son roman boursier, comme signe avant-coureur de la dégringolade de Napoléon III et du Second Empire.

Si le film ne tient pas du génie, on peut saluer Don Siegel pour nous offrir un bon moment et pour bien fondre les éléments du western italien dans l'américain. Son cowboy solitaire a bien un nom (Hogan), mais c'est un soûlard, plus bavard que 'l'homme sans nom' de Leone. Au début, il tue des bandits qui veulent violer Sara, une nonne jeune, candide. Toutefois, celle-ci, reconnaissante et un brin charmée (pendant que lui la drague presque sans fard !), lui propose de l'aider dans sa démarche peu religieuse de venir en aide aux insurgés mexicains qui font barrage aux Français. Sans spoiler davantage, la suite offre des moments croustillants, avec une longue balade dans l'état aride de Morelos (sud de Mexico) durant laquelle l'échange entre Sara et Hogan porte le film.

Shirley MacLaine, grande soeur du réalisateur Warren Beatty, décrite comme femme volcanique par Hitchcock qui l'avait repérée, s'en sort avec les honneurs, plus que Clint lui-même ! Siegel développe dans son film ce qui a manqué à Leone avant 1969 : un personnage féminin fort et des plus réussis, sans avaler le masculin et sans le lâcher non plus. Il y a de l'humour ciselé mais aussi une belle profondeur dans la complétion du tandem, des surprises qui amènent à justifier le titre original : la seconde mule, c'est en réalité ce cher Hogan !

Toutefois, le "Sister Sarah's Theme", de mémoire, n'est que peu voire pas joué dans le film. Une ballade jolie en arpèges délicats, avec percussions multiples (flûte comprise), qui est reprise en 2012 par TARANTINO avec aussi "The Braying Mule", variation du thème principal où le marimba remplace le Clavioline. Toutefois, ce qui réunit les deux morceaux, c'est ce leitmotiv du choeur de femmes en latin et en religiosité, sous forme d'hymne avec orgue : "Et ne nos inducas in tentationem, sed libera nos a malo"/"Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal" (issu de la prière du Notre-Père). La reprise finale du "Main Theme" se contente de la première part de la phrase, comme pour souligner avec subtilité l'avancée de l'histoire.

Si c'est moins coloré que ce que MORRICONE laisse un an plus tard dans les mémoires avec l'autre révolution mexicaine, cela s'écoute plus que bien, même si, il faut reconnaître, que les trente minutes à peine dépassées de la B.O de Sierra Torride semblent longues. La faute à trop de répétitions sans doute, à peu de variation marquées, aussi à un "The Battle" plutôt fade avec ses cuivres débridés, assourdissants, et qui n'est là que pour accompagner une bonne séquence guerrière de fin pour Clint, sans égaler son infiltration plus Seconde Guerre Mondiale de l'excellent Quand les Aigles Attaquent (1969). Le maestro semble parfois moins concerné, et le disque n'inclut pas les chants beaucoup plus charmants des femmes et enfants mexicains durant la séquence de la piñata, juste avant.

Même constat pour les redites comme "La Cueva" et "The Cool Mule", voire le générique final qui sonne décidément moins bien que le premier. MORRICONE se rattrape avec "The Swinging Rope", avec ce thème de cordes en nappes inquiétantes qui évoque un bourdonnement d'abeilles, très secondaire sur disque mais employé plusieurs fois dans le film à bon escient pour la sensation de péril, notamment durant la scène du serpent à sonnettes qui fait peur à Sara dans les ruines, alors que les soldats arrivent dehors. Il y a aussi la contemplation toute morriconienne au cor anglais, "Night on the Desert", splendide sur fond de guitares classiques. Ces dernières, hispanisantes à souhait et avec des cordes en soutien ou non, sont encore d'une grande importance pour "La Cantina" et "A Time for Miracles". Moments d'élégance qui ne sont pas sans rappeler les "Sundown" et thème du monastère dans Le Bon, la Brute et le Truand (1966).

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   MARCO STIVELL

 
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- Ennio Morricone (compositions, orchestrations, clavioline)


1. Main Title
2. A Time For Miracles
3. Night On The Desert
4. Sister Sarah's Theme
5. The Swinging Rope
6. The Braying Mule
7. La Cueva
8. La Cantina
9. The Cool Mule
10. The Battle
11. Main Title (reprise)



             



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