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MUSIQUE CLASSIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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Ennio MORRICONE - Le Clan Des Siciliens (1969)
Par K-ZEN le 22 Juillet 2024          Consultée 214 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Si cela n’était éminemment ironique au vu de la réputation du groupe, et à première vue, sans trop se mouiller, on aurait pu se dire que "There Ain’t Shit on T.V. Tonight" figurant sur le Double Nickels on the Dime des MINUTEMEN aurait pu leur être inspiré par un simple coup d’œil au programme télévisuel américain du début des années quatre-vingt. Vraiment ? Si terrible que cela ? Ou critique gratuite sans fondement ? Difficile de trouver des bribes d’information crédibles à ce sujet sans une recherche approfondie. Il semble cependant qu’il y ait recoupement avec ce qu’on pouvait trouver en Europe, avec un léger décalage le temps que l’Atlantique soit entièrement traversé.

Je dois l’avouer : je suis trop jeune pour vous conter la télévision de cette époque en France excepté les extraits que proposaient les émissions spécialisées du coup d’œil dans le rétroviseur : Temps X présentés depuis Pluton par deux martiens – qui ont finalement regagné leur planète, une Denise Fabre donnant ses lettres de noblesse à la speakerine tout en se bidonnant sans retenue aucune au vu des facéties du magicien Garcimore ou les irrésistibles et grinçantes imitations de Thierry Le Luron. Mais les créations américaines s’y taillaient une indéniable part du lion aussi. MacGyver utilisant astucieusement du chocolat pour réparer une fuite d’acide, ou dans un style similaire les rediffusions des aventures avant-gardistes voire baroques de James West et Artemus Gordon ; la moustache qu’arbore Magnum ou David Hasselhoff conversant avec une des premières voitures connectées de l’histoire. Est-ce mieux aujourd’hui, la question peut se poser, même si l’abondance de biens augmente statistiquement la qualité.

La dernière fois qu’il passa sur le petit écran, j’comptais pas le visionner ce Clan des Siciliens. D’autres projets s’imposèrent furtivement, plus footballistiques et finalement bien moins décisifs, avant de voler en éclats au bout de quelques minutes, même si je connais en long, en large et en travers ce classique du cinéma.

Le Clan des Siciliens, ce sont trois acteurs hors-normes au service d’une histoire de gangsters parfaite et agrémentée d’une musique dingo. Dois-je continuer ? Avez-vous pu identifier les différents éléments constitutifs de ma sentence précédente ? [Un bémol néanmoins, les scènes du détournement d’avion font leur âge (1969 certes mais d’autres firent mieux via toutefois déploiement de moyens plus conséquents). Mais sinon, c’est la grande classe.]

Alain Delon en ces fins de sixties est au sommet de son art magnétique. En costume pris dans une partie de billard devant la belle Irina Demick plus que sensible à son charme, avec ou sans lunettes de soleil, il pourrait sortir d’une poubelle en sombrero qu’il conserverait son style. L’acteur incarne Roger Sartet, petit truand dont l’évasion est monnayée par le clan mafieux sicilien Manalese camouflant ses activités via une société de jeux d’arcade. Il retrouve ainsi, dix ans après le mémorable Mélodie en Sous-Sol, un Jean Gabin prêtant visage et carcasse au patriarche Vittorio, ne pensant qu’à rentrer chez lui en Sicile, et qui va malgré les différences culturelles et méthodiques prêter une oreille curieuse à ce coup amené par Sartet.

Il s’agirait du cambriolage de la galerie Borghèse à Rome contenant d’inestimables joyaux, l’ingénieur ayant conçu la sécurité des lieux partageant la même cellule que Sartet. Vittorio et son ami new-yorkais Tony Nicosia mènent un repérage préalable leur permettant de confirmer la véracité globale de ces confidences, si ce n’est l’ajout d’un nouveau dispositif de sécurité sophistiqué rendant l’opération proprement impossible. Quelques semaines de réflexion leur permettent de trouver la solution : détourner l’avion transférant les bijoux vers New York.

Pendant ce temps, l’inspecteur Le Goff alias Lino Ventura et son intention d’arrêter de fumer sont mis à rude épreuve par la traque de Sartet. Après lui avoir filé de justesse entre les doigts dans un hôtel miteux, la visite chez un photographe porno dénommé Malik et fournisseur officieux de faux papiers le met finalement sur la piste des Manalese. Il comprend ainsi la collusion entre les deux affaires dont la finalité s’avère dramatique.

Personnage clé puisque véritable élément de résolution de l’intrigue, Le Goff jouit d’un thème absolument dantesque, sans doute la pièce la plus décisive de la partition signée Ennio MORRICONE pour le film réalisé par Henri Verneuil. Une basse vrombissante, un rythme nerveux, des notes de piano stridentes, "Tema per Le Goff" baigne deux des scènes définitives du film. Cette course-poursuite dans les coursives de ce misérable hôtel donc, où Sartet était venu se soulager de pulsions naturelles après quelques instants trop longs avec la belle Jeanne ; et puis cette attente interminable du retour de Sartet à l’aéroport d’Orly débouchant uniquement sur l’arrestation de trois membres du clan Manalese, le jeune truand ayant tout compris de ce qui se tramait en coulisses et ayant avancé son vol de retour vers Paris.

Bien entendu, l’autre moment de bravoure de cette bande-originale est le thème principal où les contrées désertiques américaines pas si lointaines se voient à nouveau convoquées par l’intermédiaire de l’utilisation atypique de la guimbarde. Entre folk italien et complainte triste, la composition annonçant déjà Le Parrain tout proche véhicule une nostalgie prégnante teintée d’étrangeté, renforçant ainsi l’intensité dramatique progressive et se déclinant sous diverses formes tout au long du film. Le maestro transalpin expliqua après coup en interview qu’il composa ce thème en hommage à BACH qu’il admirait, s’inspirant de son "Prélude et Fugue 543".

La sentence figure sur l’affiche. Ensemble les 3 grands du cinéma français. Peut-être jouissant d’une classe supplémentaire, la jaquette qu’arbore la réédition en vinyle de cette bande-originale par Decca en 2020, où nos trois monstres sacrés menacent l’auditeur via leur arme à feu, non pas dans une simple pose, mais avec l’intention de leur indiquer de ne pas jouer au con et d’écouter cette bande-originale, qui parvient à garder son éclat malgré l’éventuelle absence d’images.

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- Ennio Morricone (composition et direction d’orchestre)


1. Tema Italiano
2. Snack Bar
3. Mostra Dei Gioielli
4. Dialogo N°1
5. Jeanne E La Spiaggia
6. Dialogo N°2
7. Tema Per Le Goff
8. Tema Per Nazzari E Delon
9. Tema Italiano
10. I Francobolli
11. Finale



             



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