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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  COFFRET

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Ennio MORRICONE - Ennio Morricone Musiques De Films 1964-2015 (2019)
Par AIGLE BLANC le 13 Mars 2020          Consultée 2474 fois

Ces dernières années, les labels Polydor, Mercury, Barclay ou Decca ont entamé un chantier rétrospectif pour honorer leurs plus grands artistes, ceux qui par leur talent et leur carrière sont entrés dans le panthéon de l'histoire de la musique populaire ou du jazz. C'est ainsi que des coffrets océaniques d'une vingtaine de CD chacun se sont penchés sur les intégrales de Claude NOUGARO, de Serge REGGIANI, Marie LAFORET ou Alain BASHUNG, tandis que deux autres célébraient les musiques de films de Quincy JONES et l'oeuvre de Michel LEGRAND.
Il n'est donc pas surprenant que Decca aujourd'hui revienne sur le Maestro Ennio MORRICONE en un luxueux coffret-livre couvrant l'intégralité de sa carrière de 1964 à 2015, 400 titres pour 20 heures de musique. Toutefois, compte tenu de sa production musicale pharaonique (près de 500 musiques de films), ne vous attendez pas à une intégrale stricto sensu : pour concrétiser une telle ambition complétiste, plusieurs coffrets de cette trempe seraient nécessaires.
L'objectif de cette chronique consiste principalement à évaluer la conception dudit coffret, du point de vue de son design comme de sa ligne éditoriale. Pour l'avis musical sur les Bandes Originales des films sélectionnées dans cette rétrospective, référez-vous plutôt à leurs chroniques respectives quand elles sont publiées dans nos colonnes, chantier entrepris mais nullement finalisé.

De tels coffrets dont le prix est proportionné au travail éditorial exigé, (comprenant la documentation archivique, l'organisation interne du contenu musical, sans oublier l'appareillage critique nécessaire à la rédaction d'une préface adaptée ni l'iconographie censée séduire l'oeil de l'acquéreur), choisissent un écrin luxueux que nous allons passer au crible de notre jugement.
Le coffret que vous tenez dans les mains a toutes les qualités du bel objet. Sa forme allongée en fait un beau livre qu'on feuillette agréablement à la manière d'un livre d'images. Au sommet de ses pages cartonnées, figurent des encoches ingénieuses servant d'étuis pour les 18 CD, à raison de deux CD par page, ce qui élève le nombre de pages à 9, la première étant couverte intégralement par une photo en noir et blanc d'un Ennio MORRICONE probablement trentenaire à son bureau de travail. Le recto de la quatrième de couverture sert aussi d'étui à un livret comprenant une préface de Stéphane Lerouge suivie d'un entretien que lui a accordé le Maestro très impliqué dans ce projet discographique. Bien qu'intéressant, ce livret paraît un peu succinct, surtout l'entretien qui ne dépasse pas cinq pages, les douze autres n'en constituant que des traductions en anglais et en italien. Quant à ses quinze dernières pages, qui répertorient le programme musical de chaque CD, elles sont redondantes avec les pages cartonnées du coffret.
Le problème majeur du coffret réside dans les étuis enfermant les 18 CD. Pour les retirer, on ne peut faire l'impasse de les pincer avec les doigts et de tirer très fort avec le risque de les rayer mais aussi celui de déchirer les pages cartonnées. Une photo de film illustre chaque page, toujours en rapport avec le contenu d'un des deux CD. L'iconographie remplit son rôle, mais sans excès pour autant, les photos de tournage n'étant pas forcément des plus originales.

L'organisation interne du coffret pose un épineux problème à son concepteur, surtout dans le cas d'un artiste comme Ennio MORRICONE dont on ne saurait proposer une intégrale en raison de sa production pléthorique couvrant 56 ans de carrière en près de 500 musiques de films. Stéphane Lerouge n'a pas souhaité ajouter aux centaines inondant le marché une énième compilation de titres élaborée sans la moindre once d'intelligence, qui se contenterait de piocher encore une fois jusqu'à l'écoeurement dans la sempiternelle liste des mêmes B.O de films. Ce qui est compréhensible sur deux ou trois galettes deviendrait aberrant à l'échelle de 18 CD. Le choix s'est donc plutôt porté sur une compilation d'albums. C'est ainsi que le coffret réunit les musiques des deux trilogies de Sergio Leone (1964-1984) qu'on ne présente plus, du Clan des Siciliens (1969) de Henri Verneuil, du Sacco & Vanzetti* (1970) de Giuliano Montaldo, du Mission* (1986) de Roland Joffé, des Incorruptibles (1987) de Brian de Palma et du Cinema Paradiso (1989) de Giuseppe Tornatore, autant de films et de B.O devenus mythiques donc incontournables. Mais pour satisfaire le fan du compositeur, encore faut-il l'apâter avec des films et des B.O moins connus. C'est à cela que s'attèle Stéphane Lerouge quand il ajoute aux musiques des films précités celles de La classe ouvrière va au paradis (1971) de Elio Petri, de La cité de la violence* (1970) de Sergio Solima, celle du 1900 (1976) de Bernardo Bertolucci, ou Orca (1977) de Michael Anderson, autant d'oeuvres déployant le large spectre musical d'Ennio MORRICONE depuis les ambiances anxiogènes de ses thrillers jusqu'aux élans romanesques de ses fresques historiques en passant par ses musiques de films engagés à forte teneur sociale. On a aussi la surprise et le plaisir de dénicher deux raretés : La clé (1983), film érotique de Tinto Brass, et Les anges de la nuit (1990), le sublime thriller mafieux depalmesque de Phil Joanou, sans doute l'une des plus belles musiques du MORRICONE des années 90. Vers la fin du coffret, l'avant-dernière B.O du Maestro, Les huit salopards* (2015), retour inespéré au western, trouve logiquement sa place, inaugurant le cycle consacré aux films de Quentin Tarantino réparti sur deux galettes (les CD 16 et 17).
Mais cet équilibre entre des B.O consensuelles et des choix plus originaux est perturbé par un sens des proportions quelquefois maladroit. Pourquoi avoir consacré l'intégralité d'un CD aux films avec Jean-Paul Belmondo, Peur sur la ville*, Le casse, Le marginal et Le professionnel, musiques qu'on retrouve dans pléthore de compilations interchangeables. Il eût été préférable soit de les escamoter ou du moins d'en sélectionner quelques titres. Consacrer 5 CD aux films de Sergio Leone, n'est-ce pas exagéré, alors que ses films et leurs B.O se trouvent sans difficulté chez n'importe quel disquaire d'occasion ? Quitte à consacrer un ou deux CD aux westerns spaghetti de MORRICONE, encore eût-il été préférable d'élargir le champ des connaissances de l'auditeur lambda en lui proposant des musiques extraites de plusieurs films moins connus. Navarro Joe par exemple, bien que non signé de Sergio Leone, contient suffisamment d'énergie sauvage pour surpasser la B.O de Pour une poignée de dollars*. On aurait aimé profiter de la B.O complète des Cruels (1967), le western de Sergio Corbucci, une des grandes réussites du Maestro.

On peut reprocher à Stéphane Lerouge de n'avoir pas respecté scrupuleusement son concept de compilation d'albums. En effet, combien de B.O ici sont proposées dans une version expurgée d'un quart de leurs titres, notamment les musiques du Serpent, de I comme Icare, celles du Désert des Tartares ou des Anges de la nuit? Etait-ce pour laisser la place à un panorama plus vaste d'albums ? Peut-être, mais en attendant, cela contribue à rendre le projet bancal, ni compilation de titres ni compilation d'albums. A l'inverse, Le Bon, la Brute et le Truand et Il était une fois dans l'ouest sont proposés ici dans leur version intégrale, c'est-à-dire avec des titres ne figurant pas dans les éditions d'origine. Etait-ce nécessaire ? La gestion de l'espace demeure donc problématique dans les 18 CD de cette rétrospective. Ce qui est certain, c'est qu'un choix plus raisonné eût permis d'améliorer la cohérence de l'ensemble et de rendre davantage justice à la veine plus expérimentale du compositeur, presque totalement absente du coffret.

Heureusement, ces quelques reproches sont rachetés par certaines bonnes idées : le dernier CD ainsi a le bon goût de se pencher sur les collaborations de MORRICONE avec des artistes aussi divers que Charles AZNAVOUR, Angelo BRANDUARDI, STING, ZUCCHERO, ainsi que sur les covers qu'il a inspirées à Astrud GILBERTO, Raymond LEFEVRE, DALIDA, George MOUSTAKI, Charlie HADEN & Pat METHENY, le Trafic Quintet et Kyle EASTWOOD.
Le CD 17 permet au néophyte ayant découvert MORRICONE grâce à Quentin Tarantino de resituer enfin l'origine première des musiques que le cinéaste a piochées dans ses B.O préférées. Par exemple, qui savait que Kill Bill* contient des extraits de la B.O du western Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci, que Inglorious Basterds* (2008) compile des titres issus des B.O du film policier La poursuite implacable (1973) de Sergio Solima et du western Le mercenaire (1968) de Sergio Corbucci ? Enfin, et même si MORRICONE a composé une musique originale pour Les huit salopards* (2015), le cinéaste n'a pu s'empêcher d'agrémenter cette dernière de titres supplémentaires quant à eux issus des B.O de L'exorciste II (1977) de John Boorman et de The Thing de John Carpenter, choix des plus incongrus pour des musiques de films d'épouvante.

Ce coffret rétrospectif ne s'adresse pas en priorité au fan complétiste, qui connaît déjà tout ce qu'il propose, mais il constitue un point de départ idéal pour découvrir plus en profondeur l'oeuvre du musicien italien grâce à un classement thématique clair et judicieux des 18 CD, offrant plusieurs entrées : quelques galettes sont consacrées à des cinéastes (Sergio Leone, Henri Verneuil, Giuseppe Tornatore, Quentin Tarantino) ; d'autres se penchent sur un genre de films comme la rubrique "Cinéma de genre", celle des 'Thrillers mafieux' ou du 'Cinéma engagé'. Quant à "Histoires de l'Italie", elle offre une visite un peu trop rapide du cinéma italien.
Ensuite, libre à vous de vous en contenter ou de vous en servir de tremplin pour découvrir la suite de son répertoire.
Le prix élevé de l'objet demeure toutefois des plus raisonnables dans son rapport Prix/Quantité/Qualité. Bonnes écoutes.

*Les films marqués d'une astérisque ont donné lieu à une chronique dans Forces Parallèles.
**Note réelle : 3,5/5

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   AIGLE BLANC

 
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- Musiciens Non Crédités


- sergio Leone I 1964-65
1. Pour Une Poignée De Dollars
2. Pour Quelques Dollars De Plus

- sergio Leone Ii 1966
1. Le Bon, La Brute Et Le Truand

- sergio Leone Iii 1968
1. Il était Une Fois Dans L'ouest

- sergio Leone Iv 1971
1. Il était Une Fois La Révolution

- sergio Leone V 1984
1. Il était Une Fois En Amérique

- cinéma Engagé 1970-71
1. Sacco & Vanzetti
2. La Classe Ouvrière Va Au Paradis
3. Enquête Sur Un Citoyen Au-dessus De Tout Soupçon

- henri Verneuil 1969-79
1. Le Clan Des Siciliens
2. Le Serpent
3. I... Comme Icare

- cinéma De Genre I 1970-71
1. La Cité De La Violence
2. L'oiseau Au Plumage De Cristal
3. Quatre Mouches De Velours Gris
4. Le Venin De La Peur

- cinéma De Genre Ii 1977-79
1. Orca
2. L'humanoïde

- histoire De L'italie 1974-79
1. 1900
2. Allonsanfan
3. Le Pré
4. Le Désert Des Tartares

- visages Du Cinéma Italien 1970-83
1. La Drôle D'affaire
2. Vertiges
3. Seule Contre La Mafia
4. La Femme Du Dimanche
5. Leonor
6. Qui A Tué Le Chat
7. La Clé

- jean-paul Belmondo 1971-83
1. Le Casse
2. Peur Sur La Ville
3. Le Professionnel
4. Le Marginal

- roland Joffé 1986-92
1. Mission
2. La Cité De La Joie

- thrillers Mafieux 1987-90
1. Les Incorruptibles
2. Les Anges De La Nuit

- giuseppe Tornatore 1989-2016
1. Cinéma Paradiso
2. Ils Vont Tous Bien
3. Une Pure Formalité
4. The Best Offer

- quentin Tarantino 2002-15
1. Django Unchained
2. Les Huit Salopards

- ennio Morricone By Quentin Tarantino 2003-15
1. Kill Bill
2. Grindhouse Death Proof
3. Inglorius Basterds
4. Django Unchained
5. Les Huit Salopards

- chansons, Arrangements Et Relectures 1963-2019
1. My Heart And I -sting
2. Funny World -astrud Gilberto
3. Cinema Paradiso -charlie Haden Et Pat Metheny
4. Salmo -angelo Branduardi
5. Le Casse -raymond Lefèvre
6. Nel Deduco Che T'amo -charles Aznavour
7. Peur Sur La Ville -trafic Quintet
8. Lei No, Lei Sta Ballando -chico Buarque
9. Leclan Des Siciliens -dalida
10. Malena -norma Winstone
11. Marche De Sacco Et Vanzetti -georges Moustaki
12. Renascer -dulce Pontes
13. 1900 -harbert Pagani
14. Libera L'amore -zucchero
15. Per Le Anche Scale -kyle Eastwood
16. E Più Ti Penso -andrea Boccelli Et Ariana Grande



             



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