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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - Wild Orchids (2006)
Par MARCO STIVELL le 12 Mars 2011          Consultée 5742 fois

Cela fait à peine trois ans que To Watch the Storms est sorti, mais avec tout ces Lives Archive publiés depuis par Camino Records, on a vraiment l’impression que ça fait plus longtemps… Quoi qu’il en soit, c’est avec une certaine impatience que l’on attendait ce Wild Orchids. La force créative et qualitative des deux albums précédents est telle que l'on finit par devenir exigeant. Déjà, et de manière personnelle, je réserve à Wild Orchids un certain attachement, principalement dû au fait que c’est le premier album rock de Steve que j’ai acheté à sa sortie. Ca paraît superficiel dit comme cela, mais ça compte beaucoup pour moi.

Steve nous avait promis un album rock, mais finalement, il nous aura de nouveau bien eu. Du moins à moitié, et c’est dit le plus gentiment du monde. Beaucoup s'attendent à lorsqu'ils entendent "album rock", avoir du rock pur jus. En tant qu’adorateur des albums classiques du maître, c’est à bras ouverts que j’accueille l’idée peu surprenante mais alléchante d’un métissage rock et "grande musique", avec présence de l’Underworld Orchestra, quelque peu allégé par rapport à Metamorpheus. Certes, on avait déjà eu quelques essais de ce style sur les albums précédents, mais on peut toujours espérer que ce sera plus (voire mieux) traité que jamais sur Wild orchids. Et c'est bien le cas.

Comme pour To Watch the Storms, il existe plusieurs versions de l’album, je m’en tiendrai à la plus complète, soit celle qui comprend les morceaux bonus. C’est avec l’un d’entre eux que l’on commence d’ailleurs. "Transylvanian Express", avec ses cordes, ses influences néo-classiques et ses percussions, nous jette dans la tourmente (avec guitares folles) d’un voyage sous une pluie battante ou une tempête de neige. Soit c’est ça, soit c’est le train fantôme d’une fête foraine, au choix. En tout cas, le thème principal offre un air de déjà entendu, même si l’on se demande d’où il peut bien venir. Après le grand froid, la suite offre des horizons plus chaleureux, par le biais de l’orientalisant "Waters of the Wild", sur lequel Steve utilise pour la première fois un sitar. Avec cet instrument, ainsi que les programmations percussions, tout bouillonne et nous renvoit de manière envoûtante au Moyen-Orient ou à l’Inde. Rob Townsend offre une de ses meilleures prestations, tant au tin whistle (flûte irlandaise) qu’au sax soprano torturé. "Set you Compass" offre une première respiration acoustique. Dans les commentaires du livret, Steve dit himself "Vous n’êtes jamais seul avec une 12 cordes Zematis". Un instrument qu’il ne nous avait pas sorti depuis bien longtemps et c’est tout à fait heureux qu’on le retrouve, plus doux, plus cristallin que jamais. On pense au lointain "Entangled" de Genesis, avec la pureté des voix qui s’entremêlent et en plus la suggestion de se trouver sur un bateau de nuit, avec la brise marine. La fin avec les cornemuses et flûtes discrètes est très bien pensée.

Retour à un registre plus rock sur l’un des morceaux les plus ambitieux (et les plus longs) de l’album. Prenez "The Devil is an Englishman" du précédent album, faites-en quelque chose de plus varié (autant qu’abouti) et de plus génial, avec un Steve encore plus diabolique, des cuivres enflammés et (de nouveau) une ambiance foraine sur la fin. Vous obtenez "Down Street". Ca se calme ensuite avec le jazzy "A Girl Called Linda", dominé par les parties de flûte, de guitare nylon et de contrebasse (tenue par Dick Driver, qui jouait déjà avec Steve avant que celui-ci n'intègre Genesis !). Rêveur, gentil, bien que certains trouveront ça niais. Steve nous a souvent offert du blues, de manière complète ou partielle sur ses albums, mais on a l’impression qu’avec "Blue Child", il a attendu 2006 pour atteindre un des sommets du genre. C’est tout simplement le "Walking Away From Rainbows" du blues. On rejoint ensuite la sérénité nocturne et éthérée de "Set your Compass" sur "To a Close". Imaginez cette fois "The Toast" en 2006 (et en plus profond d’un point de vue personnel) avec un esprit plus pastoral et un agrément de vraies cordes. Une montée orchestrale qui rappelle d’ailleurs le "A Form in Wax" de A Midsummer Night’s Dream.

Steve s'octroie deux reprises classieuses ensuite. La première de son frère John himself, c’est bien le "Ego & Id" de l’album Checking out of London sorti en 2005. Le guitariste se réappoprie bien cette chanson rock, notamment au niveau vocal (pour moi ça passe nettement mieux que Tony Patterson) et avec des parties de guitare encore plus ébouriffantes. La seconde est une chanson de ce bon vieux Robert Zimmerman alias Bob Dylan, "Man in the Long Black Coat", pas une de celles qui sont le plus connues de lui. En termes de réappropriation, celle-ci est particulièrement succulente, ne serait-ce qu’encore une fois au niveau vocal (ah cette voix grave) et guitaristique (le slide et l’électrique). "Cedars of Lebanon" reste un petite énigme, ornée de parties de guitare et de cordes aériennes sur un loop rythmique de guitare et une batterie lourde. Avec "Wolfwork", on obtient un genre de mélange ingénieux de "Theatre of Sleep" (pour le début), "Days of Long Ago" (pour le refrain avec l'orchestre) et "In the Heart of the City". "Why" est un clin d’œil à "Sentimental Institution" (Optigan powa !) en plus court, et dans la voix, on pense aussi à la reprise de "I Know What I Like" sur Genesis Revisited. Pas indispensable, mais un interlude amusant qui rejoint le côté "forain" d’autres morceaux de l’album. Le thème de "To a Close" est réemployé de manière orchestrale sur le magnifique "She Moves in Memories", et l’on retiendra notamment la présence des deux flûtes magiques de John et Rob. "In Memoriam" était le "Epitaph" (King Crimson) de Steve, "The Fundamentals of Brainwashing" est son "High Hopes" (Pink Floyd), tout aussi profond et sublime (mais moins épique). Il y a un enchaînement curieux avec "Howl", pièce cauchemardesque évoquant un "Darktown" symphonique, et qui reprend le thème d’intro au piano du morceau précédent. C’est un peu le cri dans la nuit après le rêve… Vient ensuite "A Dark Night in Toytown", la suite chantée de "Transylvanian Express", et là enfin on reconnaît facilement le thème qui nous parlait tant au début du disque : c’est tout simplement le "If you Can’t Find Heaven" du Live Archive 04, avec cependant une fin plus logique. Assez discrète jusqu’alors depuis le début de l’album, c’est finalement la guitare classique qui a le dernier mot sur "Until the Last Butterfly", moyen simple de conclure l’album, mais de manière jolie et, par opposition à certains titres rock, paisible.

Si j’ai pris la peine de bien détailler chaque morceau, plus que pour l’album précédent, c’est pour une raison bien précise. Wild Orchids est tout à fait le type de l’œuvre qui suscite plein de questions, la principale étant : après 30 ans de carrière et autant d’expériences, comment un musicien, même aussi accompli, arrive-t-il encore à produire un travail aussi riche musicalement, et aussi inspiré ? Un mystère dont l’une des réponses pourrait être, ainsi que l’affirme un ami également fan, le sentiment de totale liberté présent depuis la fin des années 90, et qui s’exprime, à mon goût encore une fois, mieux que jamais. Car oui, je préfère dix fois Wild Orchids au précédent album, que j’adorais déjà. Je lui trouve quelque chose de fascinant, une diversité qui fait plus d’effet que d’habitude… Puis tout simplement c’est pour moi le meilleur album de Steve (Bay of Kings mis à part) depuis Voyage of the Acolyte. Les morceaux rock / classiques sont surpuissants, les chansons acoustiques font partie de ses meilleures, les reprises sont à tomber, et les morceaux bonus ("Transylvanian Express", "Blue Child", "Cedars of Lebanon" et "Until the Last Butterfly") sont disséminés et s’intègrent beaucoup mieux que ceux de To Watch the Storms. Et puis j’ai fait beaucoup de rapprochements avec d’autres morceaux de Steve himself, de Genesis ou d’autres groupes, mais je ne prendrai pas la peine de faire de comparaison désavantageuse, pour les uns ou pour les autres. D’une part le but était de montrer que même si déjà utilisées, les recettes fonctionnent toujours, et d’autre part c’est à chacun de dire ce qu’il préfère. Les répétitions de thèmes et ambiances sont essentielles, et notons encore que c’est l’un des albums où Steve chante le mieux. Bref, encore un coup de maître, le plus grand, et qui ne laisse présager que des bonnes choses pour la suite...

Les japonais auront une fois de plus été pris à part pour une édition rien que pour eux, avantageuse ou non… En gros, ils n’ont pas eu "Blue Child" et "Until the Last Butterfly", mais par contre ils ont eu "Eruption" et "Recontionned Nightmare". Ce dernier porte bien son nom, ce n’est ni plus ni moins qu’un réenregistrement moderne de l’instrumental de l'album Cured. Et bien qu'il n’y ait pas de réelle nouveauté par rapport à l’original, c’est quand même agréable de l’entendre de nouveau en studio et avec une VRAIE batterie. Quant à "Eruption", c’est une pièce menée par un solo de guitare électrique, et qui a un air gentil de "Twice Around the Sun" transposé en blues.

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   MARCO STIVELL

 
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- Steve Hackett (guitares, chant, harmonica, sitar électrique, psal)
- Roger King (claviers, programmations, guitare rythmique)
- Rob Townsend (saxophones, clarinette basse, flûte, flûte alto, f)
- Gary O’toole (batterie, chœurs harmoniques)
- + John Hackett (flûte, riff guitare)
- Nick Magnus (claviers)
- Ben Fenner (programmations)
- Jerry Peal (effets voix)
- The Underworld Orchestra†:
- Christine Townsend (premier violon, violon alto)
- Richard Stewart (violoncelle)
- Dick Driver (contrebasse)
- Colin Clague (trompette)
- Chris Redgate (hautbois, cor anglais)


1. Transylvanian Express
2. Waters Of The Wild
3. Set Your Compass
4. Down Street
5. A Girl Called Linda
6. Blue Child
7. To A Close
8. Ego & Id
9. Man In The Long Black Coat
10. Cedars Of Lebanon
11. Wolfwork
12. Why
13. She Moves In Memories
14. The Fundamentals Of Brainwashing
15. Howl
16. A Dark Night In Toytown
17. Until The Last Butterfly



             



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