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Wolfgang Amadeus MOZART - Symphonie N°38 Prague (harnoncourt) (1786)
Par CHIPSTOUILLE le 15 Août 2013          Consultée 4358 fois

Contrairement aux Viennois qui lui trouvèrent rapidement un remplaçant, les tchèques accueillirent les Noces de figaro avec effervescence. C’est suite à ce succès que MOZART en 1787 se rendit à Prague, afin d’apprécier par lui-même et ainsi en retirer un potentiel bénéfice. Dans cette optique, il achève quelques œuvres, dont cette 38e symphonie fin 1786 qu’il donne à entendre sur place. C'est ainsi qu'elle fut baptisée du nom de la ville où on l'entendit pour la première fois.

Elle a pour singularité son isolement dans le calendrier du compositeur. En effet, MOZART écrivit sa précédente symphonie, la 36e dite « Linz », en 1783 soit déjà 3 ans plus tôt. La 37e est apocryphe, une symphonie de Michael HAYDN (mH 334 p16), dont MOZART en adepte de son confrère salzbourgeois avait recopié la partition. D’un autre côté, les 3 dernières symphonies, généralement mieux considérées car de qualité supérieure (technique tout du moins pour la 41e dite Jupiter), furent composées durant l’été 1788.

Ce qui empêche la symphonie Prague d’être qualifiée de « grande » est peut-être sa structure en 3 mouvements. A cette même époque HAYDN (Joseph, celui dont le prénom est passé à la postérité) avait déjà imposé sa structure vif-lent-menuet-vif et achevait son cycle de symphonies dites parisiennes (82e-87e). Avec 3 mouvements, on peut même qualifier MOZART de rétrograde, ce qui au vu de la production musicale 20 ans plus tôt, alors que les symphonies en trois mouvements étaient encore monnaie courante, n’est pas forcément un gage de qualité (1). Possiblement, ce nombre de 3 est lié au fait que le presto conclusif était prévu en remplacement de celui de la 31e symphonie (de même : « Paris »). L’association n’étant finalement pas au goût du compositeur, il en fera éclore une nouvelle.

Depuis 1783 donc, le jeune Wolfgang a beaucoup composé, et notamment pour orchestre avec 12 concertos pour Piano. Cela se ressent niveau maturité, le fossé avec les précédentes symphonies est gigantesque. La « Prague » démarre sur une introduction lente, comme beaucoup d’autres de l’époque mais peu chez MOZART. Le premier mouvement alterne les parties triomphales et les moments plus introvertis. On pourra, mais sans aller chercher aussi loin dans l’élan dramaturgique initial, penser à l’ouverture de Don Giovanni que l’autrichien allait composer l’année suivante. Pour ma part, c’est à la 4e de BEETHOVEN que je pense, qui elle réussit mieux son introduction dramatique que son thème chantant. L’andante suit, tout de bois vêtu, avec une certaine réussite, plus légère. Il s’attarde cependant quelque peu. Le presto final honore les instruments à vent. On y trouve ce motif fait de notes gracieuses à la flûte qui s’enroulent sur elles-mêmes au dessus de bassons caquetants qui tentent de les imiter. Les cordes et les vents se chamaillent ainsi telles deux familles mitoyennes, chacune les pieds dans sa marmaille. Finalement l’unisson interrompt cette querelle de voisinage, les portes claquent : pam, tadam.

Véritable réussite orchestrale, MOZART ne parvient pas totalement à s’y défaire de ses tics. On pourra déplorer ainsi quelques réexpositions de thèmes convenues. De même, des phrases très élégantes, marque de fabrique du compositeur, interviennent parfois de manière peu inventive car déjà entendues. Mais je pinaille, quiconque a déjà écouté 2 œuvres de MOZART sait qu’on y retrouvera des lieux communs. Bien moins que chez VIVALDI certes, mais toujours en trop grande quantité en comparaison de son alter égo contemporain (2) ou de nombreux succèsseurs. C’est sur l’aspect mélodique que MOZART rassemble tous les suffrages, et cette symphonie est un témoin de plus à son génie.

Côté interprétation, Harnoncourt, connu pour sa recherche d’authenticité et ses instrumentations réduites, dépareille quelque peu. En effet, on est ici presque chez les romantiques (ce pourquoi je pense à BEETHOVEN ?). C’était cependant déjà le cas sur la 28e, ce qui lui réussissait plutôt bien. L’allegro a été rallongé, donnant du corps à l’ensemble. Le chef d’orchestre prend son temps dans l’exécution. De par son association avec la 39e, le disque est un choix sûr. Aujourd’hui quelque peu lassé par les 25e et 40e (3), c’est ici que je me réfugie en priorité quant il me prend une envie de symphonies chez MOZART. C’est assez régulier.

(1) Comme toute règle, elle a ses exceptions. Tentez la 26e de HAYDN, dite « Lamentations », à l’occasion. Je n’ai d’ailleurs pas la prétention d’avoir écouté toutes les symphonies en 3 mouvements de la période classique !
(2) Joseph HAYDN, encore, je précise pour ceux qui ne suivent pas dans le fond.
(3) Elles sont géniales, jetez-vous dessus! Mais au bout de 25 voire bientôt 30 ans, je ne compte plus les écoutes…

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Nikolaus Harnoncourt (direction)


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1. Adagio . Allegro
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7. Finale: Allegro



             



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