En 1973, tout fout le camp chez DEEP PURPLE : Gillan et Glover s'en vont, Blackmore devient de plus en plus furieux, et la presse se délecte des malheurs de l'un des piliers du hard-rock. La décision d'embaucher Glenn Hughes puis David Coverdale est certes une bonne idée, mais ce n'est pas suffisant. Que faire ?

C'est alors que vient l'idée de génie : sortir le meilleur album de DEEP PURPLE. Tout simplement.

Certes, Gillan avait cette énergie et cette joie apparente lorsqu'il chantait sur scène ou en studio. Mais Coverdale apporte en plus un feeling des plus sexy, qui sied parfaitement à la nouvelle orientation du groupe, qui joue désormais du hard funky. Qu'on se rassure, la patte pourpre reste toujours présente : Blackmore joue comme d'habitude au grandiose guitariste qu'il est, Lord montre qui est le patron derrière les claviers, et Paice semble toujours à deux doigts de détruire/violer sa batterie.
DEEP PURPLE a bien fait de ne composer que huit morceaux sur Burn, il est alors possible de compter les chefs-d'oeuvre sur les doigts de la main. En effet, il n'y a aucun point faible apparent sur ce disque. Même In Rock, Machine Head et le légendaire Made in Japan ont toujours un moment de faiblesse, chose inexistante ici. Les cinq larrons se permettent à ce propos de mettre les choses au clair dès le morceau éponyme (par ailleurs vibrant hommage à Jeanne d'Arc). Les interventions vocales de Coverdale et Hughes sont justes, les ponts musicaux en mettent plein les oreilles sans être pédants ni lourds, et l'homme en noir tire le meilleur de sa guitare. Un grand moment encore plus énorme en live, comme le vibrant "Mistreated" dont on raconte qu'il peut tirer des larmes même au plus insensible des hommes. "Sail Away" présente une sorte de nonchalance monolithique, mais qui fonctionne, encore une fois, grâce au chant.

Je cherche encore et toujours des défauts évidents, des brèches dans la coque, mais rien à faire, Burn est juste quasi-parfait. Même le final "A 200", un gros délire instrumental, ne jure en aucun cas avec le reste. Voici donc le sommet de DEEP PURPLE, la quintessence même de la formation. Ah si, maintenant que j'y pense, le voilà le défaut : la suite sera nécessairement moins géniale, et pas qu'à moitié.