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Wolfgang Amadeus MOZART - Concerto Pour Violon N°3 (fischer, Kreizberg) (1775)
Par CHIPSTOUILLE le 5 Septembre 2013          Consultée 6363 fois

D’un genre très populaire, dominant presque toute la musique instrumentale, le concerto pour violon va peu à peu s’effacer au profit de la symphonie ou du concerto pour piano et orchestre au cours du XVIIIe siècle. Parvenu au XIXe siècle, celui-ci va même être bien souvent un exercice isolé. BEETHOVEN n’en composera qu’un seul, MENDELSSOHN deux, et même PAGANINI, violoniste par excellence, n’en composera que 6. Le jeune MOZART en compose rapidement 5, mais délaissera tout aussi abruptement l’exercice au désespoir de son père. C’est l’année 1775 qu’il composera ses 4 derniers, il aura condensé tout ce qu’il avait à y dire.

Nous avions déjà évoqué leur grande qualité et leur grande homogénéité stylistique. Cependant, de tous, si l’un d’entre eux peut se vanter d’avoir une courte tête au dessus des autres – bien que l’envie d’évoquer le 5e soit irrésistible – c’est le 3e. Là, ce coup-ci, c’est du sérieux. Loin de l’aspect récursif d’un VIVALDI, bien que MOZART ait également tendance à reprendre des phrasés communs de son époque, ses concertos pour violon, et le 3eme en particulier, sortent du lot. A cette époque, la période Sturm und Drang, qui n’aura pas impacté tous les compositeurs de l’époque, prend peu à peu fin au profit de la musique dite galante. La basse continue a progressivement disparu au cours de la décennie qui précède, les mécènes sont avides d’harmonies, de musique facile à écouter.

La musique galante est sans aspérité, sans histoire, on lui trouve rarement un surnom à attribuer… Il s’agit de musique, simplement pour ce qu’elle est et rien d’autre. Au regard de l’histoire, la galanterie de la période classique est un point de départ. Contrairement au baroque et son style très marqué qui peut demander un certain effort d’immersion, c’est une musique indémodable. Sa légèreté qui peut être un atout, est souvent son principal défaut. L’artisanat en effet, qui domine encore, empêche les compositeurs d’être originaux. MOZART, très jeune et loin d’être isolé, contrairement à son alter-égo Joseph HAYDN, ne cherche pas spécialement à se démarquer. Il absorbe les techniques de ses contemporains, tel un papier buvard, admiratif tantôt de Johann Christoph BACH ou de Michael HAYDN. Le 3e concerto pour violon et orchestre de MOZART est un classique au sens premier comme à celui que va lui conférer l’histoire de la musique. Pour marquer dans ce contexte, il n’y a qu’une seule solution, être un mélodiste hors pair.

Au jeu des usuels trois mouvements que seule la tonalité permet de rassembler, le 3e concerto jouit de cet atout majeur, il réussit son coup trois fois de suite. Ce sont trois mouvements mélodiques qui se succèdent, dans des rythmes différents, purs et évidents. Si le tout un chacun ne connaissait pas déjà MOZART, on parlerait sans la moindre gêne de fraicheur et de liberté. Programme presque tout de bois vêtu, au violon volubile répondent autres cordes et hautbois. Tout est léger, évident, clair. Avant d’être lassante, complexe ou élitiste, la musique classique parle d’abord au cœur. On peut donner MOZART en pâture dans des compilations sans cohérence, ringardiser sa production, parler de lassitude, critiquer ses œuvres de jeunesse ou au contraire surévaluer sa période viennoise, le MOZART de l’entre-deux est un génie qui ne se cherche déjà plus.

Notons quelques particularités. Le premier mouvement est très proche d’un air de la sérénade « Il Ré pastore » que MOZART avait composé plus tôt en cette année 1775. Il y a cependant de fortes chances que vous connaissiez mieux le concerto que la sérénade bien moins connue aujourd’hui. Le troisième et dernier mouvement quant à lui, après nous avoir une fois de plus émerveillé de son phrasé un peu plus complexe que la moyenne, nous surprend par une gavotte en 2 temps. Il s’agirait en réalité d’une citation d’un air populaire strasbourgeois de l’époque. L'attribution du surnom "Strasbourg" à laquelle les MOZART font référence dans leurs correspondance reste encore à ce jour disputée entre les 3e et 4e concertos.

Du côté de l’interprétation, on me conseilla celle de Julia Fischer dans le rôle principal accompagnée de Yakov Kreizberg à la direction de l’orchestre de chambre des Pays-Bas. Prise de son impeccable, précision dans les changements de rythmes, je n’ai pas eu besoin d’aller chercher plus loin. Pour les cadences, c'est-à-dire les parties solistes non composées par MOZART, on reste dans l’esprit du compositeur. Reprises des thèmes, parfois en double cordes, Julia Fischer insiste et donne un côté féminin à l’œuvre, subtil. Le seul défaut que l’on pourra reprocher au disque, c’est l’Adagio K261 qui tendrait à me contredire quant à l’homogénéité en qualité des concertos pour violon de MOZART. Le rondeau isolé K.269, en revanche, est indispensable.

Mais la star, aujourd’hui, est le 3e concerto pour violon. Un chef d’œuvre facile à écouter. Rien à redire.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Julia Fischer (violon)
- Yakov Kreizber (direction)
- Netherlands Chamber Orchestra


- concerto Pour Violon N°3 En Sol, K.216
1. Allegro
2. Adagio
3. Rondeau (allegro-andante-allegretto-allegro)
- concerto Pour Violon N°4 En Ré, K.218
4. Allegro
5. Andante Cantabile
6. Rondeau (andante Grazioso)
- adagio Pour Violon Et Orchestre En Mi, K.261
7. Adagio
- rondo Pour Violon Et Orchestre En Si, K.269
8. Rondo



             



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