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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1969 Yes
2021 The Quest
2023 Mirror To The Sky
 

- Style : 5uu's, Nektar, Emerson, Lake & Palmer, Kansas
- Membre : Squackett, Chris Squire , Rick Wakeman , Asia, The Moody Blues , Uk, Yoso, Jon Anderson , Gtr, King Crimson, Jon & Vangelis
 

 Site Officiel (2265)
 Billboard : Owner Of A Lonely Heart (1100)

YES - Mirror To The Sky (2023)
Par AIGLE BLANC le 30 Novembre 2023          Consultée 1409 fois

Sorti le 19 mai 2023, Mirror to the Sky est le 23ème album studio de YES. Débutée en 1969, sa carrière discographique couvre pas moins de cinq décennies. Pareille longévité, même si elle ne peut encore rivaliser avec celle des ROLLING STONES (60 ans d'âge), ne manque pas d'impressionner, n'en déplaise au journaliste de Rock & Folk Nicolas Ungemuth qui ne s'est pourtant jamais privé de 'cracher' sur la musique et la réputation du groupe de Chris Squire, affirmant que les fans de YES ont un goût musical déplorable.

Qu'on soit adepte ou non de ce rock progressif, peut-on nier l'extraordinaire énergie de YES capable, au gré des multiples soubresauts de son histoire mouvementée et des impasses dans lesquelles il est quelquefois tombé, de renaître de ses cendres quand on ne l'en croyait plus apte?
C'est ainsi que, suite au départ en 1980 du chanteur Jon Anderson, personne, pas même les fans, n'aurait osé parier que le groupe délivrerait un opus de la trempe de Drama, ni qu'au début des années 80, et après la vague punk ayant atomisé les groupes de rock progressif, il accèderait de nouveau au succès grâce à l'album de rock 90125, période bicéphale de sa carrière, s'il en est, où, scindé en deux formations antinomiques, il alignait les opus contradictoires, le camp de Trevor Rabin délivrant un rock de stade des plus efficaces, tandis que, de l'autre côté, le camp de Jon Anderson et de Steve Howe s'évertuait à défendre son bagage 'progressif' constitutif selon eux de son ADN indivisible. Au mitan des années 90, retrouvant plus ou moins son unité originelle, Chris Squire réconcilié avec Jon Anderson, Steve Howe et Rick Wakeman, le groupe, à la force de sa volonté et de son indéniable talent, a presque réussi à tutoyer ses oeuvres maîtresses des années 70 (The Yes Album, Fragile, Close to the Edge, Relayer) en immortalisant sa flamme et son génie dans les deux volumes des Keys to Ascension, même si cette ambitieuse et noble entreprise se solda par un semi-échec (ou semi-succès, selon le point de vue) artistique, à cause d'une ligne éditoriale incohérente -lire la chronique des deux Keys to Ascension dans Forces Parallèles.
Après l'imposant silence de 2001 à 2011, on a pensé que l'album symphoniqueMagnification serait le chant du cygne de YES, mais ce dernier est revenu sur le devant de la scène et dans les bacs des disquaires avec son 19ème album Fly From Here qui relance sa carrière. La mise à l'écart de Jon Anderson du poste de chanteur, suite à ses problèmes de santé, puis la mort du bassiste Chris Squire et du batteur Alan White, tous pourtant figures incontournables de YES, ne sont même pas venus à bout d'un groupe à la vitalité exceptionnelle, que semble avoir pris en main le guitariste Steve Howe, producteur des deux derniers opus.

Il est difficile de défendre YES depuis 2014, année de sortie de l'album Heaven & Earth qui a vu arriver au micro le chanteur Jon Davison. Il est plus qu'étrange que le patronyme de ce dernier, 'Jon', soit aussi celui de Jon Anderson. Le chanteur originel de YES n'a en effet jamais caché la transformation à laquelle il a recouru en supprimant le 'h' de son prénom (John), une façon de se créer une sorte de pseudonyme 'light'. Que le prénom du nouveau chanteur affiche la même singularité orthographique pourrait être interprété comme une volonté de se légitimer au poste de chanteur d'un groupe si prestigieux. Plus gênant encore, son timbre vocal ressemble à s'y méprendre à celui de son illustre prédécesseur. Ce n'est pas un défaut en soi, mais cela questionne la frilosité du groupe dans le choix de son nouveau chanteur. MARILLION, quand il avait changé de chanteur en 1989, avait su faire preuve de courage en laissant sa chance à Steve Hogarth dont le chant et la technique vocale n'ont strictement aucun lien avec ceux de FISH. Pourquoi YES n'a-t-il pas rappelé Jon Anderson une fois la santé de ce dernier rétablie, alors qu'il recherchait une voix semblable à la sienne? Jon Davison assume correctement son rôle de chanteur dans le groupe, mais, similitude étrange encore une fois, il apparaît dans les crédits comme auteur des paroles et co-compositeur de la plupart des titres, exactement comme c'était le cas de Jon Anderson. Au jeu des comparaisons, le nouveau chanteur ne fait pas le poids face à son prédécesseur.
Au dernier album, celui sur lequel se penche ladite chronique, les paroles de Jon Davison impriment une couleur thématique unie, liée à une réflexion autour de la place de l'Homme au sein du Cosmos, d'où le titre éponyme de la dernière piste, "Mirror to the Sky". Les textes ne sombrent pas dans la mièvrerie que n'arrivait pas souvent à camoufler Jon Anderson, mais cela ne masque pas pour autant les clichés ou simplismes qu'ils affichent avec une candeur virant à la naïveté. On comprend dès lors que les paroles ne sont pas l'atout maître de l'album qui doit être évalué principalement pour sa musique et ses compositions.
C'est sur ce plan qu'intervient Steve Howe, désormais seul membre presqu'originel du groupe, puisqu'ayant rejoint la formation dès The Yes Album en 1971, soit dès le 3ème opus. Le 'génial' guitariste, qui a toujours su comment devait sonner la musique de YES, s'est toujours refusé à l'orienter vers le rock A.O.R, décriant de la sorte le mitan des années 80 lorsque sévissait son rival Trevor Rabin, responsable pourtant du plus grand succès de YES, l'imparable "Owner of a Lonely Heart". On peut se demander pourquoi Steve fustigeait autant cette période de rock FM, alors qu'il faisait, et fait toujours, partie du groupe ASIA, fer de lance de ce courant du rock de stade. Depuis qu'il a pris les rennes du groupe de Chris Squire, il affiche sa volonté de revenir au style ayant valu le succès du groupe, c'est-à-dire un rock mélodique, composé de soli de guitare plus ou moins planants, très ouvragés, mais par le biais d'une formule 'simplifiée', les plans tarabiscotés du YES de la grande époque n'ayant plus cours aujourd'hui. Cela donne depuis Heaven & Earth des albums de rock plutôt tranquilles que d'aucuns n'hésitent pas à qualifier de 'rock à papi', caractéristique bien gênante venant d'une formation aussi aventureuse au cours des années 70 voire années 90.

Si l'on fait abstraction de la carrière passée de YES, il n'est pas interdit d'apprécier, même discrètement, Mirror to the Sky qui, bien plus que le précédent album Heaven & Earth, contient suffisamment de qualités pour satisfaire le goût d'un fan comme moi, sans excès rédhibitoire. Si le chant de Jon Davison ne retient pas vraiment l'attention, il n'offre aucune saillie susceptible de provoquer l'ire de l'auditeur. Le jeu de Steve Howe, qui s'accorde des espaces de liberté par pur plaisir (rien de plus normal quand on est soi-même également le producteur), est bien reconnaissable à son toucher méticuleux, d'aucuns pourraient pointer 'ses tics', même si le guitariste a bien perdu son énergie originelle, ses attaques ayant perdu leur mordant. Les autres musiciens font le boulot, sans génie particulier. Geoff Downes aux claviers a suffisamment de métier pour assurer 'le job', tout en restant relativement en retrait au cours des 6 titres que contient l'album. Billy Sherwood à la basse ne saurait rivaliser avec le style inimitable de Chris Squire qui conférait à la musique de YES une assise rythmique et un groove incroyables lors de sa grande époque. Le nouveau venu au sein de la formation, et membre à part entière cette fois, Jay Schellen, remplace le regretté Alan White à la batterie et aux percussions. Le groupe joue bien, mais peine à insuffler l'énergie légendaire, autrefois ADN de YES.
Jon Davison co-compose 5 titres sur 6, souvent en binôme avec Billie Sherwood ; quant à Steve Howe, il co-signe 4 pistes. L'album s'écoute sans réel ennui, mais sans passion non plus, quelques passages venant relancer l'intérêt par leur beauté ("All Connected" et "Luminosity"), tous dûs au talent de Steve Howe, même si ce dernier apparaît bien émoussé en l'état. Si la ballade finale, signée de Jon Davison, "Circles of Time", retrouve par instant le charme des anciennes, telle "Wonderous Stories", elle a le mérite de succéder à la pièce de choix de l'album, l'honorable suite musicale "Mirror to the Sky", assez intéressante dans ses développements, sans toutefois atteindre la dernière réussite dans ce domaine, l'admirable "In the Presence of" de Magnification qui date quand même déjà de 2001. Du haut de ses 13 minutes, "Mirror to the Sky" n'est pas sans réserver quelques jolies surprises à l'auditeur adepte de la veine la plus progressive du groupe, même si la qualité musicale fluctue par instants, sans la mettre en péril non plus. Il s'agit d'un effort appréciable, à condition d'oublier les chef-d'oeuvres qu'étaient notamment "Heart of the Sunrise", "Starship Trooper" et "Awaken" pour ne citer que des pièces d'une durée similaire.

Mirror to the Sky est déjà éreinté par certains critiques. Pour ma part, je ne trouve pas l'album franchement mauvais. Les 6 titres qui le composent naviguent entre le médiocre et le presque bon. Ce n'est pas suffisant de la part d'un groupe comme YES bien sûr, mais après tant d'années d'activités, le contraire serait-il encore possible?

Dans une de ses éditions, 3 titres ont été ajoutés en Bonus, rassemblés dans un second CD, comme c'était aussi le cas dans une édition de The Quest, l'effort studio précédent. Encore une fois, il ne s'agit pas d'un E.P livré avec le disque, mais de compositions signées Steve Howe, que le guitariste case de manière étrange, sans raison évidente. Ces trois pistes n'abaissent pas la qualité globale de l'opus, mais ne l'élèvent pas davantage non plus.

Note réelle : 2.5/5

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   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Jon Davison (chant, guitare acoustique)
- Steve Howe (guitares, steel guitare, choeurs)
- Billy Sherwood (basse, choeurs)
- Geof Downes (claviers)
- Jay Schellen (batterie, percussions)


1. Cut From The Stars
2. All Connected
3. Luminosity
4. Living Out Their Dream
5. Mirror To The Sky
6. Circles Of Time



             



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