Si l'on écoute certains fans, Going for the One, album du retour de Rick Wakeman aux claviers, est le dernier grand classique de YES. Et il est facile de comprendre pourquoi. C'est le dernier opus (jusqu'à Talk) à contenir une longue suite musicale de plus d'un quart d'heure, ce qui, en langage prog snob, veut dire que c'est bien. Sauf que Going for the One n'est ni le dernier grand album de YES, ni même un grand album tout court.

Allons directement au plat de résistance : "Awaken". Pour être franc, c'est une solide pièce progressive, concise et profitant de l'expérience désormais longue de YES dans le domaine. Seulement, ce n'est pas le meilleur pour autant. Étrangement, l'émotion véhiculée par Anderson peine à toucher, notamment dans le premier tiers. Au second, YES refait le coup de la longue plage « ambient », mais avec plus de soli de la part de Steve Howe, et des claviers bien baveux. En concert, cela appelle à des rallongements parfois intéressants, mais en studio, bof.

Le reste de Going for the One est tout aussi décent mais par moments clairement moins bon. Le morceau-titre est à retenir, ne serait-ce que pour les parties à la lap steel guitar ainsi que les couplets pleins d'une énergie pop-rock assez rare chez YES. En revanche, le pont musical est dépourvu d'intérêt. "Parallels" est en revanche inutilement grandiloquent, surtout avec l'orgue massif, et "Turn of the Century" en fait trop niveau pathos, au point de virer guimauve.

Going for the One n'est pas mauvais, mais il faut bien reconnaitre que les 3 ans de pause studio (et l'éviction de Moraz) n'ont pas vraiment fait du bien à YES. Un manque d'inspiration plane sur l'album, à un mauvais moment qui plus est, l'âge d'or du prog étant révolu. Et ça ne va pas immédiatement s'arranger.