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Eddy MITCHELL - Les Nouvelles Aventures D'eddy Mitchell (1999)
Par BAKER le 26 Mai 2018          Consultée 3100 fois

Il était impossible que la magie opère ad vitam aeternam. On a beau être pétri de talent et entouré des meilleurs qui soient, fatalement, les faux-pas finissent par arriver. Mais la raison d'être d'un faux-pas, c'est qu'on n'a pas vu venir l'obstacle. Ben ouais. Sinon, on l'aurait évité. L'obstacle. Ben ouais. (NDLR : Bon, et la salade de métacarpiens dans le pif, ça s'évite ?). Donc oui, lorsqu'Eddy Mitchell sort ses "nouvelles aventures" en 1999, soit trois ans après Mr Eddy, on se dit que tout va bien aller puisque tout va par trois : 3ème album depuis la "résurrection", 3 ans entre chaque album, et cette fois, 3 studios différents, comme pour Le Cimetière des éléphants, l'une de ses meilleures oeuvres.

Difficile donc de vous faire comprendre pourquoi la désillusion a été si cruelle. Car sur le papier, tout devrait rouler. Des studios top, trois styles musicaux différents (soul, puis crooning avec les légendaires Hollywood Strings, puis funk), des musiciens top niveau (notre vieux pote Basile Leroux, Waddy Wachtel, Lee Sklar, Eric Marienthal, les Tower of Power...), Pierre Papadiamandis à la composition, et moults sujets d'actualité propices au délicieux fiel tendre d'Eddy : les ordinateurs, les traders, les ordinateurs, les joueurs compulsifs, les ordinateurs, les bien-pensants, les ordinateurs... Bref, une recette bien dosée et déjà approuvée, avec juste ce qu'il faut de différences pour continuer d'avancer.

Las, cet album se démarquera surtout par le nombre catastrophique de titres lisses, voire inachevés, quand ce n'est pas carrément mauvais. Une première chez Schmoll depuis longtemps. Il faut remonter à C'est Bien Fait, 20 ans avant, pour trouver autant de titres qui n'ont pas le niveau. Pourtant, tout n'est pas noir, certaines chansons sont même très honnêtes, à commencer par la première (ne comptons pas les interludes, qui auraient été excellents si l'album l'avait été aussi). C'est du pur Mitchell : cuivres brillants, batterie bien au fond du temps, narrateur imbu de sa personne, phrase culte ("Faut investir dans le loser, ça peut prendre de la valeur"), un tube. Qui sera suivi d'un autre tube, l'excellent "J'Aime Pas Les Gens Heureux", mélodique en diable et misanthrope comme on l'aime (je rêve secrètement d'un duo Eddy Mitchell / Philippe COURTOIS. Pour de vrai, en plus).

La partie "Hollywood strings", qui a été créée dans l'unique but d'offrir des violons plus sirupeux qu'un pancake à l'érable, remplit aussi une partie de son contrat avec deux titres beaux mais pas parfaits. "Destination Terre" invite à la rêverie, avec un refrain absolument magique et planant, mais un couplet qui aurait mérité plus de travail. Quant à "Décrocher les Etoiles", elle est objectivement très jolie, mais manque un peu d'émotion pure - une émotion qui, avouons-le, sera présente lorsque ce titre sera joué en live avec un vrai orchestre.

Le reste des titres, par contre, naviguera entre le trop mou (des tempos pas adaptés), le roboratif ("Ton Homme De Paille" qui partait d'un bon sentiment mais ne décolle jamais, avec l'erreur de chanter à son auditeur "si je t'ennuie fais-moi signe" : surtout ne bougez pas une oreille), le fatigué, voire le carrément laid (le refrain des "Nuits de Pleine Lune"). Les musiciens peuvent être fantastiques, comme sur "T'Es Qu'un Joueur" qui fait penser au premier album de Bruce WILLIS, ça ne fonctionne pas. Il manque une âme, en fait, à ces chansons, à ce projet. "Golden Boy" par exemple devrait marcher : bon groove soul, texte qui se veut dans l'air du temps, mais c'est trop lisse, seul le pont avec cuivres brille un peu. Rien n'y fait : les deux tiers des titres ont le don de m'énerver peu à peu, le plus grave étant la partie New Orleans où aucune chanson n'arrive à surnager. Technique parfaite, mais manque de coeur.

Le plus grave dans l'histoire est peut-être la toute fin du disque. Outre une "chanson de fin" qui est censée faire marrer comme les précédentes mais échoue bien comme il faut (sans doute parce que l'auditeur n'a plus le coeur à rire), voilà que la maison de disques se permet de faire de l'humour condescendant. "Universal Polydor, dans un ELAN DE GENEROSITE, vous propose une version MUSCLEE de Golden Boy". Euh, les maisons de disques, une fois de plus j'ai envie de vous dire : de quoi j'me mêle ? D'abord, l'élan de générosité est un peu ébrêché vu que ledit titre bonus est clairement indiqué sur la pochette, donc pris en compte lors d'un geste technique mais néanmoins appréhensible nommé vulgairement "achat". Ensuite, la version "musclée", vous l'avez écoutée ? Je ne crois pas. La générosité des maisons de disques est une malédiction dont on se passerait volontiers.

L'album a eu un relatif succès, des critiques dithyrambiques, mais votre serviteur n'a jamais pu rentrer dedans, et ce n'est pas 20 ans et 30 écoutes plus tard qu'il y arrivera. Néanmoins, tout n'est pas perdu : non seulement 3/4 titres sont à sauver, mais plus important, la tournée qui s'ensuivra donnera naissance à un des tous meilleurs albums live d'Eddy.

PS : L'assez cher et rare double vinyl d'époque ne comportera pas la liste des musiciens ni les paroles. Krizdudisk. On aurait aimé un élan de générosité au format 30x30 monochrome double face communément appelé livret.


Note finale : 1,5/5

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- Non Disponible (pas de bras, pas de chocolat)


1. Hip Hug Her (intro Sessions Memphis)
2. J'ai Des Goûts Simples
3. Golden Boy
4. J'aime Pas Les Gens Heureux
5. Mauvaise Option
6. Hollywood Strings (intro Sessions Los Angeles)
7. Destination Terre
8. Ton Homme De Paille
9. Décrocher Les étoiles
10. Walking To New Orleans (intro Sessions New Orléans
11. Les Nuits De Pleine Lune
12. On Va Dire Que C'est Moi
13. Les 3 Singes
14. T'es Qu'un Joueur
15. Ce N'est Qu'un Au Revoir
16. Golden Boy (version Sans Cuivres)



             



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