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- Style : Dick Rivers , Johnny Hallyday , Jacques Dutronc

Eddy MITCHELL - Perspective 66 (1966)
Par BAKER le 8 Février 2018          Consultée 1987 fois

Derrière sa pochette entre polar noir et très léger effet psychédélique, se cache non seulement un nouvel album d'Eddy, le sixième déjà en à peine trois ans, mais également un premier tournant de carrière. On ne peut pas vraiment dire que le personnage soit coutumier du fait depuis 50 ans, mais s'ouvre ici sa période dite "noire", 66/74, où le garçon se cherche un peu, tente de trouver sa voie, pas seulement en essayant plusieurs styles comme sur les trois albums précédents, mais en tentant de mieux définir ses limites. Intéressant ? Oui, et à plus d'un titre. Le dernier, de titre, par exemple.

Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs (le LONDON ALL STAR BAND, en l'occurrence), que propose cette perspective 66 ? D'abord, un son pourri. Presque mono, crachouillant, en fait moins bon que le précédent. Manque de moyens ? Enregistré à l'arrache ? Qui sait ? Ensuite, cet album malgré quelques éclaircies se montre plus sombre, plus grave que les autres. On n'est pas dans du funeral doom évidemment, mais nous savons déjà qu'Eddy se partage entre trois styles : yéyé, rock'n'roll et soul. Eh bien le premier est éradiqué, balayé ! On n'en retrouve que quelques bribes éparses et pas forcément pour le meilleur. Et Schmoll n'y retournera plus jamais (ou alors à l'insu de son plein gré, et en petite quantité). Pour ce qui est du rock, on en retrouve un peu ici, polarisé notamment par une reprise du "Satisfaction" des STONES. Et ce n'est franchement pas ce qu'il a fait de mieux : Jimmy PAGE peut être aisément renommé Jimmy Sage, et la reprise tombe à plat malgré un batteur qui fait tout ce qu'il peut.

Non, cette nouvelle perspective voit Eddy se muer en chanteur de soul, et son groupe de rock et country rock doit se mettre à la page (NDLR : Avoue, ça fait huit ans que tu veux la sortir celle-là). Et au-delà de quelques titres simples mais efficaces (le titre d'ouverture où il force un peu sa voix), on sera également surpris de la complexité de la plupart des morceaux. "Elle Détruit Les Garçons" par exemple est un vestige de la période yéyé mais doté d'une construction qui va bien au-delà des trois accords, il s'en passe des choses en deux minutes et demie. De même pour "Tu Ferais Mieux de l'Oublier" qui propose des arrangements intéressants, avec un petit fumet irlandais. Certaines chansons par contre vont nulle part et se montrent bien trop énormes, trop vastes pour Eddy : "we gonna need a bigger boat", dirait Roy Scheider (ou Dwayne Johnson, si vous aimez le cinéma intellectuel). "To Be Or Not To Be" par exemple, ou le surgonflé aux hormones "Aux Yeux De Ton Amour".

Heureusement, la face B de l'album se montre non seulement supérieure à sa cousine germaine, mais montre même un Eddy qui n'est pas prêt à rendre les armes. Quasi-progressif sur "Serrer Les Dents" qui emprunte au flamenco et au gospel avec un chant habité, sombre et ambiancé avec un étonnant "Tu Es Le Seul" puisant dans ce que la France faisait de mieux en ces années mid-60 (à savoir le film noir), folk rock pastoral sur la face B "J'Avoue" finalement plus sympathique qu'autre chose, mais surtout R&B riche et flamboyant avec une reprise de Tom JONES qui lui va comme un gant : Eddy ne sort aucun tube, mais se refuse à stagner.

De même dans ses paroles, le garçon va bien plus loin qu'avant et se permet d'être tour à tour iconoclaste sur la religion ("Je Lui Raconte Ma Vie", début d'une loooooongue histoire d'amour entre Schmoll et l'église), sur la mode (la face B "Les Filles Des Magazines", délivrant un message avec lequel je suis on ne peut plus d'accord, même si la chanson en elle-même est inutile), et sur... les modes, musicales : étonnante, à double sens et stratégiquement placée en fin d'album comme un bon vieux cliffhanger de série, "S'Il n'En Reste Qu'Un" met la carrière d'Eddy en abîme. Il attaque frontalement un sujet délicat et se jette dedans tête la première, en égratignant quelques collègues au passage (Hervé VILARD s'en prend plein le... faciès. Bande de mauvaises langues !). Difficile de l'imaginer maintenant mais, à l'époque, Eddy se mettait réellement en danger et ignorait s'il pourrait continuer sa carrière à ce rythme. Et si cet album est encore relativement réussi, en tout cas agréable à l'écoute nonobstant le son crado, l'Histoire avec un grand H n'a pas encore commencé : le chanteur n'a pas encore trouvé son Pygmalion. Ce sera pour une prochaine histoire, les enfants.

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   BAKER

 
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- Eddy Mitchell (chant)
- London All Star Band (instruments)
- Jean Bouchéty (arrangements)


1. Et Tu Pleureras
2. Elle Détruit Les Garçons
3. Tu Ferais Mieux De L'oublier
4. Je Lui Raconte Ma Vie
5. Aux Yeux De Ton Amour
6. To Be Or Not To Be
7. Je N'ai Qu'un Coeur
8. Rien Qu'un Seul Mot
9. Serrer Les Dents
10. Tu Es Le Seul
11. Revoir Encore
12. S'il N'en Reste Qu'un
- bonus Faces B
13. J'avoue
14. Les Filles Des Magazines



             



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