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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Dick Rivers , Johnny Hallyday , Jacques Dutronc

Eddy MITCHELL - Ici Londres (1989)
Par BAKER le 22 Mai 2018          Consultée 2159 fois

Nashville, puis Paris. Les années 80 touchent à leur fin, et si les deux derniers disques d'Eddy ne déméritaient pas, leur succès fut plus confidentiel que les trésors de la décennie passée. Alors où aller pour continuer, cahin-caha, son petit bonhomme de chemin ? Londres semblait une bonne idée. Eddy s'y est déjà rendu lors de ses vertes années, il y connait du monde, et puis ce ne sont pas les bons musiciens qui y manquent. Il fera donc produire son nouvel opus par P.J. Vettese, claviériste dont les faits d'armes résonnent AOR : FOREIGNER, JETHRO TULL période 80s, FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD. Ce sera un pari audacieux et en demi-teintes.

Car si le disque dispose de pointures aux instruments, notamment Danny Cummings et la paire rythmique Graham Broad / Graham Edwards, la production de Vettese et notamment ses synthétiseurs risquent de pas mal vous piquer. Pourtant, c'est un gros fan des synthés glouglouteux bien pourris qui vous dit (écrit) ça, mais nous parlons d'Eddy Mitchell, un grand chanteur qui voilà à peine trois ans travaillait avec Jean-Yves D'ANGELO et Maurice VANDER. Donc cet album sonnera un peu plus creux, plus daté et moins swing que tous ses précédents, toutes périodes confondues. Mais cette froideur, cette impression de budget restreint, peuvent-elles mettre à mal tout l'édifice ?

Cette fois, le miracle n'aura pas lieu. L'album se laisse tout à fait agréablement écouter, mais certaines chansons ne sont plus au standard d'excellence auquel Schmoll nous a habitués depuis pfff... 13 ans maintenant, une éternité. Une petite moitié de titres souffrent d'une production un peu pâteuse et de mélodies en roue libre, voire roboratives. Pour un "Me Laisse Pas Tomber" assez frais qui donne dans l'hymne de stade FM, on a des "Tâche d'Huile" ou "Lionnes de Mer" totalement oubliables, ou des chansons trop calquées sur ce qui se faisait à l'époque. Ainsi "Du Déjà-Vu" se laisse apprécier mais porte extrêmement mal son titre : du déjà vu ? Oui : "The Heat Is On" de Glenn FREY !

Une petite moitié très, très loin du savoir-faire de vieux goupil. Mais une autre moitié qu'il convient de ne surtout pas sous-estimer. Côté rock, ça envoie le pâté avec ce qui deviendra encore un gros tube et un classique de concert (vous pensiez y échapper ?) : "Lèche-Botte Blues", délicieusement ironique. La version studio est très "stiff", lourde et synthétique, mais possède justement un caractère que les versions live plus organiques gommeront. Elle est suivie par la méconnue mais culte "Coeur Vinyle", accrocheuse et dynamique, avec solo de guitare pyrotechnique, bêtises sonores ("laser !"), très bon groove, et texte ô combien savoureux... bien que cruellement prophétique. En effet, pour une chanson rendant hommage à notre bon vieux 33 tours, c'est mal tombé : Ici Londres est un des albums les plus rares d'Eddy sous ce format. Et rappelons que l'album suivant, Rio Grande, peut-être le plus important de sa carrière, sera le seul à... n'être jamais sorti en vinyle ! Mauvaise pioche.

Et les ballades ? Notre rockeur, qui vient de tâter du DX7 et de la batterie électronique, sait-il toujours crooner malgré la température sibérienne du studio ? Oui, que oui. La ballade de fin, signée de Patrick Lemaître mais totalement dans l'esprit Papadiamandis, est très jolie malgré les sons franchement cheap. "Under The Rainbow", petite favorite des fans, est une adorable carte de visite du sud des Etats-Unis (pensez au Magicien d'Oz) qui aurait mérité un vrai orchestre. Et puis, s'il fallait une seule excuse pour s'offrir cet album mi-gris, on la trouverait aisément en la personne du "Baby Blues". Un chef-d'oeuvre, un des summums de sa carrière. D'une délicatesse fantastique, aidée par un texte ciselé et des musiciens vraiment concernés (Graham Broad surtout), cette chanson est un pur joyau de composition, dont le dernier accord est le clou fermant le cercueil de nos doutes concernant la capacité du duo Pierre / Claude à se hisser aux plus hauts niveaux de leurs homologues américains.

L'album ne sera pas un carton, mais "Lèche-Bottes" permettra à Eddy d'ajouter un temps fort à son répertoire live. Les concerts seront bons. Ils le sont toujours. A la limite du trop attendu. Sympathique mais frustrant, ce disque sent quand même le déclin de carrière entamé, petit à petit. Comme si Eddy s'y était préparé d'ailleurs. Si nous avions su que l'histoire ne comptait pas s'arrêter là...

Note finale : 2,5/5, 2 étoiles

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   BAKER

 
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- Eddy Mitchell (chant)
- Peter John Vettese (claviers, prog)
- Alan Darby (guitare)
- Keith Airey (guitare)
- Paul Dunn (guitare)
- Graham Broad (batterie)
- Graham Edwards (basse)
- Danny Cummings (percussions)


1. Lèche-bottes Blues
2. Mon Coeur Vinyle
3. Under The Rainbow
4. Me Laisse Pas Tomber
5. Du Déjà Vu
6. On M'a Dit Que
7. Le Baby Blues
8. Tâche D'huile
9. Les Lionnes De Mer
10. Comment Fais-tu Pour Dormir ?



             



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