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Eddy MITCHELL - Rock'n'roll (1971)
Par BAKER le 17 Mars 2018          Consultée 2760 fois

En 1970, Eddy MITCHELL ne sort pas d'album.

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup : ça veut dire qu'il était libre, dans sa tête, Diego, Babacar, Paradis Blaaaaaaaaaaaanc ! (NDLR : Bon, tu te calmes ou on ressort ta jolie chemise blanche à très longues manches qui te va si bien...). Oui donc hem hem, Eddy, 1970, pas d'album. Après une frénésie de sorties, des albums à la pelle sans compter plein de maxi 45t, souvent excellents en plus, et pour finir un premier live sorti en 1969, Eddy freine. Le doute l'habite (ça fait mal). Et pour être franc, le premier contact avec cet album est... déstabilisant pour rester poli. Pochette noire charbon, Eddy photographié seul façon Calimero, fonte gothique aux reflets métalliques, et ce titre : "Rock'n'roll", vous savez, le genre musical qui a fait la célébrité et la fortune de Schmoll.... et auquel il a largement tourné le dos, progressivement d'abord puis très franchement dans "Mitchellville".

On met le disque, et là, après le poids des mots, le choc des photos : "Le Marchand de Poupées" est un bon titre. Franchement. Il est pas mal, il se laisse écouter. C'est bien chanté, pas mal écrit, ça va, trankil péperrade. Sauf que ce n'est pas du Eddy MITCHELL, du tout. Le riff de guitare est gras, vous savez, GRAS, comme du... hard rock, et le son de ladite guitare, surtout en solo, est "processed" comme on dit en Péruvien : et ça, c'est une première pour MITCHELL qui a toujours privilégié les sons de gratte "naturels" (saturés ou pas). Là aussi, c'est du hard rock. Et cette voix doublée, ça sonne bien, ça le fait, mais c'est une technique souvent privilégiée par les groupes de... hard rock.

Eh oui, en cette année 1971, qu'est-ce qui marche le mieux ? A part la variété, genre multiformes auquel Eddy restera toujours plus ou moins fidèle, ce qui se vend, c'est le rock progressif (YES, KING CRIMSON, MAGMA, ELP... GENESIS est encore un poil confidentiel), et le "hard rock", ce son puissant et fielleux popularisé par LED ZEPPELIN (dont le fondateur a été guitariste de Schmoll, rappelez-vous) et nouvellement BLACK SABBATH. Et en bonne éponge, Eddy a, peut-être malgré lui, absorbé les fondamentaux de ces deux styles. Du prog, on en trouvera dans le son des guitares acoustiques, folk et 12-cordes, comme sur "Ca N'Arrive Qu'Aux Vivants" (chanson vraiment chouette gâchée par les choeurs "papada"), dans l'intro hyper-MAGMA de "Pneumonie Rock", sur le pont franchement Rick WAKEMAN de l'excellente "Gwendolina" (couplets bucoliques, refrains rock-hard pêchus).

Et du hard ou assimilé, on en trouvera dans de l'excellent ("Rock'n'Roll Star" et son intro complètement Phantom of the Paradise (trois ans avant !), chanson incroyablement mature et forte pour l'époque et coup d'éclat de Pierre PAPADIAMANDIS), et du beaucoup moins bon : "Pauvre Emigrant" dont le joli début est piraté par une tentative de riff heavy à côté de la plaque, et un lourdingue "Big Boss Man" : imaginez "Whole Lotta Love" (tiens tiens, du Willie DIXON... repris par LED ZEP... tiens tiens tiens...), mais en 16 tours. Ca ne fonctionne pas. On trouve aussi quelques relents country, folk ("Je Te Reviendrai Toujours" aux accords de guitare THE WHO), et même du rock'n'roll, ouf, enfin, il serait temps au cinquième titre ! Après tout ce n'est pas comme si c'était le nom de l'album, hein...

Donc, qu'en penser, de ce disque plus ou moins maudit ? C'est délicat. En tant qu'album d'Eddy MITCHELL, c'est très difficile de le conseiller tant le bonhomme est transfiguré. Mais en tant qu'album de musique tout court, eh bien, je dois admettre qu'il est très loin d'être désagréable ! Si on enlève deux-trois petits ratés (dont le titre de fin gâché par le son de guitare pourri, la guitare fausse d'ailleurs, et le fade-out atroce), "Rock'n'Roll" est un bon petit disque de... rock. Où Eddy n'a pas forcément le beau roll (NDLR : Mais sors, bon dieu, sooooooooooooors ! Et prends la clef !!!). Non, ce sont surtout les musiciens qui sont la star du disque, extrêmement capables dans tous les styles. A noter que ce sont les mêmes que sur "Mitchellville", peu ou prou.

Et nos faces B alors, est-ce qu'en 1971 c'est terminé ? Pas encore. Et heureusement, car là aussi MITCHELL se lâche. Nous avons, dans le désordre, une chanson en mode "stress et panique" sur un accident de voiture (Michel SARDOU reprendra le concept 4 ans plus tard) reprise de IDES OF MARCH, ce qui fait qu'Eddy MITCHELL a officiellement repris du... Jim PETERIK. Gloups. Nous avons un "Les Vieux Loups" joué par le groupe de prog ZOO, arrangé par Jean-Claude "God" PETIT, et qui fait penser dans sa classe naturelle à du... Claude BOLLING. Nous avons "A l'ouest d'Eddy" et le logo de la 20th Century Fox (nous sommes 6 ans * AVANT * Star Wars !), une chanson qui est un résumé exhaustif de l'album "Racines" qui sortira 13 ans plus tard (!). Nous avons le petit frère de "Société Anonyme" : "Dodo Metro Boulot", raté musicalement mais qui reste toujours, comme on dit dans les médias, "cruellement d'actualité".

Nous avons une "coda romantique" en la personne de "Elle Part", une des chansons les plus douces de tout le vaste répertoire d'Eddy. Nous avons aussi une reprise, réussie et à l'univers western, de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL. Et enfin, en restant dans le western, nous avons "Arizona", une chanson exaltante, parfaitement mise en (scène) musique, aux textes impeccables. Eddy frôle ici ce qui deviendra sa période 76/80, pour certains sa meilleure. Bref, comme vous le constatez, nous avons pléthore de super faces B qui sont tout aussi diversifiées que l'album. Album maudit donc, mais tout à fait digne d'intérêt. On a peur pour Eddy certes, et pour son avenir ; mais en attendant, on a été aussi charmé que surpris.

Note finale : 3/5 pour l'album et 3,5/5 pour le CD remaster

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   BAKER

 
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- Eddy Mitchell (chant, choeurs)
- Don Harding (guitare)
- Gilbert Bastelica (batterie)
- Pierre Papadiamandis (claviers, choeurs)
- Dean Noton (guitare)
- Jo Wright (guitare)
- Mick Green (guitare)
- Marc Berteaux (basse, choeurs)
- Jeff Seffer (saxophone)
- Michel Ripoche (violon)
- Serge Blondi (percussions)


1. Le Marchand De Poupées
2. Ca N’arrive Qu’aux Vivants
3. Big Boss Man
4. Le Nouveau Mercenaire
5. J’aime Le Rock’n’roll
6. Rock’n’roll Star
7. Pauvre émigrant
8. Pneumonie Rock Et Boogie Woogie Toux
9. Je Te Reviendrai Toujours
10. Gwendolinda
11. L’arc-en-ciel
- bonus
12. Arizona
13. Elle Part
14. J’aurai Sa Fille
15. Garde Bien Tes Deux Mains Sur La Table
16. Les Vieux Loups
17. L’accident
18. Dodo, Métro, Boulot, Dodo
19. A L’ouest D’eddy
20. Le Vieil Arbre
21. Maudit Week End



             



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