Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  REMIX/ARRANG.

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Dick Rivers , Johnny Hallyday , Jacques Dutronc

Eddy MITCHELL - La Même Tribu, Volume 2 (2018)
Par BAKER le 2 Juin 2018          Consultée 1885 fois

Quelle est la différence entre les deux volumes de la Même Tribu ? Attention, question piège. Car la réponse ne se trouve pas dans le disque, mais dans l'actualité écoulée entre les deux sorties. Le volume 1 commençait avec la chanson La Même Tribu, inventaire des invités ("invitaire" dirait Bigard) où résonnait la voix puissante de Johnny Hallyday. Le volume 2 se termine par la même chanson, dans un mix légèrement différent, plus onctueux, plus "le son Warner West Coast L.A.", et d'ailleurs un peu meilleur. Où la voix de Johnny s'élève, une seconde fois, mais d'outre-tombe. Oui, Eddy Mitchell a 75 ans, et son meilleur ami nous a quittés à 74. Et on ne peut pas dire que la majorité du casting soit de toute première jeunesse, ni débordante de santé. C'est donc le coeur un peu lourd que cette voix éraillée, qui dure à peine deux secondes, nous ramène à l'essentiel : ce disque d'Eddy, ce sera peut-être son dernier. Et la dernière apparition de Sanson, de Sheller, de Jonasz, de Le Forestier... Une même tribu, oui, d'artistes qui ont apporté à leur public de la joie mais aussi du respect et du labeur. Une tribu qui se meurt, peu à peu, remplacée par la Génération YouTube.

...Bon, on arrête de s'apitoyer sur notre sort, pour le moment les chanteurs ci-présents sont VIVANTS, bon sang de bois ! Allez Baker, une petite gélule d'Optimistik 500g et c'est reparti! Car le premier tome de ce bilan de carrière avait été assez agréable, voire surprenamment réussi. Peut-on décemment écouter le 1 en ignorant le 2 ? Non, évidemment, puisque de toutes façons l'album est conçu comme un double. Même principe, mêmes musiciens, mêmes réarrangements. ...Même qualité ?

Pas tout à fait. Un peu moindre. Mais séduisant quand même, ne nous leurrons pas. La différence se fera surtout sur le nombre, plus important, de ratés. Il y en a toujours sur un projet de ce type. Attention, je ne parle pas de titres un poil décevants : il y en a aussi, mais rien de méchant. Pas de Boogie fait peur avec Eddy fatigué, mais ça réagit en conséquence avec des arrangements plus mordants (la guitare solo remplace le piano). Et il sait toujours ronronner, le mistigri ! Obispo, immanquable, est très correct sur un Esprit Grande Prairie qui est trop proche de l'originale pour vraiment passionner, même si l'harmonica et les cordes finales sont délectables. Féfé sur un Vieille Canaille plus rock que big band, Arno qui se bat contre le français (il perd parfois) sur A Crédit, C'est La Vie excellent choix mais avec un Laurent Gerra en mode dégradé (depuis combien d'années désormais bâcle-t-il ses imitations ?), tout ça aurait mérité un peu mieux, mais se laisse très agréablement écouter : c'est des tubes d'Eddy hein, ça n'est pas biodégradable avec le temps.

Non, je parle de vrais ratés, de titres qui à aucun moment n'arrivent à se hisser à la qualité attendue pour faire face à un monstre tel que Schmoll. Il y en a quatre, soit le quart de l'album. Pas inquiétant mais rageant, Michel Jonasz n'arrive pas à faire fonctionner le duo sur "Je chante pour ceux qui ont le blues" ; rageant car la chanson était taillée pour lui, rageant aussi car dans le sens inverse, Eddy a su par deux fois sublimer les chansons de son pote. Plus grave, Maxime Le Forestier est totalement aux fraises sur Il Ne Rentre Pas, chantant la mélodie du... contrechant (!), fatigué, absent. La version est molle, le chant traînant, non : LES chants, même Eddy évitant soigneusement quelques notes. Choisie on ne sait pour quelle raison, Cécile De France ne sait absolument pas chanter. Voilà. Donc face à Eddy, ça coince, surtout qu'il est en forme pour une version de La Dernière Séance autrement meilleure que dans Grand Ecran.

Enfin, unanimement plebiscité par les médias, le duo sur Couleur Menthe A L'Eau propose Juliette Armanet, vous savez, "la nouvelle Véronique Sanson" d'après les défaites de la musique - les mêmes qui nous avaient déjà présenté Vianney comme "transgressif, presque dangereux mais au final rigolo" (sic). Elle n'a aucun charisme vocal. Mais aucun. Ses "ah ah ah" sur le pré-refrain sont pitoyables. Ah oui, on va rétorquer qu'elle a "un univers". C'est bien, d'avoir un univers : dans l'espace, personne ne vous entendra crier. Déjà que derrière un piano... Rendez-vous compte que lors de la seule phrase chantée en canon, c'est Eddy Mitchell, SOIXANTE-QUINZE ANS, qui s'occupe du contrechant aigü ! No comment.

Ce sont ces quatre titres un peu pénibles qui plombent l'ambiance, mais ne vous en faites pas, le vieux renard a d'autres flèches dans son carquois. Voulzy sussure un Rio Grande très mignon enjolivé par des violons mexicains ; Dutronc fils s'applique et se sent très à l'aise sur le Blues du Blanc, solo manouche (trop sage mais très correct) compris. Rayon surprises, une double : la résurrection de C'est Facile, énorme tube de l'époque totalement oublié, et en prime bien négocié par Helena Noguerra qui, à ma grande surprise, apporte de la sensualité et un côté "foxy" bienvenu, sans vulgarité ni fainéantise. Autre surprise, Memphis chantée en anglais. Si l'accent de Mitchell est... intéressant, la voix de Gregory Porter est magnifique et cette version excellente, bien que différente de l'original côté ambiance.

Enfin deux derniers duos se placent au top, et votre cher serviteur d'en revenir à son intro : ce sont deux amis, deux personnes ayant connu de graves problèmes de santé, et deux chanteurs n'ayant au départ rien à voir avec la country blues ironique d'Eddy Mitchell. William Sheller, en forme et même impeccable, s'approprie le Café Noir, de la même façon que Christophe sur le volume précédent, avec en plus de l'humour. Mais le vrai joyau de la couronne, c'est ce duo avec Véronique Sanson (la vraie donc, pas la frelatée) sur un Cimetière des Eléphants-tastique : voix géniale, arrangements mélangeant habilement les versions New-York et Los Angeles, cordes minimalistes, extraordinaire version.

Un album mignon donc, qui se laisse écouter malgré ses heurts, et surtout qui laisse Eddy finir - si tant est que ce soit la fin - sur une note haute. Car vocalement, c'est - à part deux petits titres - impérial. C'est bien simple, sur Le Blues, il a sa voix de 1984, intacte. Et pour le Cimetière, c'est à se demander s'il ne s'agit pas de bandes d'époque. Très impressionnant. Le talent inné, la classe, la générosité : si le voyage a été long et pas toujours facile, on ne peut pas dire que l'on se soit ennuyé en 58 ans de carrière.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par BAKER :


Eddy MITCHELL
Seul (1966)
Le premier vrai tournant de sa carrière.




Art MENGO
Un 15 Août En Fevrier (1990)
Une étoile est née !


Marquez et partagez





 
   BAKER

 
  N/A



- Non Disponible


1. Pas De Boogie Woogie
2. L'esprit Grande Prairie
3. Il Ne Rentre Pas Ce Soir
4. Le Cimetière Des éléphants
5. Vieille Canaille
6. Couleur Menthe à L'eau
7. A Crédit Et En Stéréo
8. That's How I Got To Memphis
9. C'est La Vie Mon Chéri
10. Rio Grande
11. C'est Facile
12. Le Blues Du Blanc
13. La Dernière Séance
14. Tu Peux Préparer Le Café Noir
15. Je Chante Pour Ceux Qui Ont Le Blues
16. La Même Tribu (version 2)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod