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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Dick Rivers , Johnny Hallyday , Jacques Dutronc

Eddy MITCHELL - Frenchy (2003)
Par BAKER le 27 Mai 2018          Consultée 2456 fois

Dans la très longue discographie d'Eddy MITCHELL, Frenchy semble un peu oublié. Il est pris en sandwich entre un album qui a été survendu, et un autre qui connaîtra un petit succès mais pour des raisons inhabituelles. La hype semble passée, Eddy n'est plus autant starisé, mais il est désormais devenu une légende. 2003, ça fait donc 43 ans qu'il fait des disques. Et même si la cadence commence légèrement à baisser (nous passons de 3 à 4 ans), il n'a plus de comptes à rendre à personne. Seul le plaisir de créer de nouvelles chansons et de repartir en tournée le forcera à sortir du plumard tous les matins. Et donc redécouvrir Frenchy est une cascade d'eau fraîche, une oasis au milieu de la variété de l'époque. Il se pourrait même fort qu'il s'agisse du dernier excellent album d'Eddy.

La simplicité est le maître mot. Une pochette noir et blanc, classe, sobre. Un titre qui pète mais qui résume toute une carrière. Des arrangements un peu moins expansifs que d'habitude, et évidemment bien moins que le précédent ratage : à croire que le quatuor a pris conscience que quelque chose clochait. Donc un son plus clair et plus aéré, moins de musiciens invités (encore qu'iceux soient de haute tenue, à commencer par Albert LEE !), et plus de soin apporté à finalement ce qui reste le plus important : les chansons. Encore une fois, c'est la hauteur de leur qualité globale qui interpelle. Frenchy ne paie pas de mine d'extérieur, n'a pas de vrai tube (MITCHELL n'en fera plus, les radios décidant que non, on va surtout pas prendre de risques à passer des chansons nouvelles), mais il recèle encore de vrais petits bijoux.

Ainsi "J'Aime Les Interdits" est du pur MITCHELL de compétition, avec son swing décalé délicieusement sautillant (c'est là que le père LEE va briller), son refrain à la mélodie contagieuse et des paroles qui tournent autour du sujet de prédilection du bonhomme. C'est drôle, fun, suranné mais avec un son chaud et une interprétation intemporelle. Bien plus expérimental, "Faudrait Pas Rester Là" détonne dans sa carrière : il s'agit d'un exercice de style signé Michel Gaucher avec un groove très spécial, et un traitement sonore décapant. Imaginez ça : du vocoder chez Eddy MITCHELL ! C'est déstabilisant mais l'excellence du texte et la malice dans la voix emportent l'adhésion. Plus soft rock, plus west-coast dans le son ouaté, "Coeur Glacé" est classe et se permet de citer IQ dans ses paroles ("des pilules pour dormir, d'autres pour se réveiller"). Ca fait deux fois que je cite IQ dans une chronique d'Eddy Mitchell. C'est louche. Viens Scully, on va s'étendre sur de vieux dossiers.

Mais l'âge venant, c'est surtout dans les tempos plus lents que Schmoll brille. Ce n'est pas un cliché, c'est un constat : sa voix devient plus grave, plus crémeuse, il module toujours mieux. Trois ballades sont ainsi parmi ses meilleures depuis des années. Finissant l'album onctueusement sur une musique jazz croon du pianiste Michel Amsellem, "Au Bar Du Lutetia" est un hommage vibrant aux heures d'or du jazz vocal, un joli clin d'oeil au pote Serge GAINSBOURG, et une réponse plus feutrée au "Bistrot Préféré" de RENAUD. Bijou qu'on ne cesse de redécouvrir avec émerveillement, "Sur La Route 66" est encore une fois une bien belle évocation du Midwest, avec ces petites notes de piano magiques, et des arrangements dépouillés qui charment avant de progressivement passer au semi-epic. Brillant.

Enfin pour quelqu'un qui avait vraiment raté son album précédent, "Le Monde Est Trop Petit" est un savant pied de nez. Une merveille de délicatesse, une chanson fantastique largement au niveau de la meilleure période du duo d'auteurs. Mais au fait, c'est quoi cette meilleure période ? Avec le recul, on appelle ça une carrière.
Le reste des chansons seront moins percutantes mais souvent sympathiques : glissandos de guitares et de cuivres à l'unison, cliché sur le blues poussé à l'extrême, chanson rockabilly traitée hyper-retro où Eddy sonne comme Dick RIVERS, l'homme se fait plaisir à moindres frais. Si Frenchy n'a rien de spécial qui le démarque, c'est peut-être ce qui fait au final sa forme : un classicisme de bon aloi qui met en valeur l'interprète, les musiciens, les textes et les mélodies au même niveau.

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   BAKER

 
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- Eddy Mitchell (chant)
- Clayton Ivey (claviers)
- Sébastien Cortella (claviers)
- Michel Amsellem (claviers)
- Albert Lee (guitare)
- James Hutchinson (basse)
- David Hood (basse)
- Evert Veheers (basse)
- Mark Winchester (contrebasse)
- Yves Torchinsky (contrebasse)
- Kirt Rust (batterie)
- Bernie Dresel (batterie)
- Rikki Fataar (batterie)
- Owen Hale (batterie)
- Denis Benarrosch (percussions)
- Georges Marinelli (guitare)
- Basile Leroux (guitare)
- Freddie Koella (dobro, guitare)
- Philippe Drouillard (guitare)
- Larry Byrom (guitare)
- Kelvin Holly (guitare)
- Greg Leisz (pedal steel)
- Michel Gaucher (saxophone, vocoder)
- Ray Hermann (saxophone)
- Eric Morones (saxophone)
- Willie Murillo (trompette)
- Robert Bennet (trompette)
- Stephen Baxter (trombone)
- Alex Henderson (trombone)
- Alex Ferdigon (trombone)
- Kako Bessot (trompette)
- Eric Giausserand (trompette)
- Kate Markowitz (choeurs)
- Carole Rowley (choeurs)


1. J'aime Les Interdits
2. Sur La Route 66
3. Faut Faire Avec Moi
4. Le Monde Est Trop Petit
5. Y' A Danger
6. Je Chante Pour Ceux Qui Ont Le Blues
7. Reality Show
8. C'est Pas Ta Journée
9. Coeur Glacé
10. Faudrait Pas Rester Là
11. Au Bar Du Lutetia



             



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