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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Dick Rivers , Johnny Hallyday , Jacques Dutronc

Eddy MITCHELL - Mitchell (1987)
Par BAKER le 19 Mai 2018          Consultée 1997 fois

"Mitchell" est un disque particulier dans la discographie d'Eddy. On le serait à moins lorsqu'on arbore Christophe Lambert sur la pochette. Oui, vous avez bien lu. Pochette somme toute pas plus incongrue qu'une autre, et qui présente une seconde particularité : cette fois, l'album s'intitulera bien "Mitchell". Pas de titre. En général, à un stade si avancé d'une carrière, opter pour un titre éponyme est une profession de foi, un avertissement ou une bravade (n'est-ce pas DREAM THEATER ?). Mais revenons à la musique : qui trouve-t-on dans cette cuvée 1987 ? Après tout, l'épisode Parisien ayant été un franc succès, Eddy aurait pu réembaucher la même équipe. Que nenni, il retourne à Nashville, y retrouve des musiciens locaux dont certains sont de vrais habitués : David Briggs, Reggie Young, Dale Sellers...... et pas Charlie McCoy. Vous avez bien lu, bis.

Ce qui frappera donc derechef sur cet album, ce sera le son. Que de changements depuis Racines, qui n'a que trois ans d'existence ! Cet album est digital. Terriblement digital. Particulièrement la batterie et les guitares. Vous pensiez que "Manque De Toi" ouvrait l'album précédent sur un glaçon, attendez-vous à une banquise (même si icelles ont tendance à fondre ces dernières décennies). Le Mitchell roots est totalement oublié, les synthétiseurs, gate reverb et pédales d'effets digitales règnent en maître. Bien sûr, on n'est pas chez HEAVEN 17 ou STOCK AITKEN WATERMAN, le style reste dans la variété FM à tendance un chouïa jazzy. Mais il est vrai que la rigidité sonore peut refroidir les ardeurs des vieux fans.

Quelles chansons trouvons-nous, une fois nos oreilles habituées à un son excessivement clair et aigu ? Essentiellement de la variété dans le style du Cimetière des éléphants, avec un peu moins de réussite. Plusieurs titres se montrent gentils sans être inoubliables - cependant, aucun n'est vraiment inintéressant. Ainsi le "Bonjour du Blues" se tire une balle dans le pied avec des textes se plaignant des synthétiseurs, tout en mettant en valeur un solo de guitare particulièrement digital. De même pour une chanson qui a fait couler de l'encre : "60 62", pamphlet contre la guerre d'Alg... pardon, les zévèn'ments... Le riff d'intro fait très peur, heureusement le refrain améliore le tout.

Le disque se laisse écouter sans aucun déplaisir, avec cependant des baisses de forme chroniques. Par rapport à Paris, il manque la classe innée. Heureusement, le savoir-faire lui est toujours intact. Ce qui donne une chanson comme "C'Est Magique", drolatique attaque contre les dieux du bistouri sur fond de musique entraînante et festive, ou encore le "Coup de Grâce", qui recycle le riff de "L'Idole Chante Au Dessert" pour finir l'album sur une note somme toute satisfaisante. Trois titres cependant se démarquent aisément sur cette galette, et rendent son écoute indispensable au moins une fois à toute personne s'intéressant à Schmoll.

D'abord, notre homme renoue avec la tradition de balancer un gros tube. Glacial, percutant et tubesque en diable, "La Peau d'une Autre" sera un très grand succès, doté d'une ambiance maîtrisée, et qui fait partie des grands classiques - bien que son sujet l'aie rendue un peu moins populaire auprès du public mainstream ces dernières années. Ensuite, "Où Est-Elle". Ce n'est pas une chanson parfaite, elle possède notamment un refrain un peu bancal qui n'est pas au niveau du reste. Car dans ledit reste, Eddy se frotte, tenez-vous bien, au hard FM / AOR. Synthés épiques, guitares grasses, voix qui force : cette chanson est bien plus proche de FOREIGNER que de "La Dernière Séance". Et il s'en sort bien, notre ami ! Sa prestation fait regretter qu'il n'aie pas retenté l'expérience, bien qu'on puisse légitimement comprendre que certains auditeurs aient été horrifiés.

Enfin, perdue au milieu du disque, "M'man" est devenue au fil du temps un des titres les plus connus et populaires. Il y a de quoi. Absolument déchirante, cette chanson pour une fois autobiographique est un modèle d'écriture, de mélodie et d'arrangements, qui touche en plein coeur. La froideur de la production ne fait que renforcer son ambiance, et Eddy livre une performance d'orfèvre. Son choix de note (choix ? ou étranglement de voix ?) sur le dernier mot montre un chanteur qui n'a désormais plus peur de rien, plus honte de rien, qui sait quand jouer un rôle et quand se livrer tout entier. Rare et précieux, ce petit morceau d'intimité sublime un album par ailleurs assez satisfaisant, peut-être un peu trop clinique, mais qui n'a rien de honteux. Des déserts comme ça, je veux bien en traverser trois par an.

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- Eddy Mitchell (chant)
- David Briggs (claviers)
- Dale Sellers (guitare)
- Reggie Young (guitare)
- Robert Wray (basse)
- Larry Paxton (basse)
- Bob Babbitt (basse)
- James Stroud (batterie)
- Harvey Thompson (saxophone)
- Charles Rose (trombone)
- Mike Haynes (trompette)
- Donna Mcelroy (choeurs)
- J.d. Martin (choeurs)
- Jana King (choeurs)
- Michael Mishaw (choeurs)


1. La Peau D’une Autre
2. C’est Magique
3. J’ai Le Bonjour Du Blues
4. Femme F.m.
5. Soixante, Soixante-deux
6. M’man
7. Où Est-elle ?
8. Quelqu’un Qui M’aime
9. Le Fils De Jerry Lee Lewis
10. Le Coup De Grâce



             



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