AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Barbra STREISAND en est à peine à son troisième opus qu’elle est déjà une super star mondiale reconnue par la critique et les connaisseurs. Les fans hurlent au miracle et demandent à la voir, à l’entendre, d’autant que la toute jeune femme n’a pas sa langue dans sa poche et que son humour décapant – comme ici - provoque la passion des foules. Alors quoi de plus naturel que de mettre cette fois sur le microsillon un des grands succès de Broadway auquel elle participe ? Quelques années avant sa transposition au cinéma, c’est donc Funny Girl qui est choisi pour porter le nouvel étendard de la voix divine. Ce sera donc une chronique particulière, mixant des éléments du film en plus du show new-yorkais.

Evidemment, le morceau de choix supra-classique de cette livraison est "Don’t Rain On My Parade" qui s’impose par sa gaieté et son dynamisme. Le titre doit beaucoup à l'interprétation si originale de Barbra STREISAND qui retrouve ici les accents si juvéniles de son premier opus. La voir dans le film chanter à tue-tête sous la statue de la liberté est un grand moment de cinéma. "Cornet Man" est une sacrée performance de notre chanteuse qu’on croirait transportée à New Orleans pour l’occase, et la voilà qui prend des intonations quasi black pour se faire, c’est très impressionnant. Quelle voix incroyable ! A mon sens, voilà les deux standards de cette livraison.

Elle partage certaines composition avec Sydney Chaplin, le fils de Charlie, totalement oublié de nos jours. "I Want To Be Seen With You Tonight" permet au fiston de montrer la puissance de sa voix grave, mais on est vraiment là pour Barbra qui éclate tout sur son passage. C’est globalement la même analyse pour "You Are Woman I Am Man", fort sympathique. On évolue dans ce qu’aiment tant les foyers américains sur "People". La chanson est pétrie de bons sentiments et servie par la gracieuse voix de Barbra. "Who Are You Now" est une autre belle démonstration de la voix unique de miss STREISAND qui ne craint alors aucune rivale. "Sadie Sadie" est une petite chanson qui prend le parti de swinguer un peu.

Pour moi cependant, il manque certains éléments probants pour faire de certains titres de musicals des chansons à juste écouter dans son salon, sans y associer les images du film. "I’m The Greatest Star" est vraiment une chanson de B.O indissociable du film et de la dynamique provoquée par les images, même si le titre se laisse bien écouter. "The Music That Makes Me Dance" est taillée pour mettre la star en exergue. Très efficace avec les images, elle perd de sa superbe en audio seul. "His Love Makes Me Beautiful" reste une portion à visualiser, un premier élément de reconnaissance des soucis de la femme à acquérir un statut à l’époque encore, des reproductrices.

Ambiance des grandes comédies musicales de son temps, l’"Overture" rassemble tous les éléments qui ont fait de l’oeuvre un des classiques de son temps. On y retrouve, comme c’est souvent le cas, plusieurs des thèmes majeurs qui vont suivre, cuivres rebondis et bonne humeur estive au programme. C’est l’Amérique à l’oeuvre dans ce qu’elle avait à l’époque de plus flashy !
Les autres titres sont donc sans Barbra et ne bénéficient pas de la même aura : "If A Girl Isn’t Pretty" sert d’introduction au film, avec ce qu’il faut d’espièglerie pour servir la cause mais, du point de vue musical, c’est entraînant mais peu mémorable. "Who Taught Her Everything" et "Henry Street" servent essentiellement à remplir l’ensemble. "Rat-tat-tat-tat" permet à tout le casting de s’exprimer sous le feu des projecteurs dans la joie et la bonne humeur. "Find Yourself A Man" ne sort pas du lot et perd de sa superbe si on ne regarde pas les images en même temps.

Bref, Funny Girl s’en sort avec les honneurs de la presse, de la critique et des fans, qui n’ont de cesse de porter leur Barbra aux nues. Située a l’écart des mouvements rock des sixties, Barbra STREISAND reprend le leadership des grandes chanteuses américaines de comédies musicales comme Doris DAY ou Julie LONDON, soit les plus grandes stars de la patrie de l’oncle Tom, qui portent toujours haut et fort les grands sentiments chers à la bannière étoilée. Un disque qui contient "Rain On My Parade" reste tout de même un essentiel à côté duquel il est difficile de passer sans réagir. C’est un trois.