On pensait en avoir fini avec les pochettes d’album nunuches dont Barbra était la championne, il y a quelques années, et boum ! Nous revoilà avec un modèle du genre ! Une démarche particulièrement ratée, vu l’époque. D‘autant que le titre parle d’oiseau et qu’on se retrouve avec un clebs en couverture ! Un bref coup d’oeil aux crédits de la playlist et on constate que Barb s’est un peu éloignée de ses habitudes, un petit coup de bol pour découvrir de superbes compositions ? Nous croisons les doigts ! Et donc voilà une Barbra écossaise pourtant plutôt passéiste sur cette pochette, pour ses 36 ans mais toujours aussi séduisante !

"Tomorrow" propose une petite guitare bossa pour embrayer sur un titre aux couleurs ensoleillées. Barbra s’y montre veloutée et à son aise. "I Don’t Break Easily" continue dans cette même veine avec un esprit carrément variété. Mais pour notre artiste, cela reste de la came très acceptable. On sort un peu des ambiances seventies pour entrer dans une vibe plus directe et moins larmoyante. "You Don’t Bring Me Flowers" est née de la collaboration entre Neil DIAMOND et le couple Bergman, qui a déjà pas mal écrit pour la chanteuse. Pas mal d’emphase comme on s’y attend souvent avec Neil, des cordes puissantes encadrent la voix de Barbra mais tout ceci manque un brin de patate à mon sens.

L’éponyme "Songbird" est de nature à présenter une nouvelle Barbra STREISAND, plus moderne, suffisamment éloignée des racines du great american songbook pour symboliser une nouvelle ère au final. Et ce n’est pas un mal que de se débarrasser des gênantes orchestrations seventies. Bon, vous me direz il en reste… et c’est vrai, mais moins. La chanson est donc agréable, on perd le petit côté nashvillien de ces dernières années. C’est à nouveau sa copine/rivale Kim CARNES qui est à la manette sur "Stay Away", son joli piano et sa jolie mélodie. On évolue entre variété et coutrypolitan, comme il se doit et comme on s’y attend. Le ton est entre soul et pop sur "Love Breakdown" qui en impose par son petit rythme chaloupé et sa bonne humeur matinée de cuivres rebondis.

Le positionnement féministe n’est pas encore là sur "Honey Can I Put On Your Clothes". Pourtant, Barb symbolise pas mal la montée des femmes dans la musique populaire. Ici, une charmante gratte s’ajoute à la fête et le résultat est sympa, avec une chanteuse qui pousse sur sa voix. D’ailleurs, bien qu’influencée par son temps, la réalisation de "A Man I Loved", aux choeurs soupirants, n’est pas désagréable. On sent une évolution dans le style de Barbra. Hélas, la guitare de "One More Night" redevient country d’opérette, mais la voix céleste ne s’en laisse pas compter et la mélodie reste plutôt réussie. On apprécie le refrain où Barbra pousse sa voix comme peu savent le faire. Puis "Deep In The Night" s'avère aussi prisonnière de son temps avec les aspects très présents de la soul et du disco sur des orchestrations trop lourdes.

Il manque clairement un classique à cet album bien plus digeste que ses prédécesseurs férocement ancrés dans les seventies. "Songbird" tient la route ainsi que plusieurs autres titres, mais pas au point d'instaurer une réelle postérité. La majorité des morceaux, cependant agréables, plaira aux aficionados de Barbra STREISAND. Je reste sur un trois stable pour cet album au clebs à l‘allure écossaise.