Voyez donc cette jolie paire d’yeux bleus qui nous scrutent avec attention ! Barbra, toujours aussi intense malgré les années qui passent, aujourd’hui a 55 ans ! Bien entendu, la difficulté pour se renouveler devient de plus en plus ardue avec les années qui passent, il faut s'adapter. Alors, on la retrouve dans des atours qu’on imagine plus sur sa collègue Stevie NICKS, la Gypsy Queen, choix étonnant pour notre Barb qu’on connaît coquine mais plutôt classique. Une jolie foto qui parvient encore à cacher les années qui s’amoncellent, comme sur nous tous. C’est l’époque où Barb partage sa vie avec James Brolin, ce qui a l’air de la rendre heureuse puisqu’ils sont toujours ensemble, toutes ces années plus tard. Allez, 27ème livraison de Barbra STREISAND, c’est parti !

La douceur est de mise lorsqu’on attaque cette livraison de fin de siècle avec "I Believe/You’ll Never Walk Alone", les images naissent comme lors des grands films classiques issus de la patrie de l’oncle Sam. Il y aura toujours cette connexion entre le chant de Barb et les images de la land of the free. Evidemment, nous attendions avec impatience le diamant sur le microsillon lorsque vont retentir "The Water Is Wide/Deep River" dans un medley traditionnel qui devrait être sympa. Elle est toute de douceur sur la première, alors que la seconde est plus liturgique, un brin trop lente mais toujours chargée en émotion, un chouette moment. On retient aussi "Avinu Malkeinu", un des chants traditionnels du Yom Kippur. Barb y assume son héritage juif avec aplomb, pour un des moments forts de cette livraison.

Nous avons un duo qui oppose deux des plus grandes divas de l’histoire de la musique populaire avec "Tell Him". La composition cependant, franchement moyenne, manque clairement de fond, se reposant intégralement sur la puissance vocale des deux stars. Céline DION est d’ailleurs assez irritante dans sa performance, elle en fait trop là où Barbra se contente de poser sa voix avec classe et distinction. Mais le titre n’a rien pour lui, même s’il s’en est écoulé plus d’un million d’exemplaires de par le vaste monde. Eh oui, il s'agit du single en chef ! "Leading With Your Heart" ne nous change guère. Et puisqu’on en parle, les similitudes avec le style pratiqué par S’lin de Montréal sont même assez évidentes. Pas remarquable pour autant, il s’agit pourtant d’un titre signé par le couple Bergman.

Le titre éponyme "Higher Ground" nous renvoie à une variété plus convenue, à grand renfort d’orchestration de cordes et d'un manque flagrant d’émotion. Sauf dans les foyers bien pensants ricains, évidemment. "On Holy Ground" reste dans le domaine d’une variété très calibrée, avec quelques réminiscences gospels qui nous font d’emblée entrer dans une église d’Harlem. Les choeurs sont bien fichus et l’ensemble n’a pas une mauvaise tête, même si la chose est vouée à plaire au plus grand nombre. "If I Could" nous plonge dans les méandres de la grande variété sirupeuse. Et ça continue avec la variétoche. "Lessons To Be Learned" n’échappe pas à la règle. Ah, pour sûr, Barb chante super bien. Mais sur des compos qui ne la mettent pas vraiment en valeur. L’ambiance de "Everything Must Change" tente de déployer un max de sensibilité, mais la compo manque de fond là encore. La petite guitare folk donne à "Circle" une identité plutôt agréable, même si l’ensemble sonne quasiment chant de Noël. Enfin, on entend des choeurs enfantins sur "At The Same Time", mais à part ça, le titre est parfait pour s’endormir.

Cet album somme toute assez bateau vaut avant tout pour ses reprises de chants traditionnels. Il s'en écoule la bagatelle de 5 millions de par le monde. Vu l’époque, c’est une belle performance, alors qu’internet déboule partout sur la terre. De mon point de vue, la majorité des morceaux s'apparente à de la variété, d’extraction médiocre qui plus est, ce qui m’oblige à une certaine sévérité pour la note de cet album. A la base, je suis sur un 2.5, mais cette avalanche d’orchestrations sirupeuses a raison de ma patience : ce sera un 2.