Nous en sommes déjà au trentième opus de la grande Barbra STREISAND, et voyez plutôt : elle assume avec aplomb le cap passé de la soixantaine. Une carrière longue comme le bras et un statut d’icône indéboulonnable de l’Amérique d’après guerre. Barb a depuis quelques albums réintégré son statut de chanteuse de variété jazz type Great American Songbook. Elle a laissé derrière elle les émois pop ou folk qui lui ont valu pas mal de succès. C’est à nouveau sa jolie romance avec l’acteur James Brolin qui guide ses pas ; le bonheur ça aide ! Pour cette fois, Barb a décidé de reprendre les chansons des films qu’elle préfère, nul doute que sa voix aidant, le résultat sera a la hauteur. Let’s see !

La reprise du classique de Charlie CHAPLIN est en bonne place comme il se doit pour ce genre d’oeuvres : "Smile" renaît avec une Barbra au sommet de son art. Le titre, plus smooth que jamais est chargé d’une belle émotion et on pense a Charlot, c’est franchement réussi. Beaucoup d’espoirs reposent sur la version de "Calling You", la B.O de Bagdad Café. Pas si évident pour une Barbra SREISAND de reprendre ce titre légendaire qui est assez loin, somme toute, de son pré carré. Et elle s’en sort magnifiquement, les vocalises sont superbes, l’ambiance dramatique 0 couper au couteau. Nous perdons quelque peu la vibe crépusculaire du classique mais cette version est excellente.

J’aime tellement "Moon River" qu’il m’est difficile de trouver une voie médiane pour l’analyser, surtout avec la voix de Barbra, puisque ce titre est la plupart du temps chanté par des voix masculines comme celle de Johnny MATHIS. Rien à redire sur la performance vocale bien sûr, mais la grande orchestration à cordes ne me satisfait pas plus que cela. "Wild Is The Wind" est encore un exemple de classique chanté par le sieur MATHIS, sur une musique de Dimitri TIOMKIN, mais cette version me paraît un brin mollassonne, même si la composition est loin d’être un rock.

Nous avons trois titres proposés par le couple Bergman sur cet opus, des habitués des albums de Barbra. Nous débutons par "Emily" avec un belle présence de Barbra sur ce titre demandeur, mais cela fait bien longtemps que nous savons que miss mélodie STREISAND ne connaît pas d’égales dans ce domaine. "More In Love With You" œuvre dans cette même ambiance, mais le titre est un brin moins remarquable et on a du mal à retenir la mélodie. Enfin, "How Do You Keep The Music Play" sonne bien plus moderne, c’est surprenant mais on constate la présence de Michel LEGRAND aux crédits, ceci explique cela, et on reconnaît d’ailleurs certaines notes du grand compositeur français.

"I’m In The Mood For Love" date de 35 mais Barb lui donne une charmante identité plutôt exotique avec ce petit rythme bossa comme sortie du quartier de Ipanema. "But Beautiful" est une reprise de 45, beaucoup de cuivres cette fois, très smooth très doux. Entendre Barb susurrer "Beautiful" est superbe de sensualité malgré un âge déjà avancé. Stephen SONDHEIM est présent avec une composition : "Goodbye For Now", très douce mais peu mémorable. Beaucoup d’orchestrations hollywoodiennes sur "You’re Gonna Hear From Me", pas vilain mais tellement ricain que c’en est kitsch. On connaît la version de Bing CROSBY de "The Second Time Around", à laquelle Barb rend justice sans pour autant la transcender.

On navigue entre chaud et froid tout au long de cette livraison, quelques instants d’enthousiasmes - "Calling You" - jouxtent des moments de grande platitude à mon goût. Attention, la splendide voix de Barbra n’est jamais prise en défaut, cela n’étonnera personne bien entendu, mais certains titres sont juste moyens. Je vais donc poser un trois qui ne signifie pas grand-chose et proposer aux aficionados de ne pas passer à coté des titres clef.