Barbra STREISAND a 42 ans sur la photo de son 23ème opus. Une carrière déjà longue comme le bras pour une artiste toujours très jeune et au caractère toujours aussi trempé. Tout va d’ailleurs pour le mieux puisqu’elle sort de la fastueuse période de Guilty à la B.O de Yentl en passant par la compile Memories avec à la clef quasiment 30 millions d’exemplaires vendus du total. Tout va donc pour le mieux dans la vie de la New-Yorkaise qui compte beaucoup d’acteurs et d’artistes dans sa vie privée. Elle s’implique aussi avec Jane Fonda en politique et devient leader des femmes artistes américaines, ce qui n’est pas rien au pays de l’oncle Sam. Bref, la Barbra se porte bien.

"Left In The Dark", en provenance de l’écurie Jim Steinman, sort comme premier single et aligne tous les poncifs du genre auparavant popularisés par MEAT LOAF : de la surproduction et une avalanche d’orchestration. Certes, Barbra est à l’aise, mais sa si belle voix se trouve noyée sous des tonnes de production en fusion, avec Rick DERRINGER à la gratte. On retrouve la blondinette Kim CARNES à la manœuvre et au chant sur le duo qu’est "Make No Mistake, He’s Mine", le second single. L’ensemble sonne à nouveau très AOR, gros son, grosse production et une emphase assez évidente, plutôt sympa comme souvent avec la belle Kim. Les résultats sont médiocres, les deux titres stagnent autour de la 50ème place du billboard.

Sans l'ombre d'un doute, on évolue dans les eighties. Voyez donc tous les sons pompiers qui peuplent "Emotion". La voix de Barbra passe toujours aussi bien quel que soit le style en fait, et cette pop bariolée avec des relents synthwave lui convient comme les autres. D’ailleurs, voyez donc "Time Machine", on jurerait les waveux de O.M.D, avec ces gros synthés bontempi et cette ambiance si particulière. A l’opposé, le Cougar John MELLENCAMP a amené "You’re A Step In The Right Direction" pour Barbra, et le résultat est perturbant. Entendre ainsi la Barb sur un titre d’Americana, voilà qui ne manque pas de piment, c’est carrément drôle mais au final cela se marie fort bien avec l’AOR du reste de l’album, et c’est le seul Steve "Luke" LUKATHER sur le solo. Sympa, non ?

"Heart Don’t Change My Mind", dont le solo de gratte de Paul Jackson ravira les amateurs du genre, reste dans la même veine. "When I Dream" sonne toujours aussi soft rock AOR. Certes, c'est de la belle ouvrage qui repose avant tout sur la voix de la diva. Il faut par conséquent s’attendre à une flopée de slows qui vont nous tomber sur la tronche ! On débute avec "Best I Could", de la variété sans postérité qui ne doit son salut qu’à la voix toujours aussi limpide de la chanteuse. "Clear Sailing" propose une belle ambiance aquatico nautique. Un hymne du genre, on imagine fort bien un joli voilier navigant au plus près serré là-dessus. Enfin, "Here We Are At Last" est un petit chef-d’oeuvre de grande variété. Barb, dont la voix module, monte et descend avec une facilité déconcertante, s’y trouve totalement à son aise. L’orchestration reste plus modeste que dans les seventies, même si les cordes sont bien présentes.

Même en l’absence d’un énorme hit, cet album ravira les amateurs du genre. On ne va certes pas le conseiller aux metalleux ni aux raveux, mais l’ensemble garde de bout en bout une belle tenue, ayant expurgé la plupart des éléments désastreux des seventies. Bien dans l’air du temps des eighties, on évolue entre AOR et variété avec une jolie production, je reste donc sur un trois équilibré.