Voici nos deux tourtereaux superstars habillés de blanc tels des fans d’Eddie Barclay en cette année symbolique de 1980. Comme les deux stars du moment sont au sommet des billboards du monde entier, les pontes des maisons de disques - ils sont tous les deux chez Columbia - se sont dit qu’ils allaient faire encore plus de billets verts en les associant. Prenez un songwriter de la trempe de Barry GIBB, qui vient de triompher avec La Fièvre du samedi soir et associez-le à la plus belle voix féminine existante, soit celle de notre Barbra la frisette, et vous voici avec entre les mimines la galette appelée Coupable. On se demande bien ce que les producteurs ont voulu faire passer comme idée. Dans le genre subversif, il y a pire ! Toujours est-il que nous voici au sommet du monde en cette symbolique année.

La classique de cette livraison, c’est bien sûr "Woman In Love", que tout le monde a déjà entendu au moins une fois dans sa vie. La mélodie est superbe et Barbra ne se contente pas de la chanter, elle fait sienne la composition de Barry, tellement évidente avec ses petits licks de guitare. Le résultat ne se fait pas attendre et la chanson se retrouve pour trois semaines à la tête du billboard, un des hits de l’année et un standard intemporel ! Les spécialistes et les contemporains se souviennent aussi du slow "The Love Inside", aux synthés liturgiques et à la vibe très contemplative. Voici pour moi les deux instants mémorables de cette galette toute blanche.

Nous avons deux duos qui associent Barb et Barry GIBB, le sémillant responsable de cette galette, sa position est donc logique. Nous débutons par "Guilty", un disco cool, sans réelle débauche, bien dans le style de l’aîné des BEE GEES, un moment pas désagréable mais qui n’a rien d’un grand classique. Ne nous voilons pas la face, la quasi totalité de l’album est un écrin de tranquillité pour mettre en valeur la voix de Barb : "What Kind Of Fool" n’échappe pas à la règle. Barry GIBB rejoint Barbra sur ce nouveau titre. Les tics vocaux du blondin m’ont toujours quelque peu irrité, je ne suis donc guère réceptif à sa performance et je trouve que le titre souffre de sa présence là ou Miss STREISAND assure toujours.

BEE GEES donc disco. A mort. L’abominable "Never Give Up" est quasi inécoutable aujourd’hui. "Promises" bouge un brin plus, mais dieu que c’est mou ! Ok c’était la mode d’alors, que dire de plus ? Toujours ces ambiances éthérées. Un synthé campe la rythmique de "Life Story" dont le chant très dans l’air du temps d’alors a pas mal vieilli. Et ce solo de synthé ! Mais va te cacher, Barry !  Slow ambient s’il en est, tout nimbé de douceur, "Run Wild" propose une belle ambiance quasi fêtes de fin d’année, dont les synthés doucereux annoncent clairement la décennie à venir. Barb chante bien, mais dans une tonalité très variété. Dieu merci, certaines vibrations restent classiques et "Make It Like A Memory" offre à Barbra un environnement parfait pour se donner à fond. Les 7 minutes de ce dernier titre, assez vivaces, donnent une sensation de nostalgie pas désagréable en raison d'un bridge au synthé toujours aussi sympa.

Guilty est l’image même du super classique qui a fort mal vieilli. La pop music évolue constamment, mais si vous prenez le Thriller de Michael JACKSON sorti à peine deux ans plus tard, la différence dans l’analyse est incroyable. L’association de Barry GIBB et de Barbra STREISAND se révèle avoir fort mal vieilli si on excepte le classique "Woman In Love", c’est un fait indubitable. Il nous reste le souvenir de la sortie glorieuse d’alors, et pour beaucoup d’entre nous la présence du vinyle alors vendu à plus de 12 millions d‘exemplaires.