Nous voici réunis avec Barbra pour l’année de ses 69 ans. Vous avez bien lu, la quadragénaire sémillante de la photo de couverture est quasi septuagénaire ! Y'a plus d’âge, ma bonne dame ! Cette couverture prêche d’ailleurs pour une certaine clientèle : c’est chic, sobre et plutôt de bonne tenue, ça ne s’adresse pas à la jeunesse conquérante de notre temps, c’est une certitude. En outre, il y a un concept là-dessous, il s’agit en effet d’un album hommage au couple Bergman, celui qui a donné tant de chansons à la New-Yorkaise. Bien sûr, le rythme de sortie des opus de Barbra a baissé, c’est la logique même. Pour l’instant, cependant, la qualité reste de mise. C’est sa 33ème contribution à la musique populaire.

Nous débutons avec le grand classique de Michel LEGRAND : Barbra nous donne une minute a capella du chef- d’oeuvre "The Windmills Of Your Mind", c’est saisissant. Le reste de la chanson voit des cordes quasi baroques accompagner la diva dans les détours des moulins pour un instant de grande qualité. On reste en permanence sur le fil du romantisme. Nous continuons avec le grand Michel sur "Something New In My Life", le niveau n’est pas le même bien entendu, mais l’ensemble se laisse bien écouter.

"Solitary Moon" est de John Mandel, super smooth avec une vibe très carioca, mais la chanson se déroule sans qu’il se passe beaucoup de choses. Et puisqu’on en parle, nous voici transporté dans un quartier de la belle Rio de Janeiro en compagnie de Sergio MENDES, cette fois, c’est "So Many Stars" qui brille par la grâce de Barbra. On a la chance de l’entendre chanter quelques lignes dans la langue de Pelé, c’est sympa, la première fois.

"Nice n Easy" est un exemple parfait de ce que l’industrie cinématographique a donné de mieux en matière de musique. C’est beau, langoureux et vraiment sentimental à souhait, sans tomber dans la marmite du grand kitsch. L’ambiance club de jazz est à croquer, c’est excellent. David SHIRE a composé "I’ll Never Say Goodbye" et nous sommes de nouveau dans la tradition de la grande B.O américaine, pleine de bons sentiments, celle qui fait pleurer dans les chaumières du middle west ! "That Face" swingue fort bien, et nous rapproche d’une vibe un tant soit peu plus rock ou tout au moins bluesy. Vraiment très chouette, on tape du pied.

"Alone In The World" sort de la besace de Jerry GOLDSMITH, plutôt sympa avec quelques lignes mélodiques réussies. "What Matters Most" de Dave Grusin se présente à nouveau comme une œuvre de B.O. C’est joli, un brin trop américain pour moi, mais ça reste de la bonne came. C’est John WILLIAMS qui apporte "The Same Hello The Same Goodbye", un titre qui sonne B.O, ainsi qu’on l’imagine, pas désagréable mais qui manque certainement de fond.

La conclusion s’impose d’elle-même, il n’y a ici ni temps morts, ni temps faibles. Barb fait le boulot de chanteuse, le boulot de productrice, elle sait ce qu’elle veut et elle l’obtient. Il s’agit néanmoins d’un album de reprises du couple des Bergman, pas mineur mais relativement modeste dans la grande œuvre de Miss STREISAND, qui comporte de sacrés milestones. Je pose donc un 3 un peu classique qui ne signifie pas grand-chose, mais l’ensemble et indubitablement classique. Gardez-vous cette version de "The Windmill Of Your Mind".