Pour ce dix-septième opus, nous voici confronté à une image d’un autre genre pour Barbra STREISAND. En effet, nous voici en plein trip baba cool. On a presque l’impression que Barb cache quelques bouts de chichon ou autre chose d’aussi peu recommandable sous ses mimines. Mais elle est toute mignonne, souriante, tout semble aller pour le mieux, alors que le film Funny Lady a fort bien fonctionné en début d’année. C’est lors de l’été 75 au record plant de Hollywood que notre artiste met en boîte ce nouvel album. Elle le souhaite pop mais, au final, Barbra est déjà la star de tous les genres.

"My Father’s Song" est le premier single de cette livraison, cool et cozy, comme une chanson du coin du feu, ce qui finalement colle bien au texte pondu par Rupert Holmes, un standard de la variété des seventies. J’avoue quant à moi peu d’appétence pour ce genre qui ne remue guère les entrailles, trop surchargé qu’il est d’arrangements pompeux, pas si loin que cela de la countrypolitan. Très écoutable pour la majorité cependant. Le second "Shake Me Wake Me" - reprise des FOUR TOPS - nous fait entrer dans une autre dimension, qui jouxte carrément le disco naissant de ces années et annonce clairement les années à venir pour la belle Barbra. Les aspects soul voire funk outrageusement produits nous mènent à cet hybride qu’est le disco.

En plus du single, Rupert Holmes s’est chargé de trois autres titres. Tous oeuvrent dans ce même genre qui jouxte la variété. "Widescreen" propose de forts arrangements de cordes un brin pompeux. Une guitare acoustique sous tend l’ambiance de "By The Way", le chant de Barbra y est d’une grande sensibilité, certainement le titre le plus supportable du lot. Si la mélodie de "Letters That Cross In The Mail" n’est pas vilaine, l’ambiance carrément variété me tape un brin sur les nerfs. Je ne suis pas fan. "You And I" est dans la très exacte même veine et assortie d’arrangements tellement kitsch que je n’oserais jamais vous les conseiller. Il s’agit pourtant d’une compo de maître Stevie WONDER.

Le titre éponyme "Lazy Afternoon" est quasi aquatique, comme sous emprise de substances hallucinogènes. Miss STREISAND n’y est comme à l’accoutumée jamais prise en défaut. Le traitement est mignonnet. A signaler : c’est sur une recommandation de Francis Ford Coppola que Barb enregistre cette chanson. Quelques aspects bluesy s’échappent de "Moanin Low" où la voix puissante de Barb officie à merveille. On se croirait dans une B.O, c’était d’ailleurs le cas de ce musical de 1929. Très sympa. Le couple Bergman a apporté "A Child Is Born" à Barbra, mais le titre manque un peu de ressort. On a tendance a s’y endormir. Puisque nous l’avons évoqué, l’harmonica de "I Never Had It So Good" fait clairement pencher la balance du côté de la countrypolitan.

L’album atteint une honorable 12ème place au hot billboard 200, un résultat qui, à défaut d’être génial, conforte Barbra dans son statut de superstar. Pas la plus grosse vente de la chanteuse, mais comme toujours au-delà du million d’unités vendues de par le vaste monde. Bon an mal an, Barbra STREISAND continue d’imposer sa voix magique partout où elle passe. A mon sens toutefois, cet album moins recommandable que les autres fait partie du ventre mou de la discographie de la belle New-Yorkaise. C’est donc un deux étoiles que certains trouveront sans doute sévère, mais je recommande "Moanin Low".